NETTALI.COM - Il a fallu deux jours au groupe parlementaire BBY pour apporter la réplique aux députés du groupe YAW sur le débat autour de la DPG.

Fort de l'article 55 de la Constitution qui évoque la déclaration de politique générale (DPG), le groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (BBY) n'y est pas allé par quatre chemins pour inviter le Premier ministre à sacrifier à la tradition. Selon les députés de la nouvelle opposition, même la dernière sortie de leurs collègues de YAW ne pourrait sauver le chef du gouvernement, la DPG est un passage obligatoire.

"Nos collègues du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi ont cru devoir se substituer au Premier ministre en violant honteusement le principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs exhortant ce dernier à ne pas satisfaire son obligation de faire sa déclaration de politique générale, moment important de débat démocratique, conformément à l’article 55 de la Constitution", a soutenu le président du groupe parlementaire BBY Abdou Mbow.

Il poursuit pour en venir plus précisément à l'attitude de l'actuel chef du gouvernement. "Cette débandade honteuse et injustifiée ne sera pas cautionnée par la majorité parlementaire qui exige la présence du Premier ministre pour faire sa déclaration, sauf à vouloir s’inscrire personnellement dans une logique de défiance des institutions démocratiques comme à ses habitudes d’opposant. Refuser de faire face aux députés est la preuve d’une absence de courage politique adossée à une stratégie de fuite en avant".

À en croire Abdou Mbow, ne pas satisfaire à la DPG sera vu comme "une forfaiture" qui sera suivie de toutes "conséquences de droit".

Apologie de la DPG

Dans cette même logique, M. Mbow convie le président de l'hémicycle à monter au créneau, sans omettre le fait que toutes les voies légales seront utilisées afin de pousser M. Sonko à répondre à cette exigence constitutionnelle. "Nous appelons le président de l'Assemblée nationale à engager, sans délai, une clarification de la situation avec le pouvoir Exécutif, afin d’obtenir communication de la date fixée pour la DPG. Nous utiliserons toutes les ressources légales et constitutionnelles, sans aucune faiblesse, pour répondre au mépris par le mépris, la défiance par la défiance".

En effet, Abdou Mbow rappelle la sacralité de la DPG, ce "grand moment de la vie politique nationale". Il laisse entendre que le Premier ministre ne saurait se dérober face à cet exercice qui constitue un marqueur crucial dans le contrôle de l'hémicycle.

Comme de tradition, la déclaration de politique générale est un acte fondamental, majeur dans les relations entre les institutions exécutive et législative. Elle permet au chef du gouvernement nouvellement nommé de venir présenter à l’Assemblée nationale, incarnation de la souveraineté du peuple, son programme de gouvernement ainsi que ses priorités”.

Réplique aux collègues de YAW

Poursuivant son apologie de la DPG, M. Mbow a laissé entendre qu'elle est un rendez-vous privilégié entre les parlementaires et le chef du gouvernement. Dans la mesure où les échanges qu'elle aura suscités viendraient davantage l'enrichir. "Elle est aussi l’expression d’une belle marque de respect à l’égard du peuple sénégalais représenté par ses députés qui saisissent cette opportunité pour comprendre et enrichir au besoin les orientations et les actions que le gouvernement, sous l’impulsion de son nouveau Premier ministre, entend mener au service de nos populations".

Pour Abdou Mbow et ses acolytes de BBY, la dernière sortie de leurs collègues de YAW n’honore pas la fonction de parlementaire. Ce membre de l'APR n'y va pas avec le dos de la cuillère pour vitupérer contre les propos d’Ayib Daffé en milieu de semaine.

"C'est dramatique de constater que des députés supposés représenter le peuple essayent, par des subterfuges grotesques, d’exonérer le chef du gouvernement d’un tel exercice qui renforce l’exigence de transparence, consolide la vitalité démocratique et matérialise l’attachement du gouvernement et de son chef à l’État de droit et aux valeurs républicaines".

Ainsi, le porte-parole du jour a rejeté de façon catégorique l'excuse du règlement intérieur.

Selon Abdou Mbow, le celui-ci n'a pas droit au chapitre, étant donné que la Constitution règle la question en amont. "Les tristes porteurs de cette invite à la forfaiture invoquent le règlement inté- rieur de l’Assemblée nationale qu’ils qualifient de faux, fermant totalement les yeux sur l’article 55 de la Constitution qui stipule très clairement : ‘Après sa nomination, le Premier ministre fait sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. Cette déclaration est suivie d’un débat qui peut, à la demande du Premier ministre, donner lieu à un vote de confiance.’’’

Enfin, selon le président du groupe parlementaire BBY, le jeu est assez limpide : tous ces agissements de la bande à Ayib Daffé et dont le com- manditaire serait le Premier ministre en personne visent à retarder "probablement le dépôt d’une motion de censure par la majorité parlementaire".