NETTALI.COM - Au Service neurologique de l’hôpital de Fann, les pathologies les plus fréquentes sont les AVC et l’épilepsie. C’est le chef dudit service, le professeur Amadou Gallo Diop, qui en a fait l’annonce avant de donner des recommandations pour lutter contre les maladies liées à la neurologie.
Le Sénégal abrite la 4e Conférence de l’Académie africaine de neurologie et la 5e journée de l’Association sénégalaise de neurologie, du 11 au 17 juillet. Dans le cadre des activités de cette rencontre, le directeur général de la Recherche et de l’Innovation au ministère de l’Enseignement supérieur a donné une conférence sur les maladies liées aux neurones. D’après le chef du service de neurologie, par ailleurs agrégé de neurologie, les malades qu’il reçoit le plus fréquemment chaque jour en neurologie à l’hôpital de Fann, sont ceux atteints d’AVC et d’épilepsie. Au moins la moitié des lits de ses services est occupée par des patients atteints d’AVC, informe le Pr. Amadou Gallo Diop.
"La moitié des malades que nous hospitalisons en neurologie à Fann pour AVC n’ont pas 50 ans. L’âge des patients qui font des AVC est de plus en plus jeune. Parce que c’est très tôt que l’éducation sur le plan alimentaire et que l’activité physique ne se font pas ; on voit les maladies apparaître très tôt. La deuxième maladie fréquente est l’épilepsie. Au moins, les épileptiques viennent consulter depuis que nous avons mis en place la Ligue sénégalaise contre l’épilepsie pour montrer que ce n’est pas une maladie du diable, ce n’est pas de la sorcellerie ; n’importe qui peut faire une crise d’épilepsie. Maintenant, les gens viennent consulter alors qu’avant, ils se cachaient", se félicite le Pr. Diop.
Qui poursuit : “Un enfant qui fait des crises d’épilepsie et chez qui l’on vérifie que son cerveau n’a pas d’anomalie grâce au scanner et autres examens, s’il prend son traitement, cela coûte 700 F CFA maximum la boîte, qui va durer un mois avec un comprimé par jour et vient régulièrement à ses rendez-vous. Près de 75 % des enfants qui souffrent d’épilepsie, quand on les reçoit très tôt et qu’ils sont sous traitement, peuvent guérir de leur épilepsie au bout de cinq, voire quinze ans de traitement. Les autres maladies que l’on peut citer, sont les migraines et les maux de tête dont une des raisons, est le manque de sommeil. La pollution de la ville qui fait que l’oxygénation n’est pas bonne, cause des maux de tête. À côté des maux de tête physiques, il y a ceux liés au stress, au mal-être et aux difficultés de la vie, car les gens, au moindre problème, le cachent dans leur corps et cela génère des insomnies et entretient les maux de tête”.
Il y a également tout un ensemble de maladies où les gens ont des problèmes de marche, soit parce qu’ils ont des problèmes de nerfs à cause des effets du diabète qui détruit les nerfs sans aucun signe et quand ils viennent, les nerfs sont très souffrants, soit parce qu’ils ont des problèmes lombaires dus à un manque de sport ou à des traumatismes ou encore parce qu’ils soulèvent des charges très lourdes, selon lui. "Alors qu’il y a une manière de soulever une charge lourde", préconise-t-il.
Les quatre recommandations du Pr. Diop
Dans la rue, il est d’avis qu’il y a des gens qui, quand ils marchent, parlent ou restent assis, ils ont des perturbations qui peuvent être distrayantes, mais aussi extrêmement gênantes.
Selon le professeur Amadou Gallo Diop, ils ne sont pas paralysés, mais il n’y a plus de coordination de leurs mouvements, ce qui est dramatique. Ce sont des maladies qui peuvent durer des années et dont certaines n’ont pas de traitement permettant de les faire disparaître immédiatement. On leur donne des médicaments, dont la majorité n’existe pas au Sénégal.
D’autres maladies, selon lui, ont une cause génétique, par exemple, lorsque le père et la mère ont des relations de parenté très proche, ce qui est interdit, car si une maladie génétique est présente chez les deux, c’est l’enfant qui en subira les conséquences les plus dramatiques. "Ces maladies n’ont jusqu’à ce jour pas de traitement adéquat. Pour certains, on essaie des tentatives de la chirurgie et autres interventions, ce qui représente un gros problème pour les neurologues. C’est pourquoi nous insistons beaucoup sur la prévention. Lorsqu’une maladie grave touche le cerveau, sachant que les cellules du cerveau ne se multiplient pas, les conséquences et les séquelles peuvent être lourdes", informe-t-il.
Se focalisant sur les AVC, il déclare : “Un tiers des AVC entraîne une mort rapide, tandis que les deux tiers restants vont garder des séquelles pendant des années. Il y a aussi les problèmes musculaires avec des maladies comme la myasthénie où un enfant peut naître, apprendre à marcher à quatre pattes, marcher debout jusqu’à l’âge de 6 à 8 ans, puis ses muscles commencent à fondre jusqu’à ce qu’il meure tôt ou tard avec des handicaps terribles. D’autres patients peuvent avoir des problèmes dans une partie du cerveau appelée le cervelet. Les muscles fonctionnent normalement, mais il y a un manque de coordination au niveau du langage, avec des conséquences dramatiques”.
Le neurologue d’insister sur la nécessité de donner aux populations des conseils d’hygiène de vie et de prévention des maladies neurologiques, car toutes les maladies neurologiques n’ont pas de traitement rapidement efficace.
Selon le spécialiste, c’est le système qui a le développement et l’évolution les plus complexes de tous les organes. Il préconise de manger de manière saine, en évitant les excès de sucre, de sel et de matières grasses. Il recommande également une activité physique régulière, quel que soit l’âge, même si c’est une marche de 30 minutes par jour ou quelques mouvements gymniques.
“L’autre recommandation est que la nuit est faite pour dormir. Il faut s’arranger pour dormir chaque jour un minimum de six heures, surtout chez les enfants, car les déficits de sommeil peuvent entraîner des problèmes d’apprentissage et autres. La quatrième recommandation est d’apprendre à faire face aux difficultés de la vie sans sombrer dans le découragement. Il ne faut pas chercher le réconfort dans des artifices comme la cigarette, l’alcool ou les drogues. Chaque jour, on entend parler de cocaïne et autres drogues dans la presse. Il faut insister sur l’impor- tance des premières années de vie : le père et la mère doivent porter une attention particulière à l’éducation des enfants. Si cela n’est pas bien géré, cela finit par impacter le système nerveux, qui est le système le plus spectaculaire en termes de maladies et dont le traitement et l’évolution sont les plus compliqués en 2024, malgré les recherches effectuées dans ce domaine", prévient le Pr. Diop.