NETTALI.COM - Le meurtre crapuleux d’Aziz Dabala et celui qui se fait désigner comme son neveu, a fini de jeter l’émoi dans la société sénégalaise. Sur les réseaux, c’était comme on s’y attendait, c’était la furie des commentaires, les uns plus passionnés que les autres. Mais, qu’est-ce qu’ils s'approprient mal, les réseaux sociaux, ces Sénégalais ! Des réseaux au travers desquels, ils ne voient qu’un lieu pour s’amuser (et souvent de manière bien futile), pour mener des cabales, dénigrer, ternir des réputations, parler des mœurs des autres, dans ce pays pourtant peuplé de fervents musulmans et catholiques pour la plupart. 

Les commentaires tous azimuts charriés par cet assassinat, sont venus nous conforter dans le fait que ces chers Sénégalais pour la plupart sur les RS, aiment bien parler de ce qu’ils ne savent pas, surtout lorsqu’il s’agit de tirer des conclusions hâtives, dans une affaire où ils ne se fondent que sur des bribes d’informations amassées par-ci, par là pour fonder des opinions bien abracadabrantesques. De grands curieux, ces Sénégalais qui ne veulent rien voir leur échapper ! Des oisifs pour beaucoup d’actifs sur ces RS, ainsi que les nomme ce cher Ibou Fall, et dont il dit qu’ils ont le temps de se mêler de tout et de n’importe quoi, sans toutefois savoir ce qui va leur être utile ou pas.

Il ne peut quand même pas y avoir autant d’enquêteurs de police que d’intervenants sur ce sujet. De grands spéculateurs et « rumorologues » ! Mais ils sont aussi de grands émotifs devant l’éternel ! Beaucoup ont fini de réclamer la peine de mort, comme s’il était prouvé que les états au monde qui la pratiquent, voient conséquemment le niveau d’homicides baisser sous leurs cieux. Ils oublient sans doute que les erreurs judiciaires existent toujours. Bref, dans un espace où toutes les opinions se valent, voilà où on en est.

Illusoire suppression du Cese et du Hcct

Mais à peine une clameur s’éteint, qu’une autre prend le relai. Elle s’est déclarée cette fois ci sur la scène politique, avec cette volonté légale des actuels tenants du pouvoir de supprimer le Haut Conseil des Collectivités territoriale (HCCT) et le Conseil économique, social et Environnemental (Cese), considérés comme des institutions budgétivores destinées uniquement à caser la clientèle politique. Du moins sous Macky Sall.

Mais, à la vérité, les institutions ne valent que par ce qu’on en fait. Ce qui veut, en d’autres termes, dire qu’autant l’on peut admettre la suppression du HCCT dont on ignore tout de ce qu’il fait, autant l’on peut admettre que le Conseil économique, social et environnemental (Cese) peut être transformé en institution consultative digne de ce nom, avec pour objectif d’en faire un vrai conseiller du gouvernement. Il aurait sans doute fallu dans sa composition lui confier une vraie mission, en y intégrant des acteurs de la société civile qui ne bénéficieraient que d’indemnités de sessions. Ils seraient en ce moment, les vrais et dignes représentants de patrons d’entreprises, d’industries, de la pêche, de l’agriculture, de l’aviculture, du monde de l’art et des spectacles, de l’artisanat, du monde syndical, de la presse, du sport, de la religion, etc suivant un choix rigoureux et plus select.

Tous ceux-là qui pourraient être les meilleurs représentants de leurs corporations et qui pourraient indiquer la voie aux gouvernants, dans une logique de transformation positive des politiques publiques. Ils serviraient et défendraient à la fois, le pays et leurs activités. Imaginons qu’un Serigne Mboup, un Babacar Ngom, parmi les représentants des patrons d’entreprise.

Qu’on ne s’y trompe pas, ce sont eux les véritables acteurs de la société civile. Cette minorité silencieuse, celle qui fait tourner la machine économique, sociale, culturelle, etc du pays en investissant leurs moyens et en créant des entreprises, des activités génératrices de revenus et des emplois.

Qu’on nous serve maintenant une économie de 15 milliards à la clef par an comme argument pour justifier le bien-fondé de la suppression, est certainement habile. Mais l’on sait bien que ce qui se cache derrière, c’est plutôt une volonté de dissoudre l’Assemblée nationale pour obtenir une majorité. Acte qu’on ne peut toutefois reprocher à la coalition Diomaye qui cherche les voies et moyens pour être plus à l’aise dans sa gouvernance au regard des ambitions de rupture affichées.

Seulement le nouveau régime aurait pu davantage commencer par rationaliser les directions et agences, si tant est qu’il souhaite réaliser des économies. Comment comprendre l'érection d'autant de directions qui font doublon : Les Grands trains du Sénégal et les Chemins de Fer du Sénégal par exemple ; ou la Société de Gestion des Infrastructures publiques dans les pôles urbains de Diamniadio et du Lac Rose et la Délégation générale des pôles urbains de Diamniadio et du Lac Rose, etc. De même que l'on peut citer l'exemple du Théâtre Daniel Sorano et le "Grand Théâtre", etc érigées en directions générales. La liste est longue des ces institutions injustifiées qu'on pouvait rationaliser, est longue.

Le constat est simple : c'est un remplacement automatique des hommes de Macky Sall par ceux du nouveau régime qui a été opéré ; sans oublier le nombre de conseillers qui ne cesse de grossir. Rien qu’Ousmane Sonko par exemple a nommé 21 conseillers comme référents de chaque ministère. Dernière en date, la nomination de Mimi Touré au poste de Haut représentant du chef de l'Etat. Un titre volontairement pompeux pour donner une impression d'importance à l'ancienne PM sous Macky, question de satisfaire juste son égo.

Mais comme pour faire du rattrapage, avec le temps, le PM a récemment décidé, suite au conseil interministériel sur l’économie d’énergie, d’indexer des économies à partie de la gestion des édifices publics. Ce que d’aucuns considèrent comme des économies de bouts de chandelle. Mais tout cela est bien discutable, surtout quand ce sont des polémiques politiques qui ponctuent les échanges.

Mais, il faudra avant tout, pouvoir dissoudre le Hcct et le Cese, franchir le cap de la plénière, après le revers subi au niveau de la commission des lois qui a rejeté le projet de révision constitutionnel introduit par Diomaye. Si tous les députés sont présents et votent, ce sera 3/5 de 165, soit 99 députés. Dans ce contexte, sous ce rapport, la loi peut ne pas passer. Elle peut subir le même sort qu’en commission, étant entendu qu’aucun groupe ne dispose de 99 députés. La réalité que nous avions au mois de juillet, c’était 82 pour Benno Bokk Yaakaar, 80 pour Yewwi Askan Wi et Wallu, le reste des non-inscrits.

Il sera malheureusement toujours bien difficile, des deux côtés, pouvoir comme opposition, de demander à un politicien, d’agir contre ses intérêts. Mais Yewwi est-il sûr d’avoir la majorité en cas d’élections législatives ? Une entreprise qui ne serait pas sans risques.

Une cabale contre la presse qui se poursuit 

Une autre clameur qui ne s’est pas encore éteinte, mais qui observe une pause, c’est ce bras de fer entre les tenants du pouvoir, sans nouvel acte posé, même si les premiers tentent d’endormir les responsables des médias, malgré l’appel du président de la République « pour un dialogue rénové ». Seuls les acteurs de la société civile et certains hommes politiques raisonnables ont pris leur bâton de pèlerins qui pour tenter de discuter avec les parties , qui pour expliquer devant les médias que le dialogue entre les deux parties, est nécessaire.

La vérité dans cette affaire, est que certaines autorités ont juste cherché à mettre en mal les patrons de presse avec l’opinion en les présentant comme de mauvais citoyens qui sont allés juste en grève parce qu’ils ne veulent pas payer l’impôt. Ce qui est inexact. La question que devraient se poser ces Sénégalais qui ne cherchent pas à aller au-delà de ce qu’on leur fait croire, est de savoir comment l’Etat peut-il vouloir, à la fois, faire payer un impôt volontairement gonflé, rompre les contrats publicitaires légaux des organes de presse, geler les paiements des publicités déjà consommées par les ministères, entreprises publiques et les démembrements de l’Etat, bloquer les comptes bancaires des entreprises de presse, etc et leur demander de payer des impôts dont on ne sait d’ailleurs d’où sortent les montants imposés ?

Comment de même comprendre que ces conventions (contrats) presse du Port autonome de Dakar ou de la Lonase soient publiées dans les réseaux sociaux ? Le pire est qu’elles sont présentées comme de l’argent offert (corruption) à certains patrons de presse par les entreprises publiques. Tout cela est loin de correspondre à la réalité. Il s’agit pourtant de contrats bien légaux entre des entreprises publiques qui estiment que les supports peuvent leur permettre de passer leurs publicités, leurs communiqués de presse et leurs publi-reportages sur leurs écrans, dans leurs journaux ou sur leurs radios. Qu’il y ait d’autres desseins derrière ces contrats, cela relève de la responsabilité individuel de chaque support qui accepte de signer un contrat pour des raisons qui lui sont propres. Qu’il y ait des patrons de presse pour vendre leur âme, cela ne peut relever de la responsabilité collective des patrons d’entreprise de presse, et encore moins de la presse.

Qu’on ne se trompe surtout pas de pays, nous sommes bien au Sénégal, où la corruption a fini de gangrener tous les secteurs d’activités. Une enquête dans un passé récent avait d’ailleurs clairement indiqué le secteur d’activité le plus touché par la corruption. Le résultat avait à l’époque pollué l’atmosphère et soulevé un tollé avec des corporations qui s’étaient offusquées de leur place dans le peloton de tête. L’on sait bien que le secteur de la presse était bien loin derrière.

Mais dans tous les cas, quel que soit le rang occupé par la presse, la corruption est un fléau inconciliable avec la bonne gouvernance. D’où l’intérêt de la combattre. Mais, que l’on ne se trompe point, la presse a de bonnes raisons d’exister car les gouvernants, quels qu’ils soient, ne nous disent jamais tout et ont toujours des choses qu’ils cachent. L’affaire de l’Onas en est une parfaite illustration.

Qu’il existe aussi des reporters ou des journalistes suffisamment naïfs pour croire que les hommes politiques sont des anges descendus du ciel ou dans un tel état de pureté, fait bien rire. A la façon de les voir les défendre, l’on se rend compte d’un tel niveau de connivence à un point tel qu’on ne peut avoir que de la peine pour eux. L’intérêt des politiques, sous tous les cieux, est de neutraliser la presse, de manière à ce qu’elle ne les empêche pas de faire ce qu’ils veulent. Etre donc de connivence avec ces politiques là pour ces journalistes au point de dénigrer leurs pairs, est une posture qui ne les honore point.

Si ces autorités étaient en tout cas mues par une réelle volonté de transparence comme il semble bien vouloir le démontrer en s’attaquant à la presse, notamment avec la publication des conventions et des impôts qui seraient dus à l’Etat, elles auraient dû commencer par publier aussi d’autres subventions et avantages allouées par l’Etat à d’autres corporations, telles que les bénéficiaires des fonds communs, les personnes citées dans le contenu du rapport sur le foncier, le syndicats, etc et ne pas se limiter à tenter de vilipender la presse dans des dossiers nullement entachés de nébuleuse, comme elles semblent bien vouloir le faire croire.

Il y a en effet beaucoup qui parlent de la presse et des journalistes sans en comprendre la moindre réalité. La réduire à Madiambal Diagne, Bougane Guèye Dany, et quelques rares autres parce qu’ils gênent le gouvernement avec leurs critiques, montrent qu’on ne réalise pas que les journalistes se comptent par milliers. Surtout ceux de la presse écrite qu’on ne voit jamais et qui pourtant donnent le ton des médias avec les radios, les télés qui amplifient l’information dans la journée.

Beaucoup prêtent aussi aux patrons de presse, des fortunes qui n’existent que dans leur imagination. Certains exercent d’autres activités qui leur permettent au fond de financer leurs supports loin d’être rentables. Certains qui parlent ne savent pas par exemple que le prix du kilogramme de journal papier coûtait 300 F CFA à l’origine depuis que le journal a commencé à coûter 100 francs. Un prix qui avait renchéri jusqu’à 900 f pendant la période du covid pour à nouveau baiser à 675 F voire 700 F CFA, dans un marché dominé par la spéculation ; sans oublier le contexte marqué par la baisse de la publicité publique dont 70% sont captés par les médias publics et des investissements publicitaires des annonceurs privés en constante baisse. Ce qui est, entre autres exemples, un des aspects de la faiblesse d’un modèle économique qui est à revoir et qui est loin d’être une affaire d’impôt, contrairement à ce que certains veulent voir dans cette opposition presse-pouvoir.

L’ex-ministre de la communication Moussa Bocar Thiam a en tout cas démenti tous les chiffres produits par son successeur qui a tenté de montrer que l’essentiel de la dette fiscale est détenu par les entreprises privées. Ce qui n’est pas exact du tout. C’est bien au contraire, si on en croit sa communication, les entreprises de presse publiques, nullement inquiétées contrairement à ces annonces dans les réseaux sociaux, qui sont détentrices de 50% de la dette.

PS: L’on ne pouvait pas ne pas s’arrêter sur le niveau de français des ministres du gouvernement avec des fautes d’orthographe devenues récurrentes, sans oublier le niveau de langue et de communication qui laisse vraiment à désirer. C’est la ministre des affaires étrangères qui remporte la palme d’or de la plus mauvaise prestation, car étant vraiment à la peine dans ses discours, tellement ses phrases sont mal articulées, si peu fluides et les mots mal choisis. Difficile d’arriver à comprendre ce qu’elle cherche à dire en général. Des prestations laborieuses en comme.

 Le très peu sympathique Cheikh Oumar Diagne aussi se fait remarquer par ses fautes d’orthographe, par exemple dans son courrier-réponse relatif à l’affaire de prise en charge lors du Magal. La liste est loin d’être exhaustive.

Qu’on ne nous réponde surtout pas que les Sénégalais préfèrent désormais parler wolof, surtout que tous les Sénégalais ne comprennent pas cette langue, avec en plus des étrangers qui vivent parmi nous. Et pourtant le Français demeure la langue de travail, jusqu’à preuve du contraire.

 De la même façon, l’on peut décrier le recours de plus en plus fréquent dans la presse, au wolof pour cacher ses carences en français. Beaucoup d’animateurs d’émissions n’osent plus se frotter au français. Allez savoir pourquoi ?