NETTALI.COM - Décédé en détention, Mamadou Kanouté a été arrêté dans le cadre de l’enquête de l’affaire du saccage présumé du véhicule de la Préfecture de Bakel, occasionnant des blessures sur un membre de la délégation en visite au niveau de la Falémé. L’autopsie révèle une mort naturelle, ce que rejette la famille. 

Mamadou Kanouté, âgé de 65 ans, détenu à la Maison d’arrêt et de correction de Tambacounda, est décédé au Centre hospitalier régional de Tambacounda le 25 juin à la suite de son évacuation.  Sur réquisition du Procureur, l’autopsie réalisée par le médecin légiste fait état d'une mort suite à un infarctus du myocarde (crise cardiaque).

Décédé à la veille du délibéré du procès, prévu le 26 juin

Au nombre de 20, y compris le chef de village de Nieniekho dans la commune de Sadatou, département de Bakel, le défunt et ses camarades ont été placés en détention préventive dans le cadre du saccage présumé du véhicule de la Préfecture de Bakel, occasionnant des blessures sur un membre de la délégation en visite au niveau de la Falémé. Ces derniers protestaient contre l’attitude des autorités qui leur avaient rendu visite, suivie d’une rencontre au domicile du chef de village. Les populations ont été dans une colère noire lorsqu’ils ont aperçu les autorités en compagnie des Chinois qui avaient fini de polluer les eaux de la Falémé. Le Procureur avait requis 2 ans, dont 1 mois ferme à leur encontre. Finalement, le Tribunal a prononcé une extinction de l’action publique suite au décès. Trois prévenus ont été relaxés et 16 ont été condamnés à 2 ans de prison avec sursis.

La famille rejette les résultats de l’autopsie

Après la sortie des résultats de l’autopsie, sa famille et ses proches ont rejeté les conclusions de la cause du décès, établies par le médecin légiste qui tendrait vers une mort naturelle. La famille qui a réceptionné le corps du défunt, a finalement procédé à son inhumation. Idrissa Macalou, porte-parole de la famille, déplore la manière dont Mamadou Kanouté a perdu la vie. «On l’a torturé. Mamadou n’avait rien. Ce sont les gendarmes qui l’ont tué… Toutes les personnes arrêtées par les gendarmes ont été torturées par ces hommes en bleu avec des cross de fusils durant toute la durée de leur séjour à la gendarmerie, avant d’être déférés», dit-il, le cœur meurtri. Ces propos sont partagés par ses deux enfants qui ont été également interpellés au moment des faits. Ils sont revenus sur le film. Ils ont tous chargé les gendarmes qu’ils accusent être en conflit, depuis plusieurs années, avec les travailleurs des sites d’orpaillages.

Le défunt inhumé hier dimanche

Le corps sans vie du défunt a été remis à ses parents samedi dernier. C’est ainsi que la famille a procédé à son inhumation ce dimanche au cimetière musulman du village de Nieniekho. Mamadou a été conduit à sa dernière demeure après la prière de 14H. Toute la contrée lui a rendu un dernier hommage. Parents, amis, proches et membres du Bureau du Conseil d’administration de "Sauvons la Falémé’’ ont apporté des témoignages sur le défunt. «La disparition de notre camarade laisse un vide immense dans notre mouvement et nous sommes tous profondément attristés par cette perte. Notre camarade était un fervent défenseur de la justice sociale et de la liberté, et il a consacré sa vie à la lutte pour un monde meilleur. Sa détermination, son courage et sa passion pour cette cause ont inspiré de nombreuses personnes autour de lui et son engagement restera gravé dans nos mémoires pour toujours. Nous rendons hommage à notre cher camarade en ce jour et nous nous engageons à poursuivre son combat avec la même détermination et la même force. Sa mémoire restera vivante parmi nous et nous continuerons à nous battre pour les idéaux auxquels il croyait si profondément. Tu resteras à jamais dans nos cœurs et ton sacrifice ne sera jamais oublié. Ton combat pour la justice et la liberté continuera à nous guider dans notre lutte quotidienne. Tu es et resteras un véritable martyr de la cause», témoigne le Président Tamba Savané.