NETTALI.COM - L’inspecteur d’Etat, Mouhamadou Makhtar Cissé, a été nommé ministre de l’Intérieur dans le nouveau gouvernement dont la liste a été rendue publique vendredi soir.
Il est du fait de la lourde charge d'organiser la très polémique élection présidentielle, l’attraction du nouvel attelage gouvernemental, suite à la publication, le vendredi 8 mars, des membres de l’équipe de Sidiki Kaba. Le Président Sall a porté son choix sur l’Inspecteur général d’Etat, Mouhamadou Mactar Cissé. Il remplace au poste Me Sidiki Kaba qui a migré à la Primature.
Reste maintenant à savoir si cela va satisfaire ou non l'opposition et la société civile qui réclament, depuis longtemps, "un scrutin équitable, organisé sous la direction d'une personnalité neutre"
Déjà récemment, Déthié Fall candidat et président du Parti républicain pour le progrès (PRP), réclamait, en remplacement de Me Kaba, la nomination d'une personnalité neutre, indépendante et consensuelle au ministère de l’Intérieur. C'est-à-dire, disait-il, "quelqu'un qui ne va nous plonger, le jour du scrutin, dans une période de crise électorale, alors qu’on vient de fermer la période de crise préélectorale".
En tout cas, le tout nouveau ministre de l’Intérieur a déjà montré qu’il a l’éthique du travail et le sens du devoir chevillés au corps.
On se rappelle d'ailleurs qu’au mois d’août dernier, au palais de République, alors que tous les leaders et membres de premier plan de la coalition Benno Bokk Yaakaar avaient été convoqués par le Chef de l’Etat pour décider de celui qui sera le candidat de la majorité et qu’il était pressenti pour défendre les couleurs de BBY, il avait pris la parole pour s’étonner d’avoir été convié à une telle assemblée. Se prévalant de son statut d’IGE, Mouhamadou Makhtar Cissé avait indiqué qu’il n’était nullement intéressé par les primaires de Benno Bokk Yaakaar et ne voulait pas se "mêler d’affaires politiques". Aussi, avait-il demandé au président Macky Sall la permission de se retirer. Entre-temps, le Chef de l’Etat l’avait rappelé à ses côtés pour lui confier à nouveau le poste de directeur de cabinet.
Désormais, ministre de l’Intérieur, il sera attendu au tournant puisqu'il aura le devoir de gérer une élection présidentielle qui ne sera pas de tout repos.
Un homme à la riche carrière
Ancien élève du Prytanée militaire de Saint-Louis, Docteur en Droit et Sciences politiques, titulaire également d’un Master d'un Master en Finances et Gestion publiques, Makhtar Cissé, l'homme à une riche carrière devant lui pour avoir exploré plusieurs secteurs sensibles et difficiles.
Après réussi à l'examen du barreau, puis renoncé par la suite au métier d'avocat, iI intègre l’ENAM (Ecole nationale de l'administration et de la magistrature) d'où il sortira comme inspecteur des douanes. C’est par la Pêche qu’il accède aux affaires gouvernementales, en 2000, comme directeur de cabinet d’Omar Sarr, alors ministre. Mais deux ans plus tard, en janvier 2002, il rejoint l’Inspection générale d’État après être sorti major du concours d’entrée.
Le gabelou revient dans son corps d’origine comme directeur général, en décembre 2009, pour conduire la réforme chez les tuniques vertes : Guichet unique, dématérialisation des procédures de dédouanement avec une nouvelle version du Système Gaindé, construction du siège de la douane et changement des uniformes, nouveau Code des douanes. Des innovations qui avaient pour but de dépoussiérer les pratiques d’une administration sclérosée, incapable de répondre aux défis et enjeux des temps modernes. Son passage aux douanes est couronné par le prix des Nations Unies pour la qualité du service public obtenu en 2012 et remis au siège de l’ONU à New York.
Réformateur dans l’âme, il entre au gouvernement d’Abdoul Mbaye comme ministre délégué chargé du Budget. Cissé participe alors à l’élaboration du PSE, au Groupe consultatif de Paris en février 2014 avant de devenir ministre directeur de cabinet du président de la République en juillet 2014.
Il quitte le cabinet du président pour rejoindre la Senelec en juin 2015, avec pour mission d'y conduire des changements. Mouhamadou Makhtar Cissé va engager le doublement de la capacité de production et de transport de l’électricité, un nouveau système d’information, conçu le Woyofal social qui a permis à beaucoup de familles démunies d’accéder à l’électricité à travers le pays, permis la construction de neuf centrales solaires et d’une centrale éolienne de 150 MW à Taïba Ndiaye, pour porter la part de l’énergie renouvelable de 0 à 30 %. Parallèlement, il met en place diverses réformes préparant ainsi le développement du mix énergétique dans notre pays qui ambitionne d’atteindre 40 % d'énergies renouvelables dans la production nationale d’électricité d’ici 2030.
Plus tard, il quittera la Senelec pour atterrir au ministère de l’Énergie et du Pétrole en avril 2019. Sous son autorité, le département a mis en place les Concertations nationales sur le contenu local, le Forum des experts sénégalais Oil and Gas de la diaspora et l’adoption du Code gazier et des décrets d’application de la loi sur le contenu local, contribue à la finalisation des négociations avec la Mauritanie pour la commercialisation du gaz de GTA, le financement pour l’exploitation du pétrole de Sangomar avec la FID. Il a aussi opéré la filialisation de Petrosen en créant les deux (2 ) sociétés et la holding. Sans oublier la transformation de la SAR pour la préparer à raffiner le pétrole de Sangomar avec une augmentation de capacité
Makhtar Cissé a par ailleurs obtenu plusieurs décorations : Chevalier de l’Ordre national du Mérite ; Chevalier de l’Ordre national du Lion ; Médaille d’honneur des Douanes sénégalaises ; Certificat de Mérite de l’Organisation Mondiale des Douanes ; Médaille d’honneur des Douanes françaises ; Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’honneur française.
Une lourde tâche l'attend donc au ministère de l'Intérieur, celle d'organiser l'élection présidentielle du 24 mars, dans un contexte tendu marqué par le report présidentielle et la fixation d'une nouvelle date polémique, le tout dans une situation d'impréparation totale des candidats. Un gros challenge en perspective.