NETTALI.COM - Tout est bien qui finit bien. Des médiateurs ont réussi à mettre un terme au bras de fer entre les meuniers et le Gouvernement, qui présageait des journées sans pain sur l’étendue du territoire national. Nous dévoilons les détails des négociations discrètes menées de bout en bout, et qui se poursuivent aujourd’hui mercredi, et ayant permis d’éviter l’escalade qui serait préjudiciable au consommateur. 

L’exercice était alambiqué. L’équation pas facile à résoudre. Ce, devant deux adversaires, les meuniers et le Gouvernement du Sénégal qui étaient prêts à en découdre. Sans pitié. Mais Ousmane Mbaye, Président du Syndicat professionnel des industries du Sénégal (SpisP), également Directeur général de la cimenterie Dangoté, et Baïdy Agne, Président du Conseil national du patronat du Sénégal (Cnp), se sont vite positionnés pour éviter au Gouvernement et aux meuniers de partir vers l’escalade. Ils ont réussi un coup de maître, à travers une médiation discrète, permettant d'empêcher l’affrontement imminent entre le Gouvernement menaçant et les meuniers qui ont arrêté lundi la production et la vente de farine de blé, suite à la mesure de baisse des prix décidée par le pouvoir en place.

Les rencontres secrètes et échanges téléphoniques entre les médiateurs et les membres de l’Association des meuniers industriels du Sénégal (Amis), ont permis de convaincre les meuniers, surtout de vite circonscrire le mal et d’ajuster les choses en coulisses pour éteindre les flammes du mal autour de la farine boulangère, source du conflit.

Les manœuvres en coulisses des médiateurs ont désamorcé délicatement la situation très tendue, et permis ainsi de baisser la tension des meuniers que le Gouvernement, sous un ton menaçant dans la soirée du lundi, a mis en demeure de poursuivre les activités de production de farine, dans le respect des prix nouvellement arrêtés.

D’après nos informations, les deux médiateurs ont senti très tôt l’électricité flotter dans l’air. C’est pour cela qu’ils sont entrés en action dans la matinée d’avant-hier lundi, pour calmer les nerfs, bien avant que le Gouvernement n’ait décidé, dans la soirée, de mettre en demeure les meuniers.

Après de longues heures de négociations jusqu’à presque 3 heures du matin hier mardi, ils ont pu persuader les meuniers de redémarrer les opérations de production de farine boulangère «sans aucune condition», le temps de discuter après avec l’Etat. Car, le risque était qu’il n’y ait plus de pain au Sénégal. Ce qui serait bouleversant et pour l’Etat, et pour les meuniers, les boulangers et les consommateurs. Ainsi, suite au dénouement dû à la médiation, les 7 industries meunières (Gmd, Nma, Olam, Sedima, Mds, Basmala), membres de l’Amis, ont finalement mis de l’eau dans leur vin. Elles ont décidé de baisser les armes et de reprendre la production de la farine. Car, elles soulignent qu’elles ont «toujours été soucieuses de l’amélioration  du pouvoir d’achat des Sénégalais et de leur accès aux denrées de première  nécessité. C’est en cela qu’elles ont toujours apporté leur concours à la régulation des prix de denrées de première nécessité».

Des consensus forts  attendus aujourd’hui

La page n’est pas encore tournée. Mais, l’espoir est au bout du désespoir dans le bras de fer actuel entre le Gouvernement et les meuniers. D’après nos informations, de forts consensus sont attendus au cours des négociations qui vont se poursuivre aujourd’hui mercredi dans l’après-midi entre les médiateurs, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Serigne Guèye Diop et les meuniers, dans le cadre d’une rencontre privée. Cela sera l’occasion pour les meuniers de prolonger les échanges avec le Gouvernement afin d’être édifiés davantage sur les mécanismes de subvention afin de ne pas mettre en péril leur activité. Il y a aussi la question des stocks qui sont aujourd’hui entre les mains des meuniers et des boulangers, avant la prise de la décision de baisse des prix des denrées, où 4000 FCfa seront perdus par sac de 50 Kg, qui sera au centre des négociations.

«On s’attend à des réponses à ces questions, mais aussi et surtout à une autre posture du Gouvernement, particulièrement du ministère de l’Industrie et du Commerce, parce que les termes utilisés dans le communiqué gouvernemental du lundi ne sont pas en faveur du secteur privé local. On s’attend à un dialogue constructif et pas à un discours va-t-en-guerre. Il ne s’agit pas d’une bonne manière de gouverner. Les meuniers ne sont pas là pour faire échec aux politiques de l’État. La baisse sur les prix des denrées ne pose aucun problème aux meuniers. Il n’y a pas de problème d’opportunité. On pose seulement des questions liées au financement», confie un membre influent de l’Amis.

Des sources signalent cependant que toutes les pistes de solutions à la crise autour de la farine boulangère seront tracées aujourd’hui. D’après nos sources, pour les meuniers, il ne s’est jamais agi d’être en conflit avec l’Etat. Ils veulent juste savoir comment la subvention va se faire. L’objectif étant «d’éviter la mauvaise expérience avec les subventions où il faut courir pendant des années pour les recevoir». C’est pour cela qu’ils avaient décidé de la suspension provisoire de la production de la farine boulangère pour discuter avec l’autorité étatique et voir les modalités pratiques de la subvention. Il ne s’agissait pas pour les meuniers de ne pas respecter la mesure de baisse des prix annoncée par le Gouvernement. «Les industriels n’ont aucun intérêt à arrêter la production, parce qu’ils sont les premiers perdants. Personne n’y gagne. L’Etat n’a non plus aucun intérêt à ce que la production s’arrête ou à  être en conflit avec les meuniers. Personne n’a intérêt à ce que cette situation perdure», souffle-t-on.

Les négociations d’aujourd’hui entre le ministre de l’Industrie et du Commerce et les meuniers permettront d’aboutir à des solutions définitives acceptées par les deux parties, pour le développement de l’industrie du Sénégal. «Il va y avoir, sans doute, un consensus. Nous sommes convaincus. Il suffit d’arrondir les angles et les incompréhensions. C’est tout», dit notre source. L’Amis, de son côté, a bon espoir que cette médiation qui va se poursuivre aujourd’hui dans l’après-midi, permette la prise en charge des préoccupations de l’État et des meuniers Industriels du Sénégal.