NETTALI.COM - En vérité, il y a eu deux dates qui ont été fixées pour la présidentielle. Le président de la République, Macky Sall, a retenu le 24 mars 2024 en Conseil des ministres, après avoir reçu la décision du Conseil constitutionnel qu’il avait saisi pour avis, conformément aux dispositions de l’article 92 de la Constitution. Pendant ce temps, sur requête des candidats retenus pour participer à la présidentielle, le Conseil constitutionnel a fixé la date du 31 mars.
Si l’on en est arrivé à cette situation, c’est que le Conseil constitutionnel avait reçu plusieurs requêtes : celle du chef de l’Etat demandant son avis suite aux recommandations du dialogue national et celles des candidats retenus pour participer à la présidentielle.
Macky Sall voulait que le Conseil constitutionnel acte la date du 2 juin proposé par le dialogue national pour la tenue de la présidentielle. Il voulait également que les 7 sages élargissent la liste des candidats de manière à ce que ceux dits spoliés puissent à nouveau déposer. Enfin, il voulait que le Conseil constitutionnel interprète de manière largee l’article 36 alinéa 2 de la Constitution qui dit que « le président en exercice reste en fonction jusqu’à l’installation de son successeur».
Les candidats, pour leur part, demandaient au Conseil constitutionnel de constater la carence de Macky Sall qui n’a pas fixé de date de la présidentielle malgré la décision des 7 sages l’invitant à le faire. Ils voulaient également que le Conseil comble cette lacune en fixant la date de la présidentielle, en convoquant le corps électoral et en statuant sur la suppléance au-delà du 2 avril, date de l’expiration du mandat de Macky Sall.
Le Conseil a d’abord statué sur la requête de Macky Sall et a décidé que tout ce que le dialogue national a proposé dans ses recommandations n’est pas conforme à la constitution. Par conséquent, la date du 2 juin ne peut être retenue pour la présidentielle, la liste des candidats ne peut être élargie et l’article 36 alinéa 2 ne peut s’appliquer si la date de la présidentielle n’est pas retenue avant le 2 avril.
Pour respecter les règles de bienséance, le Conseil constitutionnel a transmis sa décision au président de la République dans la matinée avant de la publier dans la soirée. Lorsqu’il partait en conseil des ministres, Macky Sall avait donc déjà reçu la décision du Conseil. Raison pour laquelle, il a fixé la date du 24 mars pour la tenue de la présidentielle.
Pendant ce temps, le Conseil constitutionnel avait déjà statué sur la requête des candidats pour décider que du fait que Macky Sall ne s’est pas exécuté pour fixer la date de la présidentielle (Macky Sall n’avait pas encore fixé la date du 24 mars), la date du 31 mars 2024 est retenue pour le premier tour de la présidentielle, que cette décision vaut en meme temps convocation du corps électoral et qu’en cas de vacance du pouvoir après le 2 avril, c’est le président de l’Assemblée nationale qui assurera l’intérim.
En clair, si nous nous sommes retrouvés avec 2 dates pour la présidentielle, c’est juste un problème de coordination entre Macky Sall et le Conseil constitutionnel.
Ce qui veut dire que, soit le Conseil constitutionnel maintient sa date et le 31 mars sera définitivement retenue car «les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucune voie de recours » et que « ses décisions s’imposent aux autorités publiques et juridictionnelles » (article 92 de la Constitutionnel. Soit le Conseil constitutionnel se réajuste à la date du 24 mars retenu par le chef de l’Etat. Dans tous les cas, les prochaines heures nous édifieront sur la date définitive retenue.