NETTALI.COM - Le président américain Joe Biden et son prédécesseur républicain Donald Trump ont débattu ce jeudi dans une atmosphère tendue où les invectives se sont enchaînées.
Durant les 90 minutes de débat télévisé, la voix de Joe Biden était à peine audible. Ces mouvements lents et son regard absent. Le président américain a plusieurs fois bégayé. Il s'est repris laborieusement, a perdu le fil de sa pensée. Et face à lui, Donald Trump s'en est donné à cœur joie : « Je n'ai rien compris à la fin de sa phrase, a-t-il dit à un moment, je ne sais même pas s'il sait lui-même ce qu'il voulait dire. »
Une prestation jugée désastreuse sur les plateaux des chaînes d'info américaine. Même l'ancienne directrice de communication, de Joe Biden, est bien obligée de reconnaître que « c'était un débat vraiment décevant pour Joe Biden, impossible de le dire autrement », dit Kate Benenfeld, dont les propos sont rapportés par notre correspondant, David Thomson.
Son plus gros défi était de prouver aux Américains qu'il a l'énergie pour cette campagne. Ce n'est pas ce qu’il s'est passé. Les démocrates passent en mode panique. Plusieurs, comme l'ancien conseiller de Barack Obama, Van Jones, appellent ouvertement à changer de candidat avant la convention démocrate prévue cet été : « Il nous reste du temps d'ici à la convention, et il faut trouver une autre solution. Il faut qu'il nous permette de le faire parce que ce que nous avons vu de Joe Biden, ce n'est pas ce que nous voulons voir. C'était douloureux et nous sommes en panique ce soir. »
Ce débat avait pourtant été demandé par la Maison Blanche. « N'êtes-vous pas inquiète ? », demande un journaliste de CNN à la vice-présidente des États-Unis après ce débat, Ça a commencé lentement, avoue Kamala Harris, elle qui sera chargée de remplacer Joe Biden en cas d'incapacité. Mais Kamala Harris est encore plus impopulaire que lui dans les sondages.
Les deux candidats à la présidentielle américaine ont ferraillé sur l'inflation, l'immigration, le droit à l'avortement ou l'Ukraine pendant ce premier débat.
• Inflation
Le débat a débuté sur la question du coût de la vie. « L'inflation est en train de tuer ce pays », a dit le républicain de 78 ans, qui a assuré que sous son mandat, l'Amérique était « la plus grande économie du monde ». « Nous avions la meilleure économie de l’histoire de notre pays. Et nous n’avions jamais eu autant de succès, le monde entier était émerveillé. »
Joe Biden a reconnu que l'inflation avait fait monter les prix considérablement plus haut qu'au début de son mandat, mais a déclaré qu'il méritait le mérite d'avoir remis « les choses en place » après la pandémie de Covid-19. Le démocrate de 81 ans a répliqué qu'au contraire la conjoncture « était en chute libre » quand il a pris les rênes du pays, et a vanté son bilan, en termes d'emploi et de réformes sociales. Le président Biden a ajouté qu’il souhaite « réparer le système des impôts » en augmentant ceux des plus riches.
• Droit à l'avortement
Le président américain Joe Biden a reproché à Donald Trump son action « terrible » contre le droit à l'avortement en nommant des conservateurs à la Cour suprême des États-Unis. « C'est une chose terrible ce que vous avez fait [...]. Et il s’attribue le mérite de l’avoir supprimée ! », a lancé le dirigeant démocrate à son adversaire républicain durant leur face-à-face.
Donald Trump a rétorqué que Joe Biden soutiendrait des avortements sans limitation et a déclaré que renvoyer la question aux États était la bonne ligne de conduite. Joe Biden attaque la position de Donald Trump : « Cela revient un peu à dire que nous allons rendre la question des droits civiques aux États, et que chaque État aura une règle différente. »
• Immigration
Trump a déclaré que Biden n’avait pas réussi à sécuriser la frontière sud des États-Unis, ouvrant la voie à de nombreux criminels. « J'appelle cela le crime des migrants de Biden, a-t-il déclaré. Nous avions la frontière la plus sûre de l’histoire de notre pays. Tout ce qu’il avait à faire, c’était de laisser les choses comme ça. Il a décidé d’ouvrir notre frontière, d’ouvrir notre pays aux personnes qui viennent des prisons, des personnes qui viennent des établissements psychiatriques, des asiles d’aliénés, des terroristes. »
Joe Biden répondu que Donald Trump exagérait et mentait sur la crise migratoire aux États-Unis, lors de leur premier débat à Atlanta. « Il n'y a pas de données pour soutenir ce qu'il dit », a déclaré Joe Biden, alors que l'immigration est l'un des principaux sujets de cette campagne présidentielle. « Encore une fois, il exagère, il ment. »
• Guerre en Ukraine
Joe Biden a accusé Donald Trump d’avoir dit à Vladimir Poutine lorsqu’il était à la Maison Blanche : « Faites ce que vous voulez, ce que vous voulez », et d’avoir permis ainsi l’invasion de l’Ukraine.
La guerre en Ukraine n'aurait jamais eu lieu si les États-Unis avaient un « leader », s'est défendu Donald Trump au président Joe Biden. Le candidat républicain s'est montré très critique des milliards de dollars dépensés par les États-Unis pour soutenir Kiev dans sa guerre contre Moscou. En réponse, Joe Biden affirme : « Tout l’argent que nous donnons à l’Ukraine, ce sont des armes que nous fabriquons ici aux États-Unis, nous lui donnons des armes, pas de l’argent. »
• Donald Trump refuse de reconnaître sans conditions le résultat de la présidentielle
Donald Trump a refusé jeudi de s'engager à reconnaître le résultat de la présidentielle américaine de novembre sans conditions. À la question de savoir s'il reconnaîtrait le résultat de son duel avec Joe Biden, le candidat républicain a esquivé, répondant : « Si les élections sont justes et équitables, absolument. J’aurais de loin préféré accepter [les dernières]. Mais la fraude et tout le reste était ridicules. »
• Invectives en tout genre
« C'est vous le pauvre type, c'est vous le loser » a lancé tout d'abord Joe Biden jeudi à Donald Trump. Il faisait référence à des propos attribués à l'ancien président républicain à propos de soldats américains morts au combat, que Donald Trump aurait qualifiés de « pauvres types » et de « losers », ce dont le milliardaire s'est défendu jeudi, assurant qu'il s'agissait d'une citation « inventée ».
Le président Joe Biden a qualifié ensuite son adversaire républicain Donald Trump de « repris de justice », en référence à sa récente condamnation pénale à New York. « La seule personne qui soit un repris de justice, c'est l'homme que je suis en train de regarder sur scène maintenant », a lancé le dirigeant démocrate au bout de 44 minutes de débat. En réponse, Donald Trump a évoqué la récente condamnation de Hunter Biden, fils du président démocrate, pour avoir menti sur sa consommation de crack pour acheter une arme à feu.
Le président démocrate Joe Biden a plus tard de nouveau invectivé son rival républicain Donald Trump en l'accusant de n'avoir aucune morale, le traitant à plusieurs reprises de « pleurnichard ».
Donald Trump s'est attaqué plusieurs fois aux capacités intellectuelles et cognitives de Joe Biden : « Je ne sais même pas pourquoi nous avons ce débat. Cet homme n’est pas en capacité de gouverner, je le sais, vous le savez ». Donald Trump a aussi mis au défi Joe Biden de passer un « test cognitif ». « J'ai passé deux tests, des tests cognitifs. Je les ai passés haut la main [...]. Il [Joe Biden] n'en a passé aucun. J'aimerais le voir en passer un, juste un, un très facile », a lancé l'ex-président républicain.