NETTALI.COM - La situation au Port autonome de Dakar (PAD) est délétère, ces derniers jours. Les échanges sont tendus entre la Direction générale et les syndicats, mettant en lumière des désaccords profonds.
Dans son communiqué du 16 août, la Direction générale du Port autonome de Dakar (PAD) conteste vivement les accusations portées par les syndicats, notamment concernant une prétendue irrégularité dans la procédure de passation du marché lié à l'audit du fichier du personnel (DP n C_SG_ 166) et la suspension de 700 contrats de travailleurs temporaires. “La direction générale s'inscrit d'emblée en faux contre ces allégations sans fondement en apportant les précisions suivantes : la procédure d'attribution du marché est absolument régulière”.
Selon elle, “la position des syndicalistes procède d'une confusion manifeste sur le type de marché et la procédure y afférente”. Elle qualifie ces accusations de “sans fondement” et précise que la procédure d'attribution du marché était absolu- ment conforme aux normes en vigueur.
En effet, la Direction générale du PAD considère que l'appartenance supposée du cabinet sélectionné à un conseiller technique ou la parenté des membres de la structure, ne constituent en aucun cas un conflit d'intérêts, comme le stipule le Code des marchés. De plus, à aucun moment, poursuit la direction, le président de la commission des marchés ou son adjoint n'ont été écartés de la procédure, comme l'attestent les convocations signées par le président lui-même. “Ces dernières ont présidé aux séances d'ouverture des plis et à l'attribution provisoire du marché”, renseigne-t-elle dans la note.
Également, elle rejette les insinuations de conflits d'intérêts concernant le cabinet retenu pour l'audit, soulignant que ces arguments avancés par les syndicats reposent sur une confusion des procédures.
S’agissant de la suspension des contrats temporaires, la direction générale estime qu'il est inconcevable de renouveler des contrats arrivés à terme dans le cadre d'une mission d'audit du personnel en cours. “Le communiqué des syndicats avance un nombre de 700 contrats, ce qui est inexact”, indique la direction. Celle-ci précise qu’il y a 170 contrats à durée déterminée (CDD) qui sont en attente de signature, conformément à un protocole établi entre la direction et les syndicats.
Le communiqué de la Direction générale du PAD souligne qu'aucun contrat n'a été renouvelé depuis l'arrivée du nouveau directeur général Waly Diouf Bodian au Port autonome de Dakar. Et que “cette démarche s'inscrit dans la volonté de repositionner le port comme un hub régional majeur, tout en respectant rigoureusement les règles encadrant le fonctionnement des sociétés publiques”.
L’Intersyndicale des travailleurs du PAD en remet une couche
Dimanche 18 août, l'Intersyndicale des travailleurs du Port autonome de Dakar a réagi au communiqué de la direction générale. Elle dénonce ce qu'elle considère comme une tentative d’intimidation et des accusations infondées.
Ainsi, les syndicats maintiennent leurs accusations et expriment leur désaccord à la réponse de la Direction générale du PAD. Ils soulignent que leurs préoccupations sont fondées sur une observation rigoureuse des pratiques en cours et sur le respect strict des lois nationales, et non sur des manipulations extérieures. Ils dénoncent, de ce fait, le comportement du directeur général. “Il est inadmissible que le directeur général persiste à minimiser les irrégularités que nous avons relevées dans le marché de prestation intellectuelle liée à l’audit du fichier personnel”.
Les syndicats évoquent un conflit d'intérêts flagrant ainsi que des violations du Code des marchés publics et de la charte de transparence. Ils se disent déterminés à ne pas laisser ces principes fondamentaux être bafoués.
A cela s’ajoutent les droits des travailleurs. L’Intersyndicale critique la suspension des contrats, qualifiée d'injuste et de discriminatoire. Une décision qui, selon eux, viole les dispositions du Code du travail et accentue les tensions sociales au sein de l'entreprise. “Le directeur général Waly Diouf Bodian semble oublier que les travailleurs qu’il traite avec tant de mépris sont la colonne vertébrale de cette institution”, souligne l’Intersyndicale.
Les syndicats en appellent, ainsi, à la responsabilité, affirmant qu'ils ne sont pas des obstacles à la bonne gouvernance, mais au contraire, les garants du respect des droits des travailleurs et des lois en vigueur. Ils exhortent le directeur général à collaborer avec eux plutôt que de se retrancher dans une attitude arrogante.
Ainsi, ils réitèrent leur exigence d'arrêter l'audit des ressources humaines entaché d'irrégularités, selon eux, et demandent la relance d'un audit conforme aux lois. Ils exigent également la levée de la suspension des contrats à durée déterminée et le rétablissement des droits des travail- leurs impactés, affirmant qu'ils ne se laisseront pas intimider par des accusations infondées.
Ces échanges tendus laissent entrevoir une possible escalade des tensions au Port autonome de Dakar. Alors que la direction générale réitère son engagement à repositionner le port comme un hub régional tout en respectant les règles de gouvernance publique, les syndicats continuent de dénoncer ce qu'ils perçoivent comme des manœuvres dilatoires et des injustices envers les travailleurs.
C