NETTALI.COM - Le mardi 13 août 2024, le Sénégal a connu une mobilisation sans précédent dans le domaine des médias. Pour la première fois depuis 2004, la grande majorité des médias sénégalais ont observé une "journée sans presse", un acte de protestation destiné à attirer l'attention sur les difficultés économiques et fiscales qui menacent leur existence. Cette initiative, soutenue par des patrons de presse, des journalistes et des associations professionnelles, a eu un impact considérable, non seulement au Sénégal, mais aussi à l'international où elle a été largement couverte par des médias francophones, anglophones et arabophones.

La journée sans presse au Sénégal a été déclenchée par une accumulation de problèmes financiers et fiscaux auxquels les médias locaux sont confrontés. La réaction des médias internationaux à cette journée sans presse a été immédiate et significative. Radio France internationale (RFI) a souligné l'inquiétude des médias sénégalais face aux mesures fiscales imposées par les nouvelles autorités. RFI a également rappelé que la dernière journée sans presse au Sénégal remonte à 2004, ce qui souligne le caractère exceptionnel de la situation actuelle.

"Le Monde", un des principaux quotidiens français, a également couvert l'événement, mettant en lumière la cessation des activités de presque tous les médias sénégalais, à l’exception de quelques-uns favorables au pouvoir. Le journal a décrit cette action comme une réponse à une "menace" sur la liberté de la presse, un sentiment partagé par de nombreux journalistes et patrons de presse.

Pour sa part, l'hebdomadaire "Jeune Afrique" a contextualisé cette journée sans presse dans le cadre des décisions prises par le gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko. L'hebdomadaire a rapporté les craintes des médias concernant leur liberté d'expression, soulignant que cette journée était une réponse directe aux récentes mesures gouvernementales jugées répressives.

La BBC, première radio au monde, a couvert cet événement majeur, soulignant l'ampleur de la mobilisation. Tout au long de la journée, les pro- grammes de radios et télévisions sénégalaises ont été suspendus, plusieurs studios sont restés fermés et les kiosques à journaux sont demeu- rés vides, illustrant l'impact profond de ce mot d'ordre sur l'ensemble du paysage médiatique sénégalais.

La "journée sans presse" au Sénégal a attiré l'attention bien au-delà des frontières nationales, notamment en Afrique du Sud où la chaîne publique South African Broadcasting Corporation (SABC) a couvert l'événement avec un intérêt particulier. Le SABC, qui joue un rôle clé dans l'information du public sud-africain, a relayé l'information par l'intermédiaire de son correspondant au Sénégal.

Dans son reportage, la SABC a interviewé des experts et des professionnels des médias pour analyser les implications de cette journée historique. Les discussions ont porté sur les difficultés économiques et fiscales qui menacent les médias sénégalais, les raisons profondes de la mobilisation ainsi que les répercussions potentielles sur la liberté de la presse dans le pays.

Aussi, Reporters sans frontières (RSF), l’organisation internationale de défense de la liberté de la presse a également pris position en appelant à la reprise du dialogue entre les autorités sénégalaises et les acteurs de la presse. RSF a exprimé ses préoccupations quant à l'impact des mesures fiscales sur la liberté de la presse au Sénégal, craignant que ces pressions ne nuisent à l'indépendance des médias.

Écho en Afrique du Nord

En Afrique du Nord, l'événement a également retenu l'attention des médias. H24INFO.ma, une référence éditoriale au Maroc, a relaté la journée sans presse, décrivant les défis économiques et financiers aux quels font face les médias sénégalais. Le journal marocain "Les Écos", basé à Casablanca, a titré sur la journée sans presse, soulignant l'urgence pour les autorités de trouver des solutions aux problèmes rencontrés par les médias.

En Égypte, "Al-Ahram Hebdo", un journal influent, a couvert l'événement en soulignant son importance pour la défense de la liberté de la presse en Afrique de l'Ouest. L'article a mis en lumière les conséquences potentielles de cette journée sur la perception internationale du Sénégal en tant que pays démocratique.

La journée sans presse du 13 août 2024 marque un tournant dans l’histoire de la presse sénégalaise. Cet événement a non seulement attiré l'attention sur les difficultés économiques des entreprises de presse, mais il a aussi mis en lumière les menaces croissantes sur la liberté d'informer. Les médias internationaux, qu'ils soient francophones ou anglophones, ont joué un rôle crucial en relayant ces préoccupations à un public mondial, sensibilisant ainsi sur les défis auxquels est confrontée la presse au Sénégal.

La situation actuelle appelle à un dialogue urgent entre les autorités sénégalaises et les acteurs de la presse. Comme l’a souligné l'UPF/ Sénégal, une concertation sereine et structurée est essentielle pour trou- ver des solutions durables à cette crise. Les médias, en tant que piliers de la démocratie, doivent pouvoir exercer leur rôle sans craindre pour leur survie financière ou leur indépendance éditoriale.

Le soutien international et la couverture médiatique mondiale de cette journée sans presse mettent en exergue l'importance de la liberté de la presse non seulement au Sénégal, mais partout dans le monde. La communauté internationale est désormais témoin des défis auxquels le Sénégal est confronté et surveille de près les développements à venir.

Photo (image d'archives)