NETTALI.COM - Le président du mouvement Alliance générationnelle pour les intérêts de la République (Agir), Thierno Bocoum, a déclaré, hier, lors de son point de presse, que Bassirou Diomaye Faye doit démissionner, s’il s’estime moins légitime que son Premier ministre, car la Constitution sénégalaise ne reconnait pas de “président par intérim”.

Face à la presse, hier, Thierno Bocoum a fait le débriefing de l'entretien que le chef de l'État a accordé à la presse nationale. À cette occasion, il a déclaré que Bassirou Diomaye Faye est un "président par intérim"

En effet, a-t-il expliqué, ce dernier est là pour aller vers une réforme constitutionnelle et donner des pouvoirs au Premier ministre. "S'il pense que le Premier ministre est plus légitime, qu'il démissionne et organise des élections. C'est aussi simple que ça. Ce qu'il veut imposer au Sénégal est anticonstitutionnel. Un président par intérim n'existe pas. Un président qui est sous l'ombre du Premier ministre n'existe pas dans l'état actuel”, a insisté le leader du mouvement Agir. Mieux, poursuit-il, "ce qui est clair, c'est qu'il (Diomaye) a fait comprendre aux Sénégalais qu'il veut être remplacé par son Premier ministre et nous disons que c'est extrêmement grave".

Dans la même veine, Thierno Bocoum a souligné qu'il n'y a ni projet ni vision, mais plutôt un deal. À l’en croire, le chef de l'État, lors de son entretien avec la presse, a été plus à l'aise sur ses relations avec le Premier ministre.

Déclaration de politique générale

En effet a-t-il expliqué, BDF veut donner des gages. C'est-à-dire, dit-il, il veut montrer qu'il va rester loyal. "Monsieur le Président, nous ne sommes pas en famille, nous sommes en République", a-t-il lancé.

Revenant sur la déclaration de politique générale du Premier ministre, Thierno Bocoum est d'avis qu'au nom de la séparation des pouvoirs, le PM n'a pas la possibilité ni le droit de s'adresser à l'Assemblée nationale, encore moins de lui donner des injonctions sur la modification du règlement intérieur. Ainsi, il a déploré le fait que le Premier ministre, un nommé, donne des injonctions à des élus, ce qu'il trouve d'ailleurs inacceptable. L’ancien député s’est tou- tefois félicité qu’il n’y ait pas de DPG devant un jury populaire ce 15 juillet 2024.

Mais selon lui, c’est surtout grâce à la mobilisation des démocrates, des républicains, des Sénégalais adossés aux valeurs démocratiques. “Nous avons entendu le président de la République dire qu'il a appelé le PM et le président de l'Assemblée nationale. Mais ce qu'il a ajouté, c'est qu'apparemment, lui était d'accord pour une déclaration de politique générale devant un jury populaire en donnant même des explications pour soutenir l'idée de son PM, ce qui est inacceptable”, a-t-il fustigé.

À ceux qui estiment qu’il est très tôt de critiquer le gouvernement en place, le président du mouvement Agir rétorque : "Est-ce que nous avons une seule fois demandé au gouvernement de nous révéler le nombre d'emplois créés ? Non, parce que c'est tôt. Ils viennent d'arriver. Mais ce n'est pas tôt lorsqu'il s'agit des choses factuelles qui ont un effet immédiat. Ce n'est pas aussi tôt quand quelqu'un veut violer la loi. On va lui dire de ne pas le faire. Il faut savoir faire la part des choses. Ce n'est jamais tôt de donner son point de vue. De dire stop, de veiller au respect de la loi, des institutions, de la bonne conduite de nos gouvernants." Pour lui, c’est même les aider.

Dans le même sillage, M. Bocoum a souligné que le jour de l'entretien, il a entendu un président qui, mal- heureusement, montre qu'il n'est pas respectueux de l'État de droit. "Je trouve ahurissant qu'il puisse justifier le fait qu'un Premier minis- tre décide de faire sa déclaration de politique générale devant un jury populaire. Si cela s'était matérialisé, à travers une décision quelconque du président de la République, il aurait pu être poursuivi pour haute trahison", a-t-il critiqué.