NETTALI.COM - Aujourd'hui, le téléphone portable est indispensable à la vie de chacun. Cependant, certaines personnes, en particulier les jeunes et les enfants, en font un usage excessif. Beaucoup ne peuvent plus se passer de cet outil, même pendant une seule heure. Ils deviennent totalement dépendants, ce qui ne peut qu'avoir des conséquences désastreuses sur leur santé.
Le téléphone portable est un mal nécessaire. En effet, cet outil permet de communiquer, d'échanger et de partager avec des personnes à l'autre bout du monde. Il permet également à certains de gagner de l'argent. Mais, surtout en Afrique, certaines personnes en abusent. Aujourd'hui, beaucoup ne se débarrassent de leur smart- phone que pour dormir. Autrement dit, ils sont complètement dépendants de cet outil technologique.
Gnilane Diouf, une jeune femme de 27 ans, trouvée dans un lieu public, totalement concentrée sur son smartphone, est la preuve vivante de cette dépendance. "Mon meilleur ami, c'est mon téléphone portable. Je suis toujours avec lui, même aux toilettes", dit-elle en souriant. Elle ajoute que même en dormant, elle place son téléphone sous son oreiller. "Il m'arrive de me réveiller au milieu de la nuit, de manipuler mon téléphone, puis de me rendormir tranquillement. Ainsi, le matin, je ne peux pas me lever sans toucher à mon téléphone", raconte la jeune femme avec enthousiasme.
Awa Touré, vêtue de noir, affirme que tant qu'elle ne dort pas, son télé- phone est toujours dans ses mains. "Je ne peux pas rester 15 secondes sans mon téléphone. Même lorsqu'il est en charge, je le manipule sans cesse. D'ailleurs, il n'a jamais eu une pleine charge", confie-t-elle. Elle ajoute qu'elle ne dort pratiquement pas la nuit à cause du téléphone, carelle passe ses nuits à naviguer sur les réseaux sociaux. "Même s'il n'y a personne à la maison, je ne m'ennuie pas. Ça ne me dérange pas du tout. En fait, parfois, la présence des gens me dérange, car ils me déconcentrent”, renchérit-elle.
"Mon téléphone m'a séparé de mes amis"
Souleymane Coulibaly Diémé, un apprenti chauffeur vêtu d'un t-shirt blanc, le téléphone coincé entre les dents, en train de faire un enregistre- ment audio sur WhatsApp, affirme être devenu accro au smartphone. "Je dépense pratiquement 2 000 F CFA en Internet chaque jour. Même si je n'ai pas d'argent pour acheter du crédit, je passe ma journée à chercher des endroits équipés du Wi-Fi. Sans connexion Internet, je me sens malade", raconte le jeune homme trouvé à son lieu de travail à Diameguène Sicap Mbao.
Avant d'avoir un smartphone, Souleymane passait de bons moments à discuter et à jouer avec ses amis. Mais, déplore-t-il, depuis qu'il possède cet outil, il n'a plus de temps pour eux. "Mon téléphone m'a séparé de mes amis. Je ne leur rends plus visite et quand ils viennent chez moi pour discuter ou faire du thé, je reste concentré sur mon téléphone. Ils le prennent comme un manque de considération, même si ce n'est pas le cas. Finalement, plus personne ne vient me voir", regrette-t-il.
De son côté, Moussa Camara, un chauffeur de taxi, soutient que même si le téléphone portable est indispensable, il peut être nuisible. "Je travaille toute la journée. Et la nuit, au lieu de me reposer, je reste sur mon téléphone jusqu'à 3 h, voire plus, pour me réveiller à 6 h. Et c'est ainsi tous les jours", explique-t-il.
Moussa Camara fait partie de ces personnes qui sont devenues dépendantes du téléphone portable. La semaine dernière, à 19 h, son téléphone est tombé et l'écran s'est cassé. Sans hésiter, il a pris une moto pour le faire réparer à Colobane, sans attendre le lendemain comme ses amis le lui avaient conseillé, car selon lui, passer une nuit sans son téléphone serait insupportable.
Quand les enfants deviennent addicts au téléphone
De nos jours, on pourrait dire que les enfants sont plus accros aux téléphones que les adultes. Dans les familles, surtout celles qui sont aisées, presque chaque enfant a sa tablette, son téléphone ou utilise celui de ses parents. Coumba Fall, une jeune maman de 31 ans, confirme : "Mon bébé de 2 ans et demi réclame le téléphone tous les jours pour dormir. Tant qu'on ne le lui donne pas, il ne dort pas, même s'il est fatigué. Il crie jusqu'à ce qu'on le lui donne", raconte-t-elle fièrement, ignorant totalement les conséquences que cela peut avoir sur son enfant.
Si certains parents laissent leurs enfants jouer avec un téléphone sans y penser, d'autres n'acceptent en aucun cas que leurs enfants manipulent ces appareils. Amadou Fall, père de trois filles et deux garçons, affirme qu'aucun de ses enfants n'a ou n'utilise de téléphone portable, malgré l'époque moderne dans laquelle nous vivons. “Aucun de mes enfants n'a de téléphone portable. Je suis strict là-dessus. Parfois, ils essaient de prendre le téléphone de leur mère, mais je lui interdis formellement de le leur donner. Je ne plaisante pas avec ça. C'est pour leur bien”, explique-t-il.
Monsieur Fall estime qu'il est impératif d'interdire les télé- phones portables aux enfants de moins de 10 ans. "Je pense que les autorités devraient réfléchir à cette question et adopter une loi interdisant l'utilisation de ces outils techno- logiques aux enfants de moins de 10 ans, car ils sont nuisibles pour leur santé", ajoute-t-il.
Selon lui, aujourd'hui, la plupart des enfants souffrent de myopie ou d'hypermétropie. Au-delà des troubles de la vision, "certains parents laissent leurs enfants naviguer sur les réseaux sociaux comme Instagram ou TikTok, alors qu'il y a beaucoup de dangers sur ces plateformes. Ils voient tout, car ils ne savent pas faire la différence entre le bien et le mal", regrette-t-il.
Pour lui, "donner ces outils technologiques à ses enfants, ce n'est pas les aimer. Si l'on aime ses enfants, dans ce monde perturbé, on ne doit en aucun cas les laisser devenir accros au téléphone", analyse M. Fall.
Aujourd'hui, certaines mères, pour se “débarrasser” de leurs enfants, leur donnent un téléphone sans surveiller ce qu'ils en font. D'ailleurs, on peut dire que cette dépendance au téléphone portable a conduit certains candidats au bac à apporter leur smartphone dans les centres d'examen, malgré les instructions des autorités, ce qui leur a valu une exclusion.
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