NETTALI.COM - Alors que le procès pénal de Donald Trump entre dans sa troisième semaine, le juge Juan Merchan a condamné, mardi, l’ex-président américain à 9 000 dollars d'amendes pour outrage au tribunal et l'a menacé d'une "incarcération" pour avoir violé une obligation de silence.
Nouveaux rebondissements dans la saga judiciaire de l'ex-président américain. Le juge qui préside les débats au procès de Donald Trump à New York a condamné, mardi 30 avril, l'ancien président à 9 000 dollars d'amendes pour outrage au tribunal et l'a menacé d'une "incarcération" pour avoir violé son interdiction de s'en prendre aux témoins et jurés.
Donald Trump "est prévenu que la Cour ne tolérera pas la poursuite de violations délibérées de ses ordres et que, si cela est nécessaire et approprié, elle imposera une peine d'emprisonnement", peut-on lire dans la décision écrite du juge Juan Merchan.
Le magistrat a condamné l'ancien président des Etats-Unis, présent dans la salle d'audience pour cette troisième semaine de procès, à 1 000 dollars d'amende par violation – neuf au total –, soit le maximum que permet la loi, et a ordonné que ses attaques soient supprimées de son réseau Truth Social ou de son site de campagne.
Dans sa décision, le juge concède que la somme est tout à fait abordable pour un milliardaire comme Donald Trump et estime que, dans ses conditions, "la prison pourrait être nécessaire".
"Corrompu"
Dès le premier jour du procès, le 15 avril, le parquet avait demandé au juge de sanctionner Donald Trump, notamment pour des invectives virulentes à l'égard de Stormy Daniels et de son ancien avocat Michael Cohen, ou encore aux jurés, dont il sous-entend qu'ils ne sont pas impartiaux.
Avant même que le juge ne statue sur ces premières violations, les procureurs en ont soulevé de nouvelles, qui seront abordées en audience jeudi, avec de nouvelles sanctions possibles à la clé pour Donald Trump.
À son arrivée au tribunal mardi, le candidat des républicains à la présidentielle de 2024 s'est de nouveau présenté en victime de poursuites judiciaires "pilotées par la Maison Blanche et des juges et procureurs démocrates". Et il a encore appelé le juge, qu'il qualifie régulièrement de "corrompu", à se récuser.
Premier ancien président de l'histoire des États-Unis à être jugé au pénal, Donald Trump, 77 ans, risque une condamnation et, en théorie, jusqu'à une peine de prison dans cette affaire, l'une des quatre dans lesquelles il est inculpé.
Il s'agit aussi probablement de la seule qui sera tranchée avant l'élection du 5 novembre, au cours de laquelle il rêve de revanche sur Joe Biden, après son départ de la Maison Blanche en janvier 2021 dans le chaos.
"Complot" pour "fausser" l'élection
L'ancien président des États-Unis est poursuivi pour 34 falsifications de documents comptables qui auraient servi à dissimuler un paiement pour étouffer un potentiel scandale sexuel dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle de 2016.
Les 130 000 dollars avaient été versés à l'ancienne star de films X Stormy Daniels pour acheter son silence sur une relation sexuelle qu'elle affirmait avoir eue avec lui en 2006, alors qu'il était déjà marié à son épouse Melania. Une relation qu'il dément. L'accusation parle d'un "complot" pour "fausser" l'élection quand la défense de Donald Trump y voit le fonctionnement normal de la démocratie.
Après une première semaine consacrée à la sélection du jury, les débats se sont concentrés la semaine dernière sur le témoignage fleuve d'un ancien patron de tabloïd, qui a planté le décor de l'affaire. David Pecker, qui possédait The National Enquirer, a raconté comment il s'était mis au service de la campagne de Donald Trump en 2016 en achetant les droits exclusifs de deux autres témoignages susceptibles de provoquer des scandales.
Le tout après une réunion à l'été 2015 avec Donald Trump et son ancien avocat Michael Cohen. Mais David Pecker, qui n'avait pas été remboursé, a refusé de payer Stormy Daniels quand son cas s'est présenté.
Mardi, les audiences devaient reprendre avec le témoignage de l'ancien banquier de Michael Cohen. Il a déjà commencé à raconter que son client lui avait demandé d'ouvrir un compte pour une nouvelle société, en fait une coquille vide qui a servi à payer Stormy Daniels.
L'avocat avait été ensuite remboursé, en 2017, par le groupe d'entreprises de Donald Trump, la Trump Organization. Ces dépenses avaient été enregistrées comme "frais juridiques", d'où les poursuites pour falsifications comptables.
Au début du procès, le juge a énuméré les noms d'une quarantaine de témoins potentiels, dont Michael Cohen, Stormy Daniels, de son vrai nom Stephanie Clifford, mais aussi l'un des anciens stratèges politiques de Donald Trump, Steve Bannon, ou son ancienne directrice de la communication à la Maison Blanche, Hope Hicks.
Avec AFP