NETTALI.COM - Un éclairage nouveau a été apporté sur ce que l'on appelle désormais “l'affaire général Kandé”. Derrière ce qui est une vraie fausse affaire, se cache la fin d'une tension persistante entre le chef d'État-major général des armées (Cemga), le général Mbaye Cissé, et l'ancien aide de camp du président Macky Sall le général Meïssa Cellé Ndiaye (2012-2024).

Au sein de la “Grande muette”, le traitement de ce dossier contraste fortement avec les échos amplifiés par les médias et les interprétations politiques qui ont inondé les premières pages de certains journaux. Révélations de l’hebdomadaire “Comment” dans son édition de ce mardi 4 juin.

En effet, une semaine après l'annonce du limogeage du général Souleymane Kandé, 53 ans, de son poste de chef d'État- major de l'armée de terre, suivi de la nomination de son successeur le général Magatte Ndiaye, les débats se sont quelque peu apaisés.

En résumé, c’est le chef d’État- major général des armées, le général Mbaye Cissé, qui a pris les rênes pour rétablir l'ordre, selon l’hebdo “Comment” qui décrit les détails d’un bras de fer entre le patron des armées et l’ancien aide de camp de Macky Sall. Le 28 mai, un site peu connu, afriqueconfidentielle.com, a semé la panique dans le microcosme média- tique.

La reprise de cette information par des quotidiens dakarois, a laissé croire à un règlement de comptes orchestré par le Premier ministre Ousmane Sonko contre un ancien commandant de la zone Sud. Ce commandant, très médiatisé pour avoir mené des opérations contre les positions du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), avait gagné en popularité, ce qui est rarement bon signe dans la tradition de l’armée sénégalaise. Il faut dire que l’affaire a fait grand bruit. L’hebdo panafricain “Jeune Afrique” a avancé l’explication selon laquelle c’est l’actuel ministre des Forces armées et ancien Cemga jusqu’à son reversement dans la deuxième section, Biram Diop, qui serait à l’origine des déboires du général Souleymane Kandé. Il n’en est rien...

Entre août 2021 et juin 2023, sous la protection de l'ancien aide de camp du président Macky Sall, le général Meïssa Cellé Ndiaye, le général Kandé avait rapidement gravi les échelons. De colonel commandant de zone à Ziguinchor, il est devenu chef des forces spéciales, général de brigade en octobre 2022 et chef d'État-major de l'armée de terre, cumulant avec la fonction de coordonnateur des opérations spéciales. L'annonce de son affectation en Inde comme attaché militaire a fait grand bruit, car une telle affectation serait une première.

Le 29 mai, “Le Quotidien” rapporte que le général Kandé a décidé de contester devant la Cour suprême le décret le nommant à New Delhi. Certains membres de l'opposition y voient un règlement de comptes politiques. Le quotidien “La Tribune”, reprenant le site afriqueconfidentielle, indique que c'est le Premier ministre qui aurait demandé la tête du général Kandé, après que ce dernier a refusé de remettre en cause certains accords militaires. Les directeurs de publication de ces deux journaux ont été entendus par la gendarmerie.

Jusqu’au moment où ces lignes sont publiées, nulle trace de la décision affectant le général en Inde.

En réalité, le limogeage du général Kandé trouve son origine dans une décision du Cemga, le général Mbaye Cissé. La carrière accélérée de Kandé a eu lieu dans un contexte de ten- sions politiques, alors que le prési- dent Macky Sall cherchait des alliés fiables pour les élections de 2024 et son conflit avec le Pastef. Durant cette période, Macky Sall, bien que disposant d'un chef d'État-major particulier, privilégiait les avis de son aide de camp le général Meïssa Cellé Ndiaye.

Avec le départ à la retraite du général Ndiaye, le général Mbaye Cissé a saisi l'opportunité pour réorganiser son personnel.