NETTALI.COM - Aliou Sall et Mansour Faye s’entendent comme chien et chat. Le Vendredi 12 juillet, sur les ondes de la RFM, le frère de Macky Sall n’a pas cessé de jeter des pierres dans le jardin du frère de Marième Faye. Il a aussi parlé de la manière dont Mansour Faye a abordé la problématique de l'eau. L'invité de Babacar Fall a également évoqué son avenir politique, celui de l’APR, entre autres.

Les relations entre le frère de Macky Sall et son beau-frère n’ont jamais été au beau fixe. Elles sont devenues exécrables. Aliou Sall et Mansour Faye s’écharpent par médias interposés. Hier, M. Sall n’a pas été du tout tendre avec ce dernier.

Invité à la RFM, il a tiré à boulets rouges sur le frère de Marième Faye qu’il accuse de l’avoir traité de "traître". "Dans la langue wolof, il y a de la diplomatie, mais il (Mansour Faye) a pratiquement dit que je suis un traître. Que j’ai trahi mon grand frère. Normalement, je ne devrais pas accorder d’importance aux paroles de Mansour Faye. Il est comme un âne ; à chaque fois qu’il ouvre la bouche, il dit des bêtises. Ses paroles sont toujours empreintes d’impolitesse et de médiocrité. C’est la raison pour laquelle je devrais laisser passer, mais il a touché ma sensibilité", a déclaré Aliou Sall sans détour, devant le journaliste Babacar Fall.

"Avant de se mêler de ma relation avec mon grand frère, avec qui je partage le même père et la même mère, il devrait avoir de la retenue, compte tenu de ce que Macky Sall a fait pour lui et ses proches. Il a tout eu sous le magistère de Macky Sall, simplement parce qu’il est son beau-frère. Moi, Macky, je l'apprécie grâce à Dieu. Je suis prêt à beaucoup me sacrifier pour lui", a poursuivi l’ancien maire de Guédiawaye.

Il explique que même s’il décide de quitter l’APR, si Macky Sall revenait, il serait avec lui. "Je ne le trahis pas. C’est peut-être facile pour lui de chercher un autre nom en se faisant appeler Faye-Sall. Mais moi, je ne suis pas prêt à changer de nom de famille. Le fait qu’il me traite de traître m’a fait très mal. Je suis allé jusqu’à ouvrir un livre d’état civil pour essayer de comprendre. Je ne comprends pas pourquoi il a eu l’audace de me dire cela. Je lui demande de faire une introspection pour voir si, parmi ses parents ou grands- parents, il y a eu des traîtres. C’est peut-être pour cela qu’il me considère comme tel", a fulminé Aliou Sall.

Soutenant que les transhumants n’ont "pas de vergogne", il dit ne pas comprendre qu’un politicien soit membre d’un gouvernement jusqu'à la veille d’une élection puis change de camp.

Néanmoins, il prend la défense de Mary Teuw Niane, ministre directeur de cabinet de la présidence. "D’autres comme Mary Teuw Niane ont eu des raisons de sortir de la coalition Benno. Il a été poussé à la sortie pour faire place nette à Mansour Faye à Saint-Louis" a-t-il indiqué. Il relève ainsi des ‘’erreurs de management politique’’ faites par Benno Bokk Yaakaar, estimant qu’il pouvait y avoir une cohabitation entre les deux leaders à Saint-Louis. "Les victoires qu’il a eues là-bas, si ce n’était pas l’aide de Macky Sall, ça aurait été autrement", a-t-il persiflé.

"Mansour Faye comme candidat présidentiel, ça aurait été ridicule pour l’APR"

Les attaques d’Aliou Sall concernent aussi la question de la gestion des affaires publiques. Par rapport à la solidarité nationale, dont Mansour Faye s’occupait, il dit : "Pour ça, c’est facile. Il s'agit juste de faire du social tout en assurant que la distribution se fasse dans les normes. Y a- t-il de la transparence ? Certains disent que la distribution n'a pas été faite dans les règles de l’art, qu’il a été épinglé par le rapport de la Cour des comptes. Personnellement, je n'ai pas lu le rapport."

Par contre, il ne s’est pas gêné pour critiquer sa gestion de l'hydraulique qu’il qualifie de catastrophe. "L'eau est un sujet très sensible au Sénégal. Alors qu'une partie du financement de la gestion de l'eau a été assurée par le gouvernement sénégalais et l'autre par la diaspora, il confie le projet à des entreprises privées qui n'apportent aucun financement. La qualité de l'eau en pâtit, c'est une catastrophe", a déploré Aliou Sall, qui dit s’en arrêter-là pour le moment, soulignant qu’il a beau- coup d'autres informations, des ‘’bombes’’ en sa possession. Qu’il n’hésitera pas à déballer si Mansour Faye lui cherche encore des noises.

"L’APR, c’est une dynastie Faye-Sall"

Pis, au sujet de l’Alliance pour la République (APR), il soutient qu’à ce jour, "tout porte à croire que c’est une dynastie Faye-Sall". Il précise : "il ne s’agit pas de la famille Faye- Sall. C’est une fratrie Faye qui a pris en otage un Sall et nommé cette dynastie Faye-Sall. Aujourd'hui, tout homme qui met son énergie sur l’APR, qu’il sache qu’il travaille pour Mansour Faye."

Aliou Sall révèle que beaucoup de réunions ont eu lieu pour que Mansour soit candidat pour succéder à Macky Sall. "Il l’était d’ailleurs, on a dit non’’, dit-il. "Parce que, quand même, Mansour Faye comme candidat présidentiel, ça aurait été ridicule pour l’APR et pour toutes les personnalités qui ont cru en Macky Sall. Parce qu’il ne peut l'être. Il n’a ni l’envergure, ni le savoir, ni la posture", a-t-il ajouté.

Le frangin de l’ex-président estime qu’il faut qu’il y ait de la démocratie dans le parti APR, si Macky Sall veut conserver son héritage politique et continuer à jouer un rôle important dans la politique au Sénégal. "Ou bien qu’il prenne la décision de désigner quelqu’un, même si c’est Mansour Faye. C’est mieux que de faire tous ces schémas. C’est sûr que si Mansour Faye est choisi, l’APR, c’est fini", a indiqué le frère de Macky Sall.

En ce qui concerne son avenir politique, il a affirmé son appartenance à l’opposition. "Moi, je ne peux pas rejoindre Diomaye et Sonko ; je les combats. Je parle de l’avenir, d’ici cinq à dix ans", a-t-il soutenu.

Toujours au sujet de son avenir politique, soulignant que la politique n’est pas la vie, il déclare : "Je ne suis pas obnubilé par la politique. La politique est un virus ; quand ça t’attrape, ça ne sort plus. Mais ça ne veut pas dire que forcément, tu entres dans un parti politique, courir de gauche à droite pour des postes. Si j’ai des alliés sur la base de principes, je ferai de la politique pendant les prochaines législatives ou au- delà. Si je ne vois pas des personnes qui me conviennent...’’

"Nous devons nous constituer pour une large plateforme de gauche"

Aliou Sall fera-t-il une alliance avec Amadou Ba ? Il indique que ce dernier peut être une alternative dans ce pays, en ce sens qu’il a de l’expérience et qu’il apprécie sa droiture. "Il était mon patron et je sais qu’il connaît comment gouverner un pays", a-t-il soutenu. Il s'empresse d’ajouter : "Mais ça ne suffit pas. Je ne peux plus suivre un leader sans savoir où il va m’amener et quelle est ma place dans son projet."

Pour l’heure, Aliou Sall est en discussion. Il affirme même avoir eu des pourparlers avec le Parti socialiste pendant qu’Amadou Ba était à l’extérieur. "C’est un parti qui me fascine du point de vue de sa capacité organisationnelle", a-t-il dit. Mais Aliou Sall estime qu’il doit y avoir une reconfiguration politique. Les partis de gauche doivent discuter, selon lui. Car, à ses yeux, la donne a changé. "Benno Bokk Yaakaar était hétéroclite. Aujourd'hui, le chef du parti, Macky Sall, n’est plus dans le jeu politique local. Je crois qu'il y a des forces politiques au sein de Benno qui sont de gauche. Elles doivent se parler. Elles doivent se réunir avec le Parti socialiste, l’AFP, Amadou Ba et nous. Nous devons nous constituer pour une large plateforme de gauche" a invité le frère de Macky Sall.

Quels que soient les prochains alliés, Aliou dit qu’il n'acceptera pas de vivre ailleurs ce qu’il a vécu à l’APR : "Les complots, les décisions prises sans aviser." Il donne plus de détails : "Je ne pouvais l’accepter que pour Macky Sall. Je ne l’accepterai pour personne d’autre, Amadou Ba y compris. Je ne m’engagerai plus sans transparence, respect mutuel et égalité. Le plus important, c’est l’idéologie, ensuite, l’organisation. L’élément qui s’ensuit et qu’on avait avec Macky Sall, c’est le leadership affirmé, accepté. Un leadership dynamique capable de persuader les gens et de faire avancer les choses. Si tous ces éléments sont réunis, cela me convient."

L’histoire de Mimi Touré et la présidence de l’Assemblée nationale

Interrogé sur Mimi Touré, qui a critiqué Macky Sall sur sa nouvelle fonction (Envoyé spécial de Macron), Aliou dit ne plus reconnaître Mme Touré. "Je crois que l’injustice qu'elle a subie à l’Assemblée nationale la tourmente. Je dis injustice, parce qu’on a fait l’erreur de la laisser diriger les législatives. Puisqu’elle les a dirigées, on devait la laisser diriger l’Assemblée nationale", a-t-il indiqué.

Mais il dit comprendre le choix de Macky Sall. Ce dernier voulait un président de l’Assemblée nationale avec qui il pouvait s’entendre parfaitement, d'après Aliou. "Amadou Mame Diop est intelligent, posé et très poli". Le choix porté sur lui ne l’a donc pas surpris.

Que pense-t-il vraiment d’un retour de Macky Sall ? "Je serai très surpris, s’il fait ça. C’est un homme intelligent. Vu son parcours et les responsabilités qu’il a aujourd'hui, il doit avoir d’autres visions pour l’Afrique et le monde’, a-t-il estimé. ‘’Maintenant, c’est normal qu’il souhaite que son héritage politique soit bien géré, mais c’est un héritage piégé par Mansour Faye et son cercle restreint. La preuve, s’ils font une liste, tu ne verras pas Mansour Faye sur la liste de Saint-Louis ; il sera sur la liste nationale. Tout ça, pour avoir des postes de députés pour se protéger d’éventuelles poursuites ou pour pouvoir changer de position politique après. Moi, cela ne fait pas partie de mes valeurs. Je ne veux aucune relation politique avec ceux qui sont là’’, a ajouté Aliou Sall qui n’arrive pas à digérer d'être traité de ‘’traître’’.

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