NETTALI.COM - Dimanche 9 juin, le Premier ministre a été très menaçant, comme lorsqu’il était opposant. Lors de sa conférence politique, Ousmane Sonko a annoncé des poursuites judiciaires à l’encontre d’anciens membres du gouvernement. Le leader de Pastef/Les patriotes entend aussi mettre un bémol à la liberté de la presse.
Lors de sa conférence politique du dimanche 9 juin, le leader de Pastef/Les patriotes a tiré à boulets rouges sur l’opposition actuelle, les anciens dirigeants du pays. "Nous leur avons appris l’art de gagner en ayant raison sans pour autant leur avoir permis de développer leur art de gagner sans en avoir", a indiqué Ousmane Sonko.
Le Premier ministre, à cette rencontre dénommée "Apport de la jeunesse dans le Projet", a annoncé des poursuites judiciaires contre des membres de l’ancien régime politique. Pardonner ? Il précise que cela ne concerne pas les faits liés aux vols de biens publics, ni aux meurtres survenus lors des manifestations. "Il n'est pas normal d'arrêter un manifestant et de le torturer au commissariat", a- t-il déclaré, soulignant que le recrutement de nervis armés pour "qu’ils tuent des manifestants" ne fait pas partie des faits jugés pardonnables.
Le Premier ministre estime que le recrutement de voyous armés pour "tuer des manifestants" doit être condamné. De même, il prévient qu’il y aura des enquêtes sur la disparition de Fulbert Sambou, gendarme affecté à l’IGE, et de Didier Badji, sous-officier à la Direction du renseignement militaire. "L’un a été assassiné, l’autre a disparu et son corps a été jeté à la mer. Ces faits ne peuvent être effacés, sinon nous serions complices", a déclaré Ousmane Sonko. Sonko prévient aussi que ceux ont été épinglés par les rapports de l’IGE et de la Cour des comptes seront poursuivis.
"Après avoir balayé la justice (Assises de la justice) et mis en place les vrais magistrats, nous appliquerons la loi. Nous ferons ce qu’il faut faire à l’endroit de ceux qui détournent les biens publics", a-t-il poursuivi.
"Un ancien ministre (Mame Mbaye Niang) a été épinglé par un rapport. Il a nié toutes mes accusations. J’ai été convoqué au tribunal... Et le rapport a été caché. Aujourd’hui, le rapport qui m’a été caché est sur ma table", a ajouté l’ancien opposant qui avait eu plusieurs démêlés avec la justice, dont l’affaire Adji Sarr et une affaire de diffamation.
Mettre une limite à la liberté d’expression ?
Qu’est-ce qui peut être pardonné alors ? "Tout ce qui m’a été fait personnellement, moi Ousmane Sonko, est pardonné. C’est ce qu’on a dit. Étant opposant, j’ai été combattu pendant des années. J’ai été calomnié, mis en difficulté dans mon travail, brutalisé à travers des lacrymogènes. Ma vie privée a été violée. Mes voitures ont été cassées. J’ai été mis en prison. Malgré tout cela, Dieu m’a donné la victoire à travers les Sénégalais. S’ils étaient des per- sonnes réfléchies, ils allaient reculer. Mais aujourd'hui, ils croient qu’ils peuvent continuer à insulter, à calomnier, en restant tranquillement chez eux. Le gouvernement va prendre ses responsabilités pour le retour des valeurs sénégalaises. Car le Sénégal ne connaît pas la haine”, prévient Ousmane Sonko. Qui ajoute qu’il ne tolère pas les insultes.
Ainsi, la semaine dernière, poursuit-il, le ministre de la Justice lui a envoyé une vidéo montrant un membre de son parti qui insultait les magistrats. À l’en croire, il a répondu au ministre de la Justice de faire son travail convenablement, sans une justice de deux poids, deux mesures.
Ensuite, le président de Pastef s’en est, une nouvelle fois, pris à la presse. Voulant mettre un bémol sur la liberté d’expression, il a prévenu : "Il ne sera plus toléré pour aucun journaliste ou maison de presse de donner de fausses informations sur qui que ce soit."
Exit le PSE, le nouveau référentiel de la politique publique annoncé pour septembre 2024
Revenant aux affaires de la République, le Premier ministre a critiqué le Plan Sénégal émergent de Macky Sall et annoncé que l’actuel régime s’appuiera sur un nouveau référentiel de la politique publique qui sera disponible en septembre prochain. "Nous avons trouvé ici de l’électricité. Il faut que le Sénégal continue à avoir de l'électricité. C’est le principe de la continuité de l’État. À côté, il y a le Plan Sénégal émergent. Nous disons que ce plan n’est pas bon. S’il l’était, nous ne serions pas dans cette situation. Donc, nous allons nous appuyer sur un nouveau référentiel de la politique publique pour développer le Sénégal, d’ici cinq ans. Ce référentiel n’est pas importé. Donc, nous sommes différents d’eux. Il ne leur reste qu’à insulter, mais ils vont arrêter", a-t-il dit.
Dans la même veine, le Premier ministre a annoncé la sortie d’un document intitulé "Sénégal vision 2035". Ce document, qui était en gestation, sera un plan d’action du gouvernement qui définit les orientations du président Bassirou Diomaye Faye. Il sera coordonné par le Premier ministre. Après ce plan d’action du gouvernement, il y aura aussi, d’après Sonko, un plan d’action que chaque ministère suivra. Il s’ensuivra des politiques sectorielles.