NETTALI.COM - Le 7 juin chaque année, le Prytanée militaire Charles N'Tchoréré de Saint-Louis fête son parrain. Cette année, la cérémonie qui a eu lieu vendredi, a été marquée par la forte présence d’Anciens Enfants de Troupe du Prytanée militaire, venus du Gabon, pays d'origine du parrain de l’école. Une délégation officielle dirigée par le colonel Ulrich Mafoumbi Mafoumbi, ministre chargé de mission à la présidence de la République et également porte-parole du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) (voir en bleu et prononçant un discours)
Etaient présents le préfet de Saint-Louis qui a présidé la cérémonie, le Commandant de la zone militaire N°2, le colonel Thiendella Fall, le Colonel Cheikh Diouf commandant de zone de la Gendarmerie, Ibrahima Kamara, le président de l’Amicale des Anciens Enfants de Troupe, d’Anciens Enfants de Troupe du Sénégal et le corps professoral de l'Ecole, sans oublier l'encadrement militaire. Ce qui a surtout marqué l’évènement cette année, c’est la présence massive des Anciens Enfants de troupe originaires du Gabon. Regardez.
Un parrain, nommé Charles N’TCHORERE
Né le 15 novembre 1896 à Libreville, Charles N’TCHORERE est un militaire d’origine gabonaise ayant servi dans l’armée française lors des deux guerres mondiales. Fait exceptionnel et unique dans les annales de l’armée coloniale, il a reçu en 1924, à l’Ecole d’Infanterie de Saint-Maixant, ses épaulettes d’officier au même titre que ses camarades français. Et l’on se souvient qu’à l’époque, seuls les originaires des 4 communes (Saint-Louis, Dakar, Rufisque et Gorée avaient les mêmes droits que les Français de souche.
Après son séjour parisien, il est envoyé au Soudan (Mali actuel), précisément à Kati où il a commandé la Compagnie Hors rang du 2ème Régiment des Tirailleurs Sénégalais.
Sa brillante réussite lui vaut le galon de capitaine et une affectation au 1er Régiment des Tirailleurs Sénégalais à Saint-Louis à la tête de l’Ecole des Enfants de Troupe. Ses qualités d’officier, de pédagogue lui valurent dès 1937 l’inscription au tableau d’avancement pour le grade de chef de bataillon. Sa campagne de 1940 fut historique : son courage, son sens de l’humain lui valurent le profond respect et l’admiration de ses jeunes lieutenants métropolitains et de sa troupe. Il est mort exécuté par l’ennemi, plus exactement par l'armée nazie le 7 juin 1940 à Airaines dans la somme par le fait d'un acte anti-militaire d'un soldat de la division de Panzer de Rommel qui ne supportait pas de voir ce capitaine de l'armée française revendiquer un traitement, d'officier alors que sa compagnie se rendait, faute de munitions. Tuer Charles N'Tchoréré n'aura d'ailleurs pas suffi. Un char allemand lui roulera dessus pour le broyer. Son honneur était à partir de ce moment-là, sauf et c'était bien cela l'essentiel.
C'est pour offrir une référence aux enfants de troupe, le Président SENGHOR a baptisé le PMS en son nom lors de la célébration du cinquantenaire en 1973. Depuis lors, l’école organise une fête en son honneur le 7 juin de chaque année pour perpétuer sa mémoire. Au-delà de la fête, ce sont les valeurs cardinales qu’il a incarnées qui sont magnifiées.