NETTALI.COM - Lorsque nous relevions dans une de nos récentes chroniques, que le débat public au Sénégal est d’un niveau très bas, ces dernières années, ce n’était point pour paraître élitistes ou inutilement aériens. Nous ne savions même pas que les insultes allaient venir se mêler au débat pour le rendre encore plus désastreux qu’il n’est. Et les faits récents hélas nous donnent raison avec cette sortie malheureuse et blasphématoire de celui-là qui se fait appeler « Imam ».
« Imam », une charge pourtant bien lourde à porter dans l’Islam, mais que des individus sous nos cieux semblent prendre à la légère. Dramé pour le nommer comme il sied et éviter de lui attribuer ce titre qui ne devrait aller qu’avec l’honorabilité de celui qui en porte dignement la charge, est apparu comme par enchantement, un jour, aux yeux du public, en faveur du combat pastéfien ! Un illustre inconnu pourtant dans un passé récent !
Mais que sait-on réellement de ses faits d’armes ? Rien, sinon ce qu’il nous en a dit. A savoir qu’il est un fils des daaras. Des disciples des daaras comme il en pullule sur nos plateaux-télés et du net.
Pour un vrai imam, l’on attendait plus de Dramé qu’il nous servît un prêche dans le sens de nous aider à purifier nos âmes de pêcheurs invétérés. Mais ce cher Dramé nous a au contraire causés beaucoup de torts, en faisant siffler nos oreilles bien sensibles. Il les a en tout cas bien agressées avec ses insanités qu’il a débité, persistant dans le manque de retenue et sans regret aucun. Tout se passe comme s’il rivalisait d’insultes dans le cadre d’un concours où il est question de primer le plus insolent.
Et même si les germes de la culture de la haine sur le champ politique sont bien semés sous nos cieux, il pouvait bien nous épargner ces vulgarités qui n’amènent rien du tout au débat, sinon encombrer davantage une atmosphère déjà bien pesante et surchargée de polémiques inutiles et sans épaisseur.
Que les ministres El Malick Ndiaye et Ousseynou Ly ne répondent pas aux coups de fil des militants, doit-il conduire à certains excès ? Après tout, ne sont-ils pas libres de ne pas répondre au téléphone ? Ils doivent en tout cas être bien occupés, - s’ils font ce pourquoi ils ont été nommés -, pour ne pas avoir à passer leur temps à répondre au téléphone, surtout si cela ne concerne pas directement leur boulot.
Un vrai faux problème que cette accusation de Dramé. L’on espère juste que ces coups de fil ne sont pas destinés à dire : "tenez bon", "bravo" ou "il faut tous les foutre en prison, ces pilleurs de la république". A moins peut-être que cela ne soit pour quémander quelques espèces sonnantes et trébuchantes. Le racket est en tout cas une habitude bien installée dans l’arène politique sénégalaise.
Ou peut-être qu’il s’agirait de ne point se faire oublier dans les nominations en ces temps de partage du gâteau. Soulignons quand même que 81 postes ont été distribués, la semaine dernière, à l’issue du Conseil des ministres. Il est vrai que le gâteau commence à bien s’amenuiser.
Si Dramé souhaite obtenir un poste, il a bel et bien le droit de prétendre au regard de la tournure des nominations qui virent à la récompense de Pastéfiens qui n’ont pas forcément plus de mérite que lui dans ce combat. Mais qu’il le fasse avec mesure et respect. Mais comme on dit, chasse le naturel, et il revient au galop.
Mais le comble avec Dramé, c’est lorsque ses accusations sont faites sous l’angle privé, en allant même jusqu’à chercher à ternir des réputations, à savoir que ces ministres répondent pourtant aux jeunes femmes. "C’était juste un jeu pour titiller un peu le ministre El Malick qu’il considère par ailleurs comme son frère", a dit par la suite le membre de Pastef comme pour corriger son incurie. C’est sa "stratégie de communication" pour débusquer les ministres sous leurs coquilles, nous a-t-il fait savoir en substance.
Une posture qui ne sonne vraiment pas sérieux pour quelqu’un qui se fait appeler "Imam" ! Pathétique comme attitude ! Une affaire qui vire finalement au chantage politique.
Les propos discourtois et malsains de Dramé, nous amènent finalement à croire qu’il n’a pas l’honorabilité qui sied pour être un Imam, si tant est qu’il en est un.
Comment un individu qui se considère a priori comme un Imam, peut-il être aussi bouillant et si peu mesuré dans ses propos ? Non seulement il s’est permis de dire que ceux qui ne respectent pas Pape Alé Niang et disent avoir foi en Ousmane Sonko, mentent. « Da niouy doul » (ils mentent) a-t-il dit avant d’être recadrée par le journaliste. Mais Dramé n’a pas la moindre retenue pour corriger ses propos, convaincu d’être dans son droit et ajoute même que ceux qui ne le respectent pas sont des « do……am ». Un terme wolof que la décence ne nous permet pas de reproduire ici.
Le pire dans tout cela, est qu’il commet dans la foulée, un gros blasphème en affirmant avec une grande désinvolture, comme pour se justifier, que le prophète (psl) insultait. Qu’il nous sorte juste un fait historique qui permette d’étayer ce qu’il a affirmé. Avec cette comparaison, il a porté atteinte à la croyance de milliards de musulmans. Quel affront ! Un acte qui aurait dû lui coûter bien cher que de simples sorties pour le tacler.
Le message du bouillant militant de Pastef est en tout cas simple. Il n’a fait que nous dire : "gare au ministre ou DG qui ne daigne pas répondre aux appels des militants" l’Imam que je suis, telle une sentinelle, veille. Et il a, semble-t-il, d’après ses conclusions, réglé le problème si on en croit sa déclaration sur Sénégal 7, où il a fait savoir que depuis sa sortie, ces ministres qui ne répondaient plus au téléphone, ont changé d’attitude.
De même, comment comprendre ces insultes crues avec une telle violence dans le ton que l’on a entendues dans ces audios fuités ?
Dramé n’a pas dit que cela. Il nous a aussi fait savoir qu’il a refusé une offre de Macky Sall d’un montant de 1 milliard afin qu’il quitte Sonko, mais qu’il aurait refusé. Cela fait-il de lui un homme de principe ou plus digne, à supposer que cela soit vrai ? Il a en tout cas juré sur tous les saints que ses affirmations sont vraies. Des propos qu’on n’est toutefois pas obligés de croire, tellement ils nous semblent surréalistes.
Mais après tout cette affaire est si privée qu’elle n’aurait pas dû atterrir sur la place publique puisqu’elle relève du règlement de compte entre un Imam sniper et des membres du même parti politique.
On l’a aussi entendu une autre fois sur un plateau de site internet inconnu au bataillon d’ailleurs, déclarer qu’à l’intérieur de Pastef, « il y a des grands bandits et que l’heure de les démasquer n'a pas encore sonné ».
Il a au finish dit beaucoup trop de choses qui renseignent finalement sur la nature du personnage qui est loin d’être exemplaire. Il est de fait disqualifié pour être un éducateur et à fortiori un imam qui doit posséder des qualités telles que celle de détenteur de la science religieuse, en plus d’être pédagogue, exemplaire, pondéré et qui prêche la bonne parole. Ce dont on est en tout cas sûrs, c’est qu’il est difficile de changer la nature de cet Imam si bouillant dans ses apparitions médiatiques d’antan. C’est comme finalement demander à un scorpion de cesser de piquer.
De la même façon qu’il est tout aussi difficile de demander à Amath Suzanne Camara d’arrêter de se montrer moins vulgaire et insolent. Suzanne Camara, c’est cet homme politique qui s’est si souvent fait remarquer par ses propos tonitruants et insolents et qui a récemment traité de menteurs, le président de la république et le premier ministre. Et il ne serait pas inutile de demander ce que cela amène réellement au débat ? Sinon confirmer une nature vulgaire, hystérique et de pyromane.
D’un point de vue culturel, traiter quelqu’un de menteur, est vu comme une insulte. Mais du point de vue du français, cela peut ne pas être grave, sauf qu’il a prononcé ses phrases en wolof dans un pays où l’on n’utilise pas certains termes par décence. S’il avait utilisé le mot "contrevérité" en l’enrobant en wolof, sans doute que personne n’aurait trouvé à redire. Il suffit de se remémorer les propos incendiaires d’hier d’Ahmed Suzanne Camara, ces fameux appels au meurtre, pour se rendre compte que ce qu’il a dit, n’est rien d’autre que de la brise qui passe. Une sortie qui ne veut toutefois pas la peine qu’on emprisonne un homme politique. Des propos récents et passés et bien plus graves, ont été prononcés sans avoir connu de suites judiciaires. Les cas Azoura Fall, Birame Soulèye Diop et cette affaire d'accusation empoisonnement, et bien d’autres propos peu amènes.
Tout comme la sortie de l’Imam Oumar Sall qui s’est engouffré dans la brèche pour s’en prendre aux confréries. Ce qui commence à être une habitude chez lui. Cela lui avait d’ailleurs valu la prison. L’Imam a ainsi profité des propos jugés blasphématoires de Dramé qui a fait savoir que « le prophète lui-même insultait » pour demander s’il dirait la même chose sur les khalifes généraux. Selon lui, eux ont une armée pour les défendre et pas le prophète. L’on a bien compris aussi qu’Oumar Sall profite de la situation pour charger les khalifes généraux qu’il a cherchés de tout temps à discréditer, comme lorsqu’il parle d’un pays où les « serignes mentent, les prédicateurs aussi ». Car au fond il aurait pu se limiter à juste critiquer l’Imam politicien au lieu de s’acharner contre les confréries qu’il ne tolère pas. Bref une vraie sortie de route pour cet habitué de la critique gratuite et haineuse.
Des dérives pour lesquelles, la responsabilité de certains animateurs d’émissions ne peut être écartée. Car ces trois personnages publics précités, ont en commun d’être des subversifs reconnus comme tels par le grand public et ceux qui les invitent ont en commun de diriger des plateaux de sites internet. La question est dès lors de savoir pourquoi ils sont si obsédés par certains types d’invités qui, au fond, n’apporteront rien d’autre que polémiques, phrases assassines, sorties de route, ou attaques personnelles, au débat. De supposés bon clients qui n’ont rien d’autre à vendre que leur vulgarité, impertinence et déclarations malheureuses. Peut-être que ces animateurs de plateaux internet en cause, sont si limités qu’ils n’ont pas d’autres choix que de proposer que ce qui est en rapport avec leur niveau de formation, de culture et d’expérience. Ils sont pour la plupart adeptes des petites questions très portées sur les polémiques de bas étage ou pour alimenter des adversités politiques qui se mènent sur fond d’attaques personnelles ou sur des sujets futiles.
La recherche du buzz est en tout cas à un niveau tel que les sujets de société qui interpellent sur l’avenir de notre agriculture, élevage, tissu industriel, des jeunes générations, etc bref de fond, sont d’emblée exclus du débat. Point de débat sur l’emploi des jeunes, la formation, la recherche, l’enseignement supérieur ou comment booster les secteurs primaires, secondaires et tertiaires, de manière à en faire des pourvoyeurs importants d’emploi etc. On est tout simplement mal barrés surtout qu’on semble à l’heure actuelle fonctionner à l’aveuglette avec le fameux « projet » qui n’est pas encore prêt dans sa rédaction et une déclaration de politique générale qui a viré à la polémique face à une assemblée nationale qui n’a pas fait ce qu’il fallait pour que le PM accepte de se prêter à l’exercice. Que ce temps perdu pour un pays qu’on dit mal en point.
Admettons le, la politique s’est gravement dépréciée sous nos tropiques, alors qu’on l’accepte ou pas elle doit rester une affaire d’élites et de gentlemen. Il y a en tout cas aujourd’hui comme une sorte de "rachitisation" continue des us et codes. Les écoles des partis sont rangées aux oubliettes depuis que les différents protagonistes sur le champ politique et médiatique ont découvert une autre manière de faire la politique dans les médias (avec des journalistes encagoulés au service politiques) et les réseaux sociaux, en structurant le débat politique autour d’invectives, de dénonciations, de cabales et d’attaques personnelles au travers desquelles, l’on sent transparaître beaucoup de haine et de rancœur. Il n’existe plus d’idéologie et de formation des militants des partis politiques qui se sont désormais inscrits dans une logique arithmétique aveugle, en agrégeant des membres, sans pour autant les armer sur le plan comportemental et idéologique, puisqu’au finish, au moment des élections, ils s’organisent suivant une logique de coalitions avec des partis hybrides et des leaders qui n’ont rien à voir sur le plan éthique, background et programmes.
La vérité crue, c’est que c’est désormais le paradigme musculaire qui structure le débat, sans oublier que les leaders politiques jouent au concours du plus bavard, plus manipulateur et plus vulgaire. Et ce n’est point un hasard si Bougane Guèye et Thierno Bocoum cherchent à occuper le terrain, alors qu’Amadou Ba qui est arrivé deuxième lors de la dernière élection présidentielle, a déserté le terrain de l’opposition en optant pour l’opposition par procuration.
Il est en tout cas tombé bien bas le niveau du débat politique ! Un débat inutilement violent sur certains plateaux télés et les réseaux sociaux.
D’entendre Ousmane Sonko, le Premier ministre assurer, le mardi 30 juillet, alors qu’il recevait les lauréats du Concours général, que son gouvernement sera très ferme face aux dérapages et autres dérives sur les réseaux sociaux, mais aussi sur les médias, fait bien rire. Qu’il rappelle qu’on a voulu leur prêter d'être les leaders politiques qui encouragent ceux qui insultent, doit le pousser à réfléchir sur la part de vérité dans cette accusation.
Les médias et les réseaux sociaux, deux espaces qui semblent bien agacer Ousmane Sonko au regard des critiques récurrentes adressées surtout aux médias, alors que ce qu’il leur reproche ne les concerne pas tous. Quant aux réseaux sociaux qu’on peut apparenter à la rue (un espace difficile à réguler) et ses impitoyables et imparables VAR, ils sont utilisés pour l’essentiel pour rappeler au pouvoir, des promesses non tenues. Difficile toutefois de cautionner les réseaux sociaux et leurs dérives, dont Ousmane Sonko a bien profité, - qu’il le reconnaisse ou pas - comme arme du temps de l’opposition pour aller à l’assaut du pouvoir de Macky Sall. Mais au fond Ousmane Sonko doit savoir que ceux qui commettent ces dérives sur les RS n’y transportent que leurs comportement dans la vie réelle. C’est la raison pour laquelle, l’éducation dans les familles et l’école, sont les seuls moyens pour se les approprier correctement.
Ce qui était mal pour nous, hier, le restera aujourd'hui, si l’on veut rester juste.