NETTALI.COM - "Je réitère ici l’ancrage du Sénégal dans la CEDEAO, en tant que membre fondateur (...) nous devrons sans doute débarrasser la CEDEAO des clichés et stéréotypes qui la réduisent à la posture d’une organisation soumise aux influences de puissances extérieures et distante des populations qu’elle a la responsabilité historique de servir, conformément à son Acte constitutif", a déclaré le président Bassirou Diomaye Faye.
Avant de poursuivre : "(...) Nous devons tout faire pour éviter le retrait des trois pays frères de la CEDEAO. Ce serait le pire des scénarios et une grande blessure au panafricanisme que les pères fondateurs nous ont légué et que nous avons la responsabilité historique de sauvegarder et de transmettre aux générations futures."
Une mission qui se révèle à priori bien délicate, la marge de manœuvre du président Faye étant limitée du fait surtout d'un manque d’ouverture de ces régimes dans cette période de transition qui ne lui facilite guère la tâche, si on en croit l'analyse d'un diplomate sénégalais sous couvert de l’anonymat. Le président sénégalais a en effet intérêt á surfer entre les aspirations souverainistes des pays sahéliens et les intérêts de la communauté régionale.
Malgré les tensions, la CEDEAO a laissé la porte ouverte aux trois pays sahéliens pour un éventuel retour. Le président sénégalais a accepté de se rendre chez les putschistes pour tenter une médiation, mais a également reconnu la possibilité d'une rupture définitive.
Pour rappel, dès son accession au pouvoir, le président sénégalais s’est rendu á Bamako et á Ouagadougou et avait même écrit au général Tiani pour une visite de travail à Niamey. Mais, selon des sources diplomatiques, les autorités nigériennes ont annoncé que l’agenda du président était chargé.
Le week-end des 6 et 7 juillet 2024 a en tout cas mis en lumière les défis complexes et les dynamiques changeantes en Afrique de l'Ouest. La création de la Confédération des États du Sahel (AES) et les discussions au sein de la CEDEAO soulignent les aspirations divergentes des pays de la région et les efforts pour trouver des solutions pacifiques et durables. Le rôle du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye sera décisif dans la médiation et la promotion de la stabilité et de la coopération régionale.
Soulignons tout de même que la création de l'AES et la possible rupture avec la CEDEAO, ont des implications profondes pour la région. La mutualisation des ressources par les pays sahéliens pourrait renforcer leur capacité à lutter contre les groupes djihadistes, mais la désintégration de la CEDEAO pourrait exacerber l'insécurité régionale. De même la désintégration perturberait ces avantages acquis par les populations de la CEDEAO qui ont bénéficié de la liberté de mouvement et d'un marché commun de plus de 400 millions d'habitants. Ce qui serait source d'aggravation des tensions économiques et sociales.
Dans son discours, Omar Alieu Touray, président de la Commission de la Cédéao, n’a d'ailleurs pas hésité à exprimer ses inquiétudes quant à cette situation. "Notre région n’a jamais connu simultanément autant de défis depuis de nombreuses années. En effet, en dehors de nombreuses menaces liées à la paix et à la sécurité, ainsi que des défis liés à la pauvreté, notre région est égale- ment confrontée au risque de désintégration. Car, comme vous le savez tous, le 29 janvier dernier, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont notifié à la Commission leur intention de quitter la CEDEAO avec effet immédiat", a-t-il déclaré.