NETTALI.COM - L’ancien président Macky Sall tient à garder la haute main sur le parti de l’APR, en appelant à une remobilisation. Cette quête de prise de contrôle de l'ancien président risque de se heurter à la volonté des partisans d’Amadou Ba d'imposer leur champion comme nouveau chef de file de l’APR, avec le risque d’une implosion du parti.

C’est un soudain regain d’activité de la part du président de l’APR qui apparaît comme une reprise en main des destinées du parti.
En effet, depuis quelque temps, Macky Sall, qui était silencieux depuis son départ de la tête du pays, a multiplié les appels à la remobilisation aux troupes “apéristes” en vue des Législatives, avant d’envoyer une délégation conduite par ses fidèles Sidiki Kaba, Abdoulaye Daouda Diallo, Amadou Mame Diop, Aliou Sow, Moussa Baldé, Abdoulaye Bibi Baldé, les députés Farba Ngom et Aliou Dembourou Sow, entre autres, a cette présente édition du Daaka de Médina Gounass.

Dans les rangs de l’APR, cette décision apparaît comme une manière pour lui de garder la main sur le contrôle du parti, alors qu’on pouvait penser qu’il céderait les rênes à Amadou Ba. “C’est clair, Macky Sall a mis à l’écart Amadou Ba, le candidat de Benno à la Présidentielle”, analyse ce dirigeant de l’APR qui a souhaité garder l’anonymat, peut-on lire sur le site de leral.net.

Pour Abdou Mbow, cette prise de parole de Macky Sall est tout à fait normale, dans la mesure où il reste toujours le chef de l’APR. “Nous sommes toujours dans la phase de l’évaluation des résultats à la Présidentielle. Après, on va définir la marche à suivre pour mener à bien nos activités politiques”, soutient le président du groupe parlementaire Benno.

Cette volonté de revenir sur le devant de la scène pourrait acter une sorte de mise en l’écart progressive d’Amadou Ba, candidat défait de Benno lors de la dernière Présidentielle. L’ex-Premier ministre, deuxième à la dernière présidentielle avec 35,79 %, pourrait se prévaloir, selon la loi, du statut du chef de l’opposition. Cependant, Amadou Ba reste discret dans ses intentions, alors que certaines informations lui prêtent le dessein de créer son propre parti.

Pour Mamadou Sy Albert, analyste politique, l’APR risque d’aller vers de grandes difficultés, s’il venait à écarter Amadou Ba de la direction du parti, alors qu’au regard de la dernière Présidentielle, il apparaît comme le nouveau chef de l’opposition. “Si l’APR ne le choisit pas comme tête de liste du parti pour les Législatives, ça sonnera comme un désaveu et pourrait conduire ce der- nier à créer son propre parti. Ainsi, en cas d’élection au Parlement, il pourra s’imposer comme le chef de file de l’opposition au nouveau régime. Le problème Amadou Ba est significatif au sein du parti qui, jusqu’à présent, n’a pas tiré les leçons de son échec électoral. L’exil du président Macky Sall pourrait aussi, à terme, être problématique pour la campagne de revitalisation et de remobilisation du parti”, analyse-t-il.

Macky Sall sur les pas de Wade de 2017

La démarche de Macky Sall sonne comme une stratégie de reprise en main après la Présidentielle qui avait permis de mettre en avant Amadou Ba. La structuration de l’APR avec comme seule constance l’ancien chef de l’État ne permet de faire émerger d’autres leaders au risque d’assurer l’implosion de l’APR.

En outre, beaucoup de spécialistes estiment que Macky Sall pourrait être tenté d’amorcer un come-back à la Wade lors des élections législatives 2017.

En effet, après l’exil forcé de Karim Wade en 2016, l’ancien président sénégalais, qui avait pris la tête de la coalition Wattu Sénégal, avait marqué son retour tonitruant sur la scène politique sénégalaise, en décrochant 19 sièges lors du scrutin du 31 juillet 2024. Le “Pape du Sopi” avait largement devancé la liste de Manko Taxawu Sénégal dirigée par Khalifa Sall.

À travers cette démarche, Macky Sall pourrait concocter des listes de fidèles pour les faire élire à l’Assemblée nationale.

Ainsi, l’ex-président, qui demeure toujours le chef de l’APR, s’arrogerait une place incontournable à la tête du parti et deviendrait un acteur central pour le choix du prochain candidat de l’APR en 2029.

Donc, malgré son exil au Maroc, Macky Sall entend contrôler le parti. Il a, de ce fait, demandé aux militants de “rester dignes dans la défaite”. Une manière sans doute de conjurer le fléau de la transhumance politique qui a longtemps fragilisé le PS, puis le PDS, après leur perte du pouvoir. Sur ce, cette situation fait aussi planer le spectre d’une possible candidature de Macky Sall ou d’un de ses proches pour la Présidentielle de 2029.

Pour sa part, Mamadou Sy indique que cette démarche de Macky Sall, au-delà son caractère purement politique, démontre que l’absence de structuration de l’APR est préjudiciable. “Normalement, en tant que chef du parti, Macky Sall devrait convoquer les instances du parti comme le Secrétariat exécutif national ou les autres structures du parti. L’APR est plongé dans une profonde léthargie et le président a choisi de parler à ses hommes de confiance et à certains responsables en court-circuitant les structures du parti”, souligne-t-il.