NETTALI.COM - Le vendredi 21 juin s’est tenue la réunion nationale de la consommation, suite à la décision du gouvernement de baisser les prix des denrées de premières nécessité. La date d’entrée en vigueur des prix est le lundi 24 juin.
Il y a quelques jours, le gouvernement du Sénégal avait pris la décision de baisser les prix des produits de grande consommation que sont le riz brisé ordinaire, l'huile de palme raffinée, le sucre cristallisé, le pain, la farine de blé, et le ciment. Pour l'effectivité des nouvelles mesures, la réunion nationale de la consommation a été organisée hier. La date d’entrée en vigueur des prix est le lundi 24 juin.
En ce qui concerne le pain, après avoir poursuivi les discussions avec les acteurs, le nouveau prix qui était fixé à 160 F CFA contre 175 F CFA actuellement, est encore revu à la baisse. Avec la baisse supplémentaire, la miche de pain sera vendue à 150 F CFA.
Sur ce produit, les consommateurs s’en réjouissent. Momar Ndao de l’Association des consommateurs sénégalais a manifesté sa satisfaction. “Le prix du pain qui était proposé à 160 F, il a été retenu qu’il est ramené à 150 FCFA C’est ce que nous avions souhaité. Cela va permettre d’éviter les problèmes liés à la monnaie”, a-t-il expliqué.
Par contre, si les boulangers comptent appliquer les nouveaux prix du pain, qui va connaître une baisse de 25 F, ils ne sont pas contents de la baisse de 4000 F sur la farine. Ils veulent une baisse de 6000 FCFA sur ce produit. “Nous n’allons pas freiner la volonté de l’Etat du Sénégal de faire baisser les denrées de première nécessité comme le pain. Mais, lorsque le ministre du Commerce nous a reçus avec le Regroupement des Boulangers du Sénégal (RBS), nous leur avons dit: ‘si vous voulez une baisse de 25 F, il faut au minimum que vous baissiez le prix de la farine à 5500 F, alors la baisse est uniquement portée à 4 000 FCFA. Donc, il n’y a pas de consensus”, a déclaré le président de la fédération nationale des boulangers du Sénégal, Amadou Gaye.
“Mais nous avons mesuré tous les efforts que l’Etat est en train de faire par rapport à une subvention mini- mum de 160 millions F CFA par jour pour que la farine baisse de 4 000 FCFA. Si cette baisse s'arrête seulement à 4 000 CFA, beaucoup de boulangers vont avoir des problèmes”, a-t-il ajouté.
Il demande un accompagnement. “Quand l’Etat dit que le pain est un produit social et qu’il n’encaisse pas la TVA, à mon avis, il doit y avoir une suspension sur tous les autres produits sur lesquels nous payons la TVA. Parce que le fisc nous doit des crédits TVA tous les jours, mais ils ne nous remboursent jamais. Donc, autant ne pas mettre la TVA sur la levure, etc.”, a-t-il indiqué. Monsieur Gaye souhaite également que la tarification de la Senelec soit revue.
Cheikh Cissé clash CSS
Concernant le sucre, les discussions ont également été âpres. La Compagnie Sucrière sénégalaise (CSS) a assisté à la réunion, pour étudier la proposition du gouvernement sénégalais de baisser le prix du sucre à 600 FCFA le kg. Elle voulait que le sucre soit vendu plutôt à 625 FCFA. “Nous étions allés dans le même sens que cette demande pour lutter contre la vie chère. Nous-même la CSS avions fait la proposition de baisse de ce prix du sucre, mais à 625 FCFA le kg. Parce que si le ministre du commerce avait relevé le prix du sucre l’année dernière, c’est parce qu’il y avait à tenir en compte l’inflation de tous les intrants de production du sucre...”, a déclaré le DG Guillaume Ranson.
“Nous avions demandé au ministère du Commerce de regarder la partie de contrôle des prix sur les marchés, parce que même si le prix était précédemment homologué à 650 FCFA, on se rend compte que sur les marchés, il était à 700 FCFA. Donc, notre proposition à 625 FCFA per- mettait au consommateur de gagner 75 F le kg, tout en permettant à CSS garder la capacité de financer son plan de développement agro-industriel qui est de produire 220 000 t de sucre en 2030 pour assurer l’auto-suffisance nationale en sucre, tout comme le gouvernement nous a appelés à le faire”, a ajouté le Dg de la CSS qui souhaiterait, dans ce cadre, 1 500 nouveaux emplois, en plus des 8 000 emplois que représente dans l'entreprise.
Maintenant que ces 600 F CFA sont entérinés, Guillaume Ranson s’interroge sur la durée de cette nouvelle tarification. “Ce prix n’est pas tenable; il n’est pas durable. Contrairement à notre proposition. Par ailleurs, il va se poser la question des mesures d’accompagnement pour que la CSS, comme d’autres indus- tries, puisse développer son pro- gramme d'augmentation de la production et de création d’emplois”, a indiqué Guillaume Ranson.
Cheikh Cissé n’est pas d’accord avec le Dg de la CSS. “Ils n’ont même pas le droit de dire ça. Il se fout de nous, parce que l’Etat leur a donné tous les privilèges, depuis leur implantation du temps de Senghor. Aujourd'hui, ils continuent d'accorder des privilèges que même les fils du pays n’ont pas”, a pesté le président de l’Unacois Yessal.
Il demande à tous les acteurs, notamment les détaillants, de respecter les prix. “Le PM avait appelé tous les segments pour faire baisser les denrées de première nécessité. Il y a eu des discussions avec le ministre du Commerce qui ont précédé ce conseil national. Donc, les gens devraient seulement saluer les nouvelles mesures, parce qu'ils ont été impliqués”, a indiqué M. Seck.
Le riz
D’ailleurs, en ce qui concerne le riz, Momar Ndao de l’Ascosen est à moitié satisfait. “Pour ce qui concerne le riz, le problème risque de demeurer, puisque le produit sera à 410 F CFA, alors que nous avions demandé 400 FCFA. Mais comme il ya deux types de riz, et qu’il y'en a un qui ne pourra pas être vendu à 400 FCFA, c’est la raison pour laquelle les 400 FCFA sont maintenus. Nous pensons que c’est une excellente initiative”, a-t-il dit, soulignant que le défi le plus important c’est le contrôle. Momar Ndao demande une autre réunion du conseil national de la consommation pour élargir le champ des produits qui devront être revus à la baisse : conserve de thon, pomme de terre, au lait, au café, etc.
Pour sa part, le ministre du Commerce Serigne Guèye Diop rassure que tous les prix seront immédiatement applicables sur l’ensemble du territoire. “Je vais demander aux conseils régionaux de consommation de se réunir dans les meilleurs délais pour jeter le différentiel de transport”, a-t-il soutenu. Concernant les mesures d’accompagnement pour l’application des prix, il compte prendre toutes les dispositions en relation avec les acteurs, (importateurs, commerçants, industriels, consommateurs) pour assurer le strict respect des prix sur l’ensemble du territoire.
Les mesures que l’Etat va d’abord prendre concernent la publicité et l’affichage des prix qui seront obligatoires. “Le ministère prendra toutes les dispositions pour rendre disponible dans toutes les boutiques les affiches sur les prix. Le contrôle sur le terrain sera effectif et renforcé. On va impliquer d’abord les volontaires (1 000 volontaires de la consommation). Les forces de défense et de sécurité seront aussi mises à contribution. Nous comptons sur l’implication de tous les acteurs. Il y aura un contrôle citoyen, à travers l’implication des relais communautaires. Un dispositif spécial sera discuté et mis en place en relation avec le Port Autonome de Dakar pour accélérer les chargements et les dédouanements. J’invite les acteurs à remonter les difficultés”, a dit Serigne Guèye Diop.
Pour les mesures structurelles, il compte miser sur la politique de souveraineté économique et alimentaire, la réorganisation de la distribution et la mise en place de magasins de référence sur l’ensemble du territoire, etc.
L’Etat entend également favoriser les politiques industrielles. “La réflexion sera aussi engagée dans le cadre d’une concertation à mettre en place avec le Haut conseil de la consommation, le Conseil national de la consommation et tous les acteurs”, a annoncé le ministre.
Les nouveaux prix des denrées alimentaires
La liste sur la baisse des prix de certaines denrées alimentaires retenues par le gouvernement, à la veille de la Tabaski a été officiellement publiée, hier, lors du Conseil national de la Consommation (CNC). En présence de tous les opérateurs économiques et autres industriels, le ministre du Commerce et de l’Industrie, Dr Serigne Gueye Diop, a donné la liste des produits et les prix retenus définitivement par le gouvernement.
Pour l’huile raffiné, il a été retenu que : “le prix du bidon de 20 litres est de 18 500 f CFA (ex usine ou à l’importation), le prix de gros est de 17 750 f le bidon de 20 litres. Le demi-gros est à 19 000 f et pour le détail, la bouteille est à 1000 francs dans toutes les boutiques du Sénégal”.
Concernant le riz, le kg est à 410 F CFA. “Le riz brisé à l’import va coûter 375 000 francs CFA la tonne, en gros c’est 379 000 f et le demi- gros sera à 385 000 f et le prix du détail est à 410 frs CFA le Kg”, lit-on dans le document.
Pour le sucre cristallisé produit généralement à Richard Toll, “la tonne sera à 558 000 f, pour celui importé, le prix de gros sera à 566 000 f, le demi-gros à 557 000 f la tonne et le détail à 600 f au lieu de 650 f”.
Concernant le prix de farine de blé de type 55, le sac de 50 kg sera désormais à 15 200 f, la farine boulanger améliorée sera de 15 700 f le sac de 50 kg”. Par conséquent, dit-on, pour le prix de la baguette, il passe de 175 à 150 f soit une baisse de 25 f.
Le prix exclusif du ciment est de 66 000 f par tonne, le prix au distributeur est de 71 000 f la tonne. Le sac va désormais passer à 3550 francs CFA. Pour rappel, ces mesures d’allègement du panier de la ménagère ont nécessité une enveloppe de 53,7 milliards de francs CFA dégagée par le gouvernement.
EnQuête