NETTALI.COM - Dans une interview avec le journal EnQuête, Amadou Ly, le patron de la société Akilee et président du parti Yeesal en marche ( YEM), mais également soutien de la candidature de Bassirou Diomaye Faye, est revenu sur son différend avec la Senelec, relatif au marché des fournitures de compteurs intelligents, le mode de gestion de la Société nationale d’électricité qu’il a qualifié de nébuleuse sous la houlette de l’ancien directeur Pape Mademba Bitèye, non sans s'expliquer sur son soutien au candidat Diomaye Faye avant l'élection. 

Lorsqu'on lui demande où en est son contentieux avec la Senelec, dans le cadre du marché relatif à la fourniture de compteurs intelligents qu'il a finalement perdu au profit d’une société israélienne, suite à la rupture de son contrat avec la Senelec, Amadou Ly répond de la manière suivante :

"Je vous donne rendez-vous à la publication du livre que je suis en train d’écrire sur cette histoire, parce que nous ne pouvons juste- ment pas laisser des gens malhonnêtes véhiculer des contrevérités sans rétablir la réalité des faits, pour la postérité, mais aussi pour savoir qui est qui dans cet espace public. Des gens de tout bord ont contribué à ce Akilee bashing jusqu’à... Tout ne peut être dit, du moins pas pour le moment.

Je voudrais juste rappeler que le contrat entre Akilee et Senelec n’est pas un contrat de fourniture de compteurs que les dealers de la République ont ainsi présenté, parce qu’on avait touché à leur vache laitière qu’ils ont d’ailleurs continué à pomper une fois avoir saboté notre contrat.

Le contrat a pour objet de déployer et d’exploiter un système de comptage intelligent qui va réduire les pertes commerciales et les charges d’exploitation de la Senelec de 500 milliards de francs CFA en 10 ans pour un coût total du projet de 187 milliards (soit 18,7 milliards par an en moyenne, qui plus est préfinancé par Akilee à 85 %). J’informe les Sénégalais, les autorités ainsi que les partenaires techniques et financiers, encore une fois, que par le sabotage de ce contrat, la Senelec a déjà perdu plus de 500 milliards, entre 2019 et 2023, sur les 1 273 milliards F CFA de pertes que nous projetions entre 2019 et 2028.

Tous les Sénégalais jettent tous les mois ou à chaque achat Woyofal de l’argent par la fenêtre en compensant les pertes de la Senelec. Est-ce que cela est acceptable ? Pour moi, non. Encore moins quand la solution exis- te et qu’elle est en train d’être déroulée par de dignes fils du Sénégal dans d’autres pays. L’exigence de rupture et de transparence dans la gestion publique impose une confrontation entre les DG d’Akilee et de la Senelec pour mettre à nu la mafia qui a été mise en place dans la Société nationale d’électricité sur ce dossier.

Le plus scandaleux dans tout cela est que j’ai appris, depuis quelque temps, que Bitèye, après avoir commis ses forfaits avec les Israéliens, aurait engagé avec la société Hexing un projet de nouvelle société d’assemblage de compteurs, dans laquelle la Senelec détiendrait 49 % des parts, pour contourner Akilee. Surement que les contempteurs d’Akilee vont applaudir la préférence nationale chinoise au détriment des Sénégalais.

Je rappelle que la Senelec détient 34 % d’Akilee et que nous sommes des concurrents directs de Hexing dans la sous-région où nous les avons battus à plusieurs reprises et que nous contrôlons souverainement nos logiciels d’exploitation des compteurs qui sont 100 % sénégalais. Hexing a surtout aidé la Senelec à violer notre contrat. C’est donc cela la souveraineté version Senelec sous Bitèye.

Cela est extrêmement grave et nous ne le laisserons pas passer, parce que notre combat politique est celui de la souveraineté et de l’indépendance. Nous n’accepterons jamais que des traîtres vendent le pays, prennent des milliards et partent jouir tranquillement des deniers publics détournés que les pauvres “goorgoorlu” vont devoir payer. J’attends de voir comment tout ça va se développer. Mais je peux dire que ceux qui pensent pouvoir agir en toute impunité nous trouveront sur leur chemin."

Amadou Ly n'est pas loin d'accabler Papa Mademba Bitèye et sa gestion et attend les résultats de l'audit qui devrait selon lui révéler des choses, ainsi qu'il les énumère : "Si l’audit de la Senelec ne révèle rien sur les milliards de surcoûts sur les achats faits auprès de Powercom, que j’ai dénoncés à l’Ofnac depuis février 2022 sans suite à ce jour, sur les contrats de location de Karpowership et Karmol, sur l’achat d’immeubles à Mbao et à la cité Keur Gorgui (en termes de montants et de propriétaires), sur le contrat signé avec West African Energy en violant allègrement nos lois, les contrats de gré à gré avec Vinci..."

Lorsqu'on l'interroge sur le choix d’acteurs du secteur privé d’investir le champ politique, en citant Anta Babacar Ngom, Serigne Mboup et vous-même, celui-ci de répondre : "Je ne peux pas parler en leurs noms, mais j’imagine qu’ils partagent le constat que nous tous avons fait sur la situation du pays et sont animés de la même force intérieure qui les empêche de rester inertes. Et oui, la portée de l’action politique est sans commune mesure avec celle de l’action privée entrepreneuriale, quelque prospère que puisse son entreprise. C’est un peu la métaphore de celui qui agit sur une parcelle d’un champ et celui qui agit sur la totalité du champ. Les défis sont tellement nombreux que les gens qui ont fait leurs preuves réelles de capa- cité à gérer et à développer dans une des parcelles, doivent pouvoir, s’ils le souhaitent, aspirer à ce qu’on leur confie toutes les parcelles pour qu’ils les développent aussi en s’appuyant sur leur expertise. C’est ce que la politique peut offrir aux entrepreneurs engagés que nous sommes"

Quid de son engagement aux côté de la coalition DiomayePrésident qu'il a rejoint comme directeur de campagne adjoint, à la dernière Présidentielle, de sa relation avec la coalition, de la poursuite de la collaboration ou pas ? "Effectivement, j’étais le directeur de campagne adjoint chargé de la stratégie et des finances aux côtés de Moustapha Guirassy (directeur de campagne) et de Birame Soulèye Diop (directeur de campagne adjoint chargé du suivi des opérations). La relation avec la coalition est là. Yeesal en marche (YEM) est un parti politique avec sa vision et son projet pour le Sénégal. Nous avons effectivement rejoint la coalition Diomaye- Président, à la demande du candidat devenu président aujourd’hui. Et ce choix a été dicté par l’appréciation que nous avons faite du degré de convergence théorique de nos valeurs, visions et projets que nous avons pour le Sénégal. Nous observons maintenant la mise en pratique de cette convergence théorique.

En attendant, en tant que parti politique autonome, nous devons continuer à l’animer et en tant qu’entrepreneur, nous devons continuer à travailler, la politique ne devant pas être un métier ; c’est notre conviction à YEM."