NETTALI.COM - Alors que la presse est en danger au Sénégal, dans les pays de grande démocratie, elle bénéficie grandement des aides directes et indirectes. En France, 809 titres ont bénéficié d’aides à la presse en 2023. Pour la France, la presse permet une mise en perspective des événements, une confrontation des analyses et aboutit ainsi à la construction d’une véritable conscience culturelle et politique. S’agissant des aides directes, 204,7 M€ (134 milliards F CFA) ont été attribués à la presse française. Plusieurs dispositifs fiscaux spécifiques sont aussi mis en place pour appuyer ce secteur.

Alors qu’ailleurs la presse est fortement soutenue du fait de son importance, au Sénégal, elle traverse d’énormes difficultés économiques, aujourd'hui exacerbées par les pressions fiscales des nouvelles autorités. Celles-ci ont bloqué les comptes bancaires d’entreprises de presse pour non-paiement d'impôts, saisi des matériels de production et, surtout, stoppé de manière unilatérale et sans discernement les contrats publicitaires. Aujourd'hui, certains citoyens sénégalais s’en félicitent, car ils ignorent encore la gravité de la situation.

Il est toutefois important de rappeler que la presse joue un rôle de vigie dans tout état et dans une démocratie et participe entre autres, à l’éveil des consciences et à la conscientisation des citoyens sur les véritables enjeux dans la gestion d'un état. Une presse affaiblie est sans aucun doute synonyme d'une démocratie en danger ainsi qu'une menace pour tout pays. Aucun dirigeant ne devrait donc craindre une presse forte, plurielle, libre et indépendante. Ici au Sénégal comme ailleurs, la presse sera toujours amenée à jouer son rôle de sentinelle.

Conscience culturelle et politique

Il faut souligner que la presse permet une mise en perspective des événements, une confrontation des analyses et aboutit ainsi à la construction d’une véritable conscience culturelle et politique. C’est ce que la France et les grands pays ont toujours compris. Aujourd’hui, leurs médias sont en train de conquérir le monde. Prenons l’exemple de la France où l'État a montré un vrai attachement au soutien à la presse.

En 2023 par exemple, les aides directes au pays de Marianne, se sont élevées à 204,7 M€ (134 milliards F CFA) ont été attribués à la presse, dont 22,7 M€ au titre des six aides au pluralisme, 133 M€ pour les aides au transport et à la diffusion, et 19,1 M€ pour les aides à l’investissement en faveur de la modernisation, d'après le ministère de la Culture français. Il indique que 30 M€ ont été également versés dans le cadre d’une aide exceptionnelle visant à compenser la hausse des coûts de production (aide papier). Ces aides, souligne-t-on, sont encadrées par des textes réglementaires publiés au “Journal officiel”. Au total, en 2023, ce sont 809 titres qui ont bénéficié d’aides à la presse.

Pluralisme : 22,7 millions pour 374 titres en 2023

Dans le cadre des aides au pluralisme, les 22,7 millions d’euros ont été distribués à 374 titres, en 2023. Ces aides visent à garantir la diversité des médias, essentielle à un paysage médiatique libre et indépendant, constitué d’opinions et d’idées diverses. La préservation du pluralisme des médias répond à une exigence constitutionnelle, a expliqué le gouvernement français sur le site du ministère de la Culture. Il note que les aides au pluralisme ont notamment pour but de compléter les ressources des titres de presse qui ne disposent pas de recettes publicitaires suffisantes, de sorte que la pression des marchés publicitaires ne détermine pas les idées qui auront vocation à s’exprimer dans le débat public.

Ainsi, l’aide aux publications nationales d'information politique et générale à faibles ressources publicitaires (PFRP) qui cible la presse magazine (“Politis”, “Pèlerin”, “’Causette” par exemple) a permis de soutenir 55 titres pour 4 M€. Pour ce qui est de l’aide aux quotidiens régionaux, départementaux et locaux d’information politique et générale à faibles ressources de petites annonces, elle a permis de soutenir 12 bénéficiaires parmi lesquels “Presse Océan”, “la Dordogne Libre” ou bien encore “La République des Pyrénées” pour un mon- tant global de 1,4 M€.

Quant à l’aide au pluralisme de la presse périodique, régionale et locale (PPR), 232 titres en ont bénéficié. Il s’agit, en grande majorité, de presse hebdomadaire régionale (“Le Courrier Cauchois”, “La Manche Libre”, “L’Écho du Berry” par exemple). Il y a aussi l’aide au pluralisme des titres ultramarins dotée de 2 M€. Elle est créée afin de tenir compte du contexte et des difficultés spécifiques rencontrées par les éditeurs de presse en outre-mer. Pour compléter les mécanismes traditionnels d’aide aux titres imprimés attribués à 58 titres pour un montant total de 4 M€, les aides du ministère se sont ouvertes aux nouveaux formats avec la création d’une aide dédiée aux services de presse entièrement en ligne. Cela vise à promouvoir la neutralité des aides en fonction du support utilisé. Aux six aides au pluralisme, s’ajoute le Fonds de soutien aux médias d’information sociale et de proximité (FSMISP) créé en 2016.

Aides au transport et à la diffusion de la presse : 133 M€ en 2023

En ce qui concerne les aides au transport et à la diffusion (133 M€ en 2023), elles permettent de réduire le prix de vente final des publications ainsi que de favoriser la diffusion des titres et donc des courants de pensée et d’opinion qu’ils véhiculent.

De plus, la nouvelle aide à l'exemplaire pour les titres de presse postés ou portés, a été instituée. L’objectif est d’inciter à un recours accru au portage de la presse et remplace notamment l’avantage tarifaire postal en tant qu’aide indirecte qui ne figurait pas dans les précédents tableaux des aides.

Ce changement, explique-t-on, conduit à une augmentation sensible du montant global des aides directes ainsi que du nombre de publications figurant dans le tableau des aides à la presse. Ces aides au transport et à la diffusion assurent le maintien d’un réseau efficace de distribution, sou- tient le gouvernement français.

Investissement en faveur de la modernisation : 19,1 M€ débloqués

Renforcer la modernisation et l’investissement au niveau du secteur de la presse est une préoccupation de l’État. Sur ce point, 19,1 M€ ont été débloqués. En effet, par le biais du Fonds stratégique pour le développe- ment de la presse (FSDP), l'État cofinance des projets destinés à relever les défis de la transition numérique et écologique en s'appuyant sur l'in- novation technique. En outre, il sou- tient la recherche et le développe- ment ainsi que l’émergence et l’accompagnement de nouveaux acteurs.

Enfin, explique le ministère de la Culture français, les aides à la modernisation renforcent également le lien social inhérent à la présence de points de vente de la presse (kiosques, maisons de la presse, etc.) dans l’espace public, alors que leur nombre a diminué de 30 % en dix ans (fermeture de 8 370 points de vente entre 2010 et 2020).

Aide exceptionnelle

Lorsque des entreprises de presse ont été affectées par les conséquences économiques et financières de la guerre en Ukraine, une aide exceptionnelle de 30 M€ a été instituée en mai 2023. Celle-ci vise à compenser en partie l’augmentation importante du coût du papier qui a durement affecté les entreprises de presse, poussant certaines d’entre elles à limiter leur pagination et sup- primer des suppléments.

Taux TVA “super réduit” et aides indirectes

Les aides indirectes s'élèvent à 84 M€. La presse bénéficie d'un taux de TVA dit “super réduit” de 2,1 %. Le ministère des Finances français évalue la dépense fiscale liée à ce taux à 60 millions d'euros en 2023, contre 150 millions d'euros en 2022, en raison d'une modification des modalités de calcul. À cela s'ajoutent plusieurs dispositifs fiscaux spécifiques, notamment en faveur des diffuseurs de presse, des vendeurs-colporteurs et des porteurs, représentant un montant de 24 millions d'euros.

Par ailleurs, la presse, qu'elle soit IPG ou non, profite de tarifs postaux avantageux.