NETTALI.COM - Le ministre de l’Intérieur, Sidiki Kaba, a évoqué, jeudi 29 février, à Dakar, une éventuelle reprise du processus électoral, au cas où le président de l’Assemblée nationale succèderait à Macky Sall à partir du 2 avril, la date marquant la fin du mandat du chef de l’État sortant.
Sidiki Kaba estime que "c’est le président de l’Assemblée nationale qui devient automatiquement président de la République’’, à supposer que le Conseil constitutionnel serait amené à constater une "vacance du pouvoir’’.
Il s’entretenait avec des journalistes, deux jours après la clôture du dialogue national organisé par Macky Sall, préalablement au choix d’une date pour la tenue de l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février.
Le président de l’Assemblée nationale, accédant ainsi aux plus hautes fonctions de l’État, sera alors "tenu d’organiser l’élection dans un délai de soixante à quatre-vingt-dix jours, ce qui signifie qu’il n’y a plus de droits acquis’’, qu’il n’y a plus 19 candidats retenus à l’issue de la première phase de vérification effectuée par le Conseil constitutionnel, "c’est la réouverture des candidatures’’, a-t-il-précisé.
"Donc, tout le processus va reprendre, c’est ce qui va se passer si c’est le président de l’Assemblée nationale qui devient président de la République’’, a insisté M. Kaba.
Le ministre de l’Intérieur estime que ‘’dans ce cas de figure, les pouvoirs du président de l’Assemblée nationale seront aussi très limités’’.
"Il y a un certain nombre d’actions qu’il ne peut pas faire, et qui sont énumérées dans la Constitution. Son pouvoir principal reste l’organisation de l’élection présidentielle’’, a-t-il- souligné.
Les participants au dialogue national ont proposé que le chef de l’État convoque par décret les électeurs aux urnes, le 2 juin prochain, pour la tenue de l’élection présidentielle initialement fixée au 25 février dernier.
Ils ont également proposé que le président sortant, dont le mandat prend fin le 2 avril, puisse rester en fonction jusqu’à l’installation de son successeur.
Le dialogue national s’est tenu lundi et mardi derniers, sans la participation de 16 des 19 candidats retenus par le Conseil constitutionnel.
Plusieurs acteurs se réclamant de la société civile n’ont pas participé à cette concertation visant notamment à fixer la date de la présidentielle.
L’annonce du report de l’élection a plongé le pays dans une crise politique, d’où la tenue de cette concertation préalablement à la détermination d’une nouvelle date pour l’élection présidentielle.
Des soupçons de corruption
Le président sortant s’était notamment engagé, le 16 février, à "pleinement exécuter’’ une décision du Conseil constitutionnel l’invitant à fixer une date pour l’élection présidentielle, après que la haute juridiction a constaté l’impossibilité de l’organiser le 25 février.
Dans cette même décision, le Conseil constitutionnel a jugé "contraire à la Constitution’’ l’adoption par l’Assemblée nationale d’une loi reportant le scrutin au 15 décembre prochain.
Cette loi d’initiative parlementaire a été votée le 5 février, deux jours après que le président de la République a annoncé, lors d’un discours adressé à la nation, l’abrogation du décret par lequel il avait convoqué les électeurs aux urnes le 25 février.
En prenant cette décision, le 3 février, il a invoqué des soupçons de corruption concernant des magistrats parmi ceux qui ont procédé à l’examen des 93 dossiers de candidature et jugé recevables 20 d’entre eux, puis 19, après que le médecin Rose Wardini a jeté l’éponge.
Les membres du groupe parlementaire Liberté et démocratie avaient demandé et obtenu la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur les allégations de corruption et de ‘’connexions douteuses’’.
L’ouverture d’une information judiciaire a mis fin aux travaux de cette commission d’enquête chargée de plancher sur les accusations portées par le PDS contre des juges du Conseil constitutionnel.