NETTALI.COM - Le délibéré sur l’affaire portant diffamation, opposant les anciens ministres Amadou Mansour Faye et Aminata Touré, sera connu le 8 août prochain. Le procès a été évoqué ce jeudi devant le juge correctionnel de Dakar. L’édile de Saint-Louis impute à Mimi Touré des propos diffamatoires concernant sa gestion «des mille milliards du Covid 19». Au cours du procès les parties ont réclamé chacune 1 milliard FCFA.

Le procès en diffamation opposant l’ancienne présidente du Conseil économique, social et environnemental, Aminata Touré, à l’ancien ministre Mansour Faye, a été enrôlé et évoqué au fond ce jeudi 25 juillet 2024, devant le tribunal correctionnel de Dakar. Dans ce bras de fer judiciaire, le maire de Saint-Louis accuse Aminata Touré dite Mimi d’avoir publié sur sa page Facebook des propos diffamatoires sur sa gestion «des 1000 milliards du fonds Covid 19». Décidé à éclairer la lanterne du tribunal sur les contours de cette nébuleuse, la prévenue Aminata Touré s’est présentée à la barre de ladite juridiction de jugement. Son accusateur, Amadou Mansour Faye qui a brillé par son absence (il n’est pas tenu de se présenter), a été représenté par ses avocats.

A l’issue des débats d’audience, le juge correctionnel a mis le dossier en délibéré pour être vidé le 8 août prochain. Ceci, après que chacune des parties a réclamé la somme d’un milliard FCFA. Mansour Faye soutient qu'il veut une juste réparation pour avoir subi, au moment où la prévenue parle de «procédure abusive», pour justifier sa demande.

Pimpante dans son «Obasanjo» blanc, affichant une sérénité imperturbable, l’ancienne Premier Ministre s’est présentée au palais de justice à 9 heures, en compagnie de ses militants qui ont assailli la salle d’audience n°3. Ce n’est que plus tard, vers 13 heures que l’affaire a finalement été appelée à la barre. A l’entame du procès, les avocats de la défense ont soulevé des exceptions de nullité. Ils ont rappelé au juge que le dossier en question «affaire des fonds covid 19», est pendant en instruction. Il est donc, selon eux, prématuré de se prononcer sur cette question. Toujours selon la défense, les faits de diffamation ne peuvent, en tous les cas, être retenus contre Mimi Touré. En réponse à leur requête, le juge a précisé que l’exception soulevée sera jointe au fond, avant d’ordonner la poursuite des débats.

A la question de savoir si elle est bien l’auteure de la phrase : «Macky Sall est le premier responsable de ce carnage financier sans précédent dans l’histoire du Sénégal, carnage auquel a activement participé son beau-frère, Mansour Faye», la prévenue Aminata Touré a répondu par l’affirmative. D’un débit haut et pondéré, elle a expliqué au juge que ce post fait suite à une longue série d’acharnement sur sa personne. Et, poursuit-elle, Mansour Faye n’est cité qu’accessoirement. Lorsque le juge lui a demandé le fondement de ses accusations, l’ancienne présidente du Cese dira qu’elle tire ses allégations du rapport de la Cour des comptes. «Il est clairement relevé par la Cour des comptes, l’existence d’une surfacturation de 25 mille FCfa sur le prix de la tonne de riz. Le total des surfacturations est chiffré à 2,700 milliards. C’est bien mentionné aux pages 101 et 103 dudit rapport», assure-t-elle. Pour preuve à ses propos, Mimi soutient que «des centaines de Sénégalais ainsi que des journalistes l’ont repris. 20 députés Sénégalais ont aussi demandé à ce que Mansour Faye soit attrait devant la haute cour de justice de la Cedeao», a relevé la prévenue Aminata Touré. S’invitant au débat, le substitut du procureur lui a demandé pourquoi le choix du mot «carnage». L’ex-premier ministre tranche net. «C’est pour faire allusion à la dilapidation excessive dont le beau-frère de l’ancien président (Macky Sall) a fait preuve. Autant d’argents pouvaient servir à construire plus de 3 hôpitaux», a-t-elle préconisé. Le procureur de renchérir avec une autre question portant sur ses réelles motivations. Pour l’ancienne présidente du Cese, elle exprimait juste son indignation, tout en encourageant les nouvelles autorités à faire toute la lumière sur cette nébuleuse. A l’en croire, même si le rapport ne cite pas nommément Mansour Faye, celui-ci a été cité en référence au ministère du Développement communautaire et de l’équité sociale qu’il pilotait à l’époque. Elle s'empresse de préciser dans la foulée que «Mansour Faye est ordonnateur des dépenses de son ministère. Par conséquent, aucune décision ne pouvait être prise sans son approbation.»

Le dossier sera vidé le 8 août prochain

L’ancienne présidente du Cese a aussi déclaré qu’elle n’a aucune excuse à présenter au plaignant. Mais, selon les avocats de la partie civile, il ne s’agit pas de communiquer un rapport, il est plutôt question d’apporter la preuve d’allégations jugées diffamatoires. Plus «radical» dans sa plaidoirie, Me Adama Fall dira qu’Aminata Touré veut juste assouvir une vengeance politique. Pour étayer ses propos, l’avocat soutient que le rapport de la Cour des comptes ne cite pas nommément Amadou Mansour Faye. Les avocats de la partie civile ont en sus, réclamé un milliard de francs Cfa, à titre de dommages et intérêts. A leur suite, le parquet a requis l’application de la loi. Pour la défense, Mimi Touré n’a pas parlé de détournement de deniers publiques. Dans sa plaidoirie, Me Moussa Sarr a précisé «qu’à la page n°102 du rapport, le Dage, Amadou Sow a mentionné que c’est Mansour faye qui lui a remis un tableau de fixation de prix du ministère des commerces qu’il a remis à son tour à la commission.» Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe pure et simple, non sans réclamer 1 milliard FCfa pour «procédure abusive». Le dossier sera vidé le 8 août prochain.