NETTALI.COM - Le Rassemblement national (RN) est arrivé largement en tête du premier tour des élections législatives anticipées dimanche, selon les premières estimations d'Ipsos Talan, avec 34 % des suffrages. Un score historique pour le parti d'extrême droite, trois semaines après ses 31,37 % récoltés lors du scrutin européen.
Une rupture dans l'histoire du parti d'extrême droite. En recueillant dimanche 30 juin environ 34 % des suffrages au premier tour des élections législatives, le Rassemblement national a battu un double record : celui de son meilleur score historique mais aussi celui du plus grand nombre de voix obtenues par le parti à la flamme lors d'élections nationales, hors second tour.
Il y a trois semaines, lors des élections européennes, la liste menée par Jordan Bardella avait déjà créé un précédent en recueillant 31,37 % des suffrages.
La performance apparaît désormais presque modeste au regard des estimations de dimanche, qui mettent en évidence un gain d'environ trois points.
Comparée au premier tour des dernières élections législatives de 2022, la progression est d'autant plus spectaculaire : le mouvement d'extrême droite a doublé son score, et pourrait frôler le triplement du nombre de voix obtenues.
Et, alors qu'il s'était qualifié pour le second tour dans 206 circonscriptions – il était arrivé en tête au premier tour dans 110 d'entre elles –, le parti lepéniste est assuré d'être présent dimanche prochain dans un nombre très largement supérieur.
L'extrême droite pulvérise par ailleurs son record de voix, toutes élections confondues, obtenues au premier tour, jusqu'alors détenu par Marine Le Pen lors de la présidentielle de 2022 et les 8 133 828 de bulletins décomptés à son nom.
Dimanche soir, ce sont près de 11 500 000 bulletins siglés du parti à la flamme qui ont été glissés dans les urnes, à peine moins qu'à la présidentielle d'il y a deux ans... au deuxième tour.
Conséquence immédiate de ce triomphe : le RN pourrait, selon un calcul de l'AFP, empocher 9,5 à 11 millions d'euros chaque année à partir de 2025 au titre du financement public des partis politiques, contre 6,8 millions ces deux dernières années.
Une somme à laquelle s'ajoutera la deuxième moitié du financement par l'État (environ 34 millions) qui découle du nombre d'élus au Parlement, chacun des 925 députés et sénateurs rapportant un peu plus de 37 000 euros par an au mouvement auquel il est rattaché.
Candidats élus dès le premier tour
À l'échelle des précédents scrutins, les lepénistes obtiennent le meilleur score au premier tour à des élections législatives, toutes coalitions confondues, depuis douze ans.
C'est par ailleurs la première fois que le Rassemblement national devrait obtenir des députés dès le premier tour.
En 2022, toutes couleurs politiques confondues, seuls cinq candidats avaient réussi cet exploit, et à peine quatre en 2017.
Tous ces records illustrent une nette rupture dans l'histoire du parti d'extrême droite, jusqu'alors handicapé par un solide plafond de verre, fissuré par les élections européennes d'il y a trois semaines et qui semble désormais anéanti.
Survenu de manière spectaculaire dans le paysage politique français lors des européennes de 1984 en recueillant 10,95 %, le Front national avait ensuite essaimé jusqu'à convaincre 16,86 % d'électeurs de voter pour son fondateur, Jean-Marie Le Pen, lors du premier tour de l'élection présidentielle de 2002.
L'exploit de dimanche apparaît ainsi comme l'aboutissement de la stratégie de dédiabolisation, banalisation, voire normalisation du Rassemblement national, à qui les portes du pouvoir semblent, pour la première fois, accessibles.
Avec AFP