NETTALI.COM - En ces périodes de trouble où le pays fait face à des défis politiques et économiques, le Premier ministre Amadou Ba a rencontré, le jeudi 15 février, le patronat du secteur privé qui est très inquiet de ce qui se passe dans le pays.
En compagnie de plusieurs ministres, le Premier ministre a reçu, jeudi, le secteur privé national. La situation politique a été au cœur des échanges. "Dans cette conjoncture délicate marquée par des tensions politiques et des fragilités persistantes, il est de notre devoir de nous unir, de transcender nos différences et de forger ensemble un chemin vers la prospérité et la stabilité", a déclaré Amadou Ba à ses hôtes. Avant d’ajouter que "la prospérité véritable ne peut être atteinte que par un partenariat dynamique entre le secteur public et le secteur privé".
Pour rassurer ses interlocuteurs, il a indiqué que le gouvernement est conscient des défis économiques auxquels le Sénégal est confronté. Ainsi, il n’a pas manqué de souligner les efforts considérables déployés par l'État dans l’amélioration du climat des affaires, la revalorisation des salaires, la lutte contre la cherté de vie, la protection des biens et équipements collectifs ainsi que les actifs du secteur privé créateur de richesses.
Amadou Ba a demandé à ses interlocuteurs de continuer à dialoguer, pour que le Sénégal reste un pays “Open to Business” sur la voie tracée par le président de la République Macky Sall.
Adama Lam demande à l’État d’autoriser les manifestations
Prenant la parole, Baidy Agne du CNP, Idy Thiam, Adama Lam, Mor Maty Sarr du GES ont tous souligné la nécessité de la paix et de la stabilité. Mor Maty Sarr a déclaré que "la violence n’arrange pas le secteur privé". Abdoulaye Sow du CCIAD a renchéri pour appeler à la paix qui est gage de prospérité.
Cette aspiration à la pacification de l’espace politique a poussé Adama Lam a demandé au gouvernement de faire davantage d'efforts dans ce sens. D’abord, il souhaite que les demandes de marche ou de mobilisation soient autorisées. "Nous disons qu'il est nécessaire - sans avoir toutes les données qui concernent les actions de sécurité - de faire en sorte que l’on puisse per- mettre que les manifestations demandées par les citoyens puis- sent être exécutées dans la paix", dit-il.
Pour lui, c'est une forme de catharsis nécessaire en période de crise. À ses yeux, les destructions de biens peuvent être atténuées, si l’État arrive à permettre aux gens de dire ce qu’ils pensent de manière responsable.
Le deuxième élément évoqué par Adama Lam porte sur la coupure de l’Internet mobile et du wifi. Il note que ces deux aspects ne concernent pas seulement les acteurs. Parce que l’Internet est devenu un outil de travail international. "Nous avons des clients, des fournisseurs et une partie de la jeunesse qui vivent de cette activité-là", ajoute-t-il.
Donc, pour M. Lam, il est nécessaire d’étudier avec les responsables, la nécessité d’atténuer ces coupures.
Présence massive de concurrents étrangers plus puissants
Sur l’aspect purement économique, si des efforts importants ont été faits, M. Lam considère qu’il y a des manquements à corriger. Il dénonce la présence massive de concurrents étrangers plus puissants. "Nous (le secteur privé national) ne sommes pas assez présents dans notre économie. Nous voyons de plus en plus des puissances étrangères venir grappiller notre secteur d’activité dans notre pays. Et cela fait que nous avons la capa- cité d'engranger beaucoup de richesses qui nous permettent d’at- taquer les secteurs les plus importants dans notre pays", s’est-il plaint.
Adama Lam note que l’État fait de son mieux, mais ne peut pas tout faire. À cet effet, il faut, dit-il, trou- ver les moyens de soulager l’État, en investissant dans les secteurs qui permettent de développer l'emploi. "Le véritable problème actuel de notre pays, c’est l'emploi des jeunes. Mais l’emploi des jeunes passe nécessairement par l’accompagnement d’un secteur privé national fort qui nous permettrait de don- ner aux jeunes de l’emploi, d'accroître les richesses".
"Le politique a pris l'ascendant réel sur l’économie. Il est temps d’inverser cette tendance. Si nous n’arrivons pas à créer suffisamment de richesses, il deviendra de plus en plus difficile, pour l’État, de créer de l’emploi, de la richesse", a-t-il poursuivi.
Pour sa part, Birane Yaya Wane du CNDES a appelé le gouvernement à s’engager davantage en faveur du secteur privé. Évoquant le domaine de la construction, il note que les Sénégalais ne sont pas assez formés, ce qui profite aux Turcs qui gagnent des marchés au Sénégal et viennent avec la main- d’œuvre de leur pays.
Prenant la parole, le ministre des Finances et du Budget a donné des assurances par rapport à la fiscalité des entreprises. "Nous avons une couverture du budget de 94 %", a indiqué Moustapha Ba.