NETTALI.COM - Le procès historique d’Ousman Sonko, en Suisse, entre dans sa dernière ligne droite. L’ancien ministre gambien de l’Intérieur est accusé de crimes contre l’humanité, torture, enlèvement ou encore exécutions extrajudiciaires, des faits commis sous la dictature de l’ancien président en exil Yahya Jammeh. Ce lundi 4 mars, c’était les réquisitions de la procureure qui a demandé la prison à vie.
Jamais un homme au niveau hiérarchique aussi élevé n’a été jugé en Europe, au titre de la compétence universelle. Pour le ministère public, aucun doute, Ousman Sonko a joué un rôle de premier plan dans le système criminel de répression mise en place par la dictature, et ce, dès le départ. « C'était un confident du président Jammeh. Il était totalement au courant qu’il réalisait sa vision, avec une attaque large et systématique contre les civils », a déclaré la procureure.
Ancien commandant de la garde présidentielle, puis inspecteur général de la police et enfin ministre de l’Intérieur, l’accusé a connu une progression exponentielle. Pour l’instruction, Ousman Sonko avait une telle place, impossible qu’il n’ait pas eu connaissance des violences contre la population. Il y a même largement contribué au travers de ses fonctions, de plus en plus importantes.
La procureure a retenu que les crimes étaient commis avec une cruauté particulière, une circonstance aggravante qui lui a permis de demander la perpétuité.
« C’est à féliciter. La réponse judiciaire à cette question constituera un précédent, car jamais un tribunal suisse ne s’est encore prononcé à ce sujet. Il s’agira donc d’une jurisprudence utile à l’évolution du droit, dans le domaine des crimes internationaux », a réagi Benoît Meystre, conseiller juridique pour l'ONG Trial International qui est à l'origine du procès.
Les avocats des victimes et d’Ousman Sonko vont désormais se succéder jusqu’à la dernière audience, vendredi 8 mars, durant laquelle Ousman Sonko aura le droit de s’exprimer. L’affaire sera ensuite mise en délibéré.