NETTALI.COM - L'Iran a fait état de trois explosions survenues vendredi à l'aube près d'une base militaire dans le centre du pays, dans la région d'Ispahan. Si Israël n'a pas revendiqué l'attaque, plusieurs sources américaines ont rapporté que l'État hébreu avait prévenu Washington à l'avance de la frappe, sans que les États-Unis n'approuvent l'opération.
De fortes explosions ont été rapportées vendredi 19 avril en Iran, après qu'Israël a menacé de répondre à l'attaque lancée par Téhéran contre son territoire dans la nuit de samedi à dimanche. Voici ce que l'on sait.
Trois fortes explosions dans la région d'Ispahan
Téhéran a fait état de trois explosions, survenues à l'aube, vendredi près d'une base militaire à Qahjavarestan, entre la ville d'Ispahan et son aéroport, dans le centre du pays, a rapporté l'agence officielle Fars. Selon la télévision d'État, les causes de ces "fortes explosions" ne sont pas encore connues. L'Iran a activé dans la foulée sa défense aérienne dans plusieurs provinces.
"Plusieurs microvéhicules aériens ont été abattus avec succès par la défense aérienne du pays, il n'y a jusqu'à présent aucune documentation d'une attaque de missile", a déclaré sur X le porte-parole de l'agence iranienne de l'espace, Hossein Dalirian. "À cette heure, il n'y a pas eu d'attaque aérienne en dehors d'Ispahan et dans d'autres régions du pays", a-t-il aussi affirmé.
Selon l'agence officielle Irna, aucun dégât majeur n'a été signalé.
Les installations nucléaires "totalement en sécurité"
Alors que le centre de l'Iran abrite plusieurs des sites nucléaires connus, les installations de la région d'Ispahan sont "totalement en sécurité", a assuré l'agence de presse Tasnim. "Les installations importantes (...) sont totalement sûres et aucun accident n'y a été signalé", a également souligné l'agence Irna. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AEIA) a confirmé que les sites nucléaires n'avaient subi "aucun dégât".
La région abrite notamment le Centre de technologie nucléaire, le plus grand complexe de recherche nucléaire d'Iran, selon l'institut de recherche américain Nuclear Threat Initiative (NTI). On y trouve également une usine de production de zirconium, indispensable pour produire de l'énergie nucléaire, comme l'explique l'AEIA.
Une possible riposte israélienne
Israël avait prévenu qu'il riposterait après que l'Iran a tiré des centaines de missiles et de drones sur le territoire israélien au cours du week-end. Cette attaque était intervenue à la suite d'un raid contre le consulat iranien à Damas, imputé à Israël.
Selon des responsables américains cités par plusieurs télévisions américaines dont la chaîne ABC News, ces explosions survenues vendredi sont ainsi liées à une attaque israélienne contre l'Iran en représailles aux frappes iraniennes.
Washington a été prévenu jeudi de l'attaque israélienne sur l'Iran mais n'a ni approuvé l'opération ni joué aucun rôle dans son exécution, ont déclaré des responsables cités par les chaînes américaines NBC et CNN.
"Nous n'avons pas de commentaire pour le moment", a de son côté indiqué à l'AFP un porte-parole de l'armée israélienne au sujet des explosions.
Les militaires ont indiqué que les sirènes d'alarme avaient retenti dans le nord d'Israël à la frontière du Liban, théâtre d'échanges de tirs ces derniers mois entre l'armée israélienne et le Hezbollah pro-iranien.
L'ambassade américaine en Israël a ordonné à ses employés et à leurs familles de limiter leurs déplacements à l'intérieur du pays.
De son côté, citant des "sources bien informées", l'agence de presse iranienne Tasnim assure qu'"aucune information fait état d'une attaque de l'étranger".
Les vols ont repris à l'aéroport de Téhéran
La compagnie aérienne émiratie Flydubai a de son côté annulé ses vols vers l'Iran vendredi après les explosions. Les vols ont été suspendus en Iran à partir de Téhéran et d'autres villes vendredi, avant de reprendre en début de matinée.
L'Australie a de son côté exhorté ses ressortissants à quitter Israël et les Territoires palestiniens en raison d'une "forte menace de représailles militaires et d'attaques terroristes".
La communauté internationale appelle au calme
Dans la région, Oman, pays du Golfe qui a longtemps joué les médiateurs entre l'Iran et les Occidentaux, a condamné "l'attaque israélienne" en Iran ainsi que "les agressions militaires répétées d'Israël dans la région".
L'Union européenne, elle, appelle les parties en présence au Proche-Orient à "s'abstenir de toute nouvelle action". "Il est absolument nécessaire que la région reste stable", a demandé Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne.
"Nous invitons toutes les parties à la prudence et à éviter l'escalade. Le G7 veut une désescalade absolue dans une région en proie à une grave tension", a réagi le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani. L'Italie, qui préside le G7, a ajouté que les explosions rapportées en Iran seront discutées aujourd'hui par les ministres des Affaires étrangères des pays membres du G7 (États-Unis, Canada, Royaume-Uni, France, Allemagne, Japon et Italie).
La Chine a réagi en assurant vouloir jouer "un rôle constructif pour une désescalade". Le porte-parole de la diplomatie chinoise, Lin Jian, a rappelé que Pékin s'opposait "à toute action susceptible d'entraîner une escalade des tensions".
Avec AFP