NETTALI.COM - Depuis son investiture le 2 avril 2024, en tant que président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye a posé une série d'actes et effectué des visites officielles qui dessinent les contours de sa politique et de son engagement sur le plan national et international.
Le premier mois de présidence de Bassirou Diomaye Faye a été marqué par une série d'initiatives et de décisions marquantes. Sur le plan intérieur, le président Fayea procédé à plusieurs nominations clés, choisissant majoritairement de proches conseillers et des collaborateurs de longue date pour des postes stratégiques. Cette décision a suscité des critiques de la part de l'opposition qui y voit une potentialisation de la "politique de copinage" ou une "certaine récompense".
Toutefois, ces nominations sont défendues par le camp présidentiel et ses partisans comme étant essentielles pour mettre en œuvre sa vision de gouvernance, soulignant l'importance de la confiance et de l'alignement idéologique dans l’exécution de son programme de réformes synonyme du "projet" différent du PSE (Plan Sénégal émergent) dont la vision est prévue jusqu’en 2035.
Lors de la campagne électorale, le candidat avait annoncé des appels à candidatures pour certains postes de direction. Les détracteurs du Chef de l’Etat et certains observateurs l’accusent de ne pas avoir respecté sa parole, puisque les premières nominations dans certains secteurs stratégiques, notamment au Port de Dakar, à la CDC, à l’AIBD..., concernent uniquement des hommes de confiance du duo Diomaye Faye – Ousmane Sonko.
Le choix de l’équipe gouvernementale, avec 25 ministres, a aussi beaucoup fait parler. D’aucuns ont salué le nombre restreint de ministres et leur profil technocratique. Par contre, le choix de ne nommer que 4 femmes dans le gouvernement a fait grincer des dents, surtout du côté des associations ou regroupements de femmes et de certaines élites.
Par ailleurs, le duo Diomaye-Sonko a annoncé une série de mesures pour lutter contre la corruption, en proposant une loi pour les lanceurs d’alerte et la publication des rapports de l’Ofnac, de l’IGE, de la Cour des comptes... et l’arrêt de tous les travaux sur le littoral à moins de 100 mètres, en attendant toujours la déclaration de politique générale du Premier ministre.
S’agissant de la méthode de gouvernance, les premières semaines montrent une hyper activité présidentielle. Le chef de l’État se veut un homme de terrain. Mercredi 1er mai, il a fait une visite inopinée à Thiès, pour s’enquérir du scandale foncier qui secoue la ville, notamment à Mbour 4 et à Ville neuve.
Le Chef de l’Etat a par ailleurs très tôt marqué sa rupture avec l’ancien régime en abrogeant une dizaine de décrets signés par l’ex-président Macky Sall avant de quitter le pouvoir.
Visites à Touba, à Tivaouane et à la résidence Les Badamiers
En outre, le président Faye a rapidement souligné l'importance des communautés religieuses dans la cohésion sociale du Sénégal. Peu après son investiture, il a entrepris des visites à Touba et à Tivaouane, deux des plus grandes cités religieuses du pays, où il a rencontré les chefs religieux. À Touba, le calme de sa rencontre avec le khalife général des mourides a été perçu comme un signe de respect et de volonté de maintenir un dialogue ouvert avec les leaders spirituels. À Tivaouane, son échange avec le khalife général des tidianes a également été aussi salué par les membres de cette confrérie influente.
Dernièrement, le chef de l’État a rendu une visite de courtoisie à l’archevêque de Dakar, monseigneur Benjamin Ndiaye, dans sa résidence Les Badamiers. Une rencontre empreinte de cordialité, au cours de laquelle il a été question de certains chantiers de l’Église du Sénégal, notamment le sanctuaire de Poponguine.
Diplomatie
Diplomatiquement, le président semble prôner une approche de la main tendue et de coopération, essentielle dans une région souvent secouée par des instabilités politiques et économiques. Ses premiers pas sur la scène internationale ont été largement perçus comme un succès et sa capacité à maintenir cette dynamique sera cruciale pour la stabilité et le développement de l'Afrique de l'Ouest.
Le président Faye a rapidement pris les rênes de la diplomatie sénégalaise, en effectuant des visites officielles chez trois de ses voisins : la Mauritanie, la Gambie et récemment la Guinée-Bissau. Ces visites, concentrées sur le renforcement des liens bilatéraux et la collaboration en matière de sécurité et de développement économique, ont été saluées comme un pas vers une intégration régionale plus solide et des pas importants dans le renforcement de la sécurité de cette région du Sahel en proie au djihadisme qui attend des réponses communes pour en venir à bout.
En Guinée-Bissau, le président a été reçu avec les honneurs, soulignant l'importance de la coopération trans- frontalière en matière de sécurité. En Mauritanie, les discussions ont principalement porté sur la pêche, le partage des ressources gazières pour les deux économies et sur la sécurité dans le Sahel. En Gambie, le président Faye a mis l'accent sur les infrastructures et la libre circulation des personnes et des biens.
Défis économiques
Toutefois, le président Faye fait face à d'immenses défis. Sur le plan économique, le Sénégal doit naviguer entre croissance et stabilité, surtout dans un contexte post-électoral marqué par une série de crises et une dette publique dépassant 13 milliards de francs CFA.
Sur le plan social, les attentes sont grandes en matière de coût de la vie, de chômage, de logement, d'éducation et de santé, secteurs où les besoins sont criants. Le Chef de l’Etat a instruit son gouvernement de lui présenter rapidement un plan d’urgence opérationnel de lutte contre la vie chère. Ses opposants voient en cela des tâtonnements.
La question de la monnaie longtemps agitée n’est pas pour l'heure abordée.
Ce premier mois de Bassirou Diomaye Faye à la tête du pays a été marqué par une volonté claire de renforcer les liens régionaux et de stabiliser l’Exécutif et son cabinet avec des figures de confiance.
Reste à voir comment il parviendra à concilier ces impératifs avec les attentes élevées de sa population sur des enjeux internes majeurs. Les mois à venir seront certainement déterminants pour asseoir sa crédibilité et son efficacité en tant que leader du Sénégal.
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