NETTALI.COM - Le président de la République a ouvert ce mardi les Assises nationales de la justice devant un parterre de personnalités venant des différentes couches de la nation. Parlant des réformes attendues, Bassirou Diomaye Faye a mis en garde contre la tentation d'instaurer une "République des juges".
Ce 28 mai marque le lancement officiel des Assises de la justice. Venu présider la cérémonie qui se tient à Diamniadio, le président de la République a d'abord exprimé sa profonde gratuite à chacune des diverses personnalités ayant répondu favorablement à son invitation. Il s'agit notamment des présidents d'institutions, des magistrats, des chefs de partis politiques, de candidats à la dernière présidentielle, de représentants des autorités coutumières et religieuses... A en croire Bassirou Diomaye Faye, "cette cérémonie s'inscrit harmonieusement dans nos vieilles traditions de disso (concertations en langue wolof, ndlr)".
Le président de la République insiste sur la priorité élevée qu'il accorde à la concertation comme mode de gouvernance des affaires publiques. Parce que, dit-il, "je demeure convaincu que le dialogue en temps de paix éloigne le spectre de la tension et favorise les dynamiques consensuelles, consolidant ainsi notre démocratie et assurant la stabilité et le développement économique et social". "Dialogue en temps de paix en partageant la part d'humanité qui existe en chancun de nous est un examen à l'aune duquel une nation mesure sa grandeur", soutient le président de la République qui en veut pour preuve l'importance et la diversité des personnalités présentes à Diamniadio.
De l'avis de Bassirou Diomaye Faye, "la justice étant rendue au nom du peuple, il est donc important que le peuple ait son mot à dire sur la manière dont elle doit être rendue". Et de rappeler : "Six années après les concertations de 2018, force est de reconnaitre que notre système judiciaire a besoin d'une forte refondation que seule une approche inclusive permettra de réussir." Avant d'insister : "Nous n'ouvrons pas ici un procès en inquisition pour désigner un ou des coupables à jeter aux orties." Le président de la République souhaite donc "un débat lucide, posé et serien pour ausculter notre système judiciaire, identifier ses forces et faiblesses et rechercher ensemble les solutions pour améliorer ses performances". Aussi insiste-t-il sur des principes comme la séparation des pouvoirs, l'independance, l'impartialité et l'intime conviction du juge, l'égalité de tous devant la loi, la présomption d'innocence, le principe du contradictoire... Mais il admet que cela ne suffit. "C'est à la pratique qu'on peut juger un système", souligne le chef de l'Etat. Qui invite à réfléchir sur le statut des magistrats, l'organisation et le fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature, la dématérialisation du service public de la Justice, le temps du procès pénal, les conditions de détention et de préparation de la réinsertion sociale des détenus, le régime de la privation de liberté...
"La finalité de cet exercice est de nous aider à baliser la voie pour une réforme pragmatique du système judiciaire afin qu'il inspire davantage confiance au justiciable et préserve sa dignité. Nous devons travailler à mettre en place un système plus transparent de gestion de la carrière des magistrats, à définir un régime de privation de libertés mieux encadré, à améliorer et aménager un dispositif législatif et intitutionnel de nature à favoriser la scélérité dans le traitement des dossiers judiciaires et humaniser les lieux de privation de libertés", martèle Bassirou Diomaye Faye. Mais il prévient : "Gardons-nous de vouloir bâtir une République des juges qui remettrait en cause le principe cardinal de la démocratie, à savoir le gouvernement du peuple, par et pour le peuple en vertu duquel les élus restent les dépositaires légitimes du pouvoir étatique."