NETTALI.COM - Le 6 septembre dernier, le chef de l'Etat a écrit au président de l'Assemblée nationale pour lui notifier que son Premier ministre fera sa Déclaration de politique générale (DPG) le 13 septembre prochain. Pour beaucoup, cela voudrait dire que l'Assemblée nationale ne sera pas dissoute le 12 septembre, jour de ses deux ans. Pourtant, rien n'est moins sûr si on se fie aux explications des tenants du pouvoir. 

"Le 12 septembre, s'il plait à Dieu, ces gens auront autre chose à faire que d'être députés." C'est la déclaration faite, le mercredi 4 septembre dernier, par le Premier ministre. Ousmane Sonko en avait profité pour assurer qu'il n'y aurait pas de motion de censure contre son gouvernement contrairement à ce qui avait été annoncé par les députés de la majorité Benno Bokk Yakaar. La suite, on la connait. Le président de la République a saisi l'Assemblée nationale pour une nouvelle session extraordinaire. Obligeant ainsi Benno à abandonner son rêve de censurer le gouvernement.

Et quand la conférence des présidents de l'Assemblée nationale a fixé la date du 11 septembre pour la Déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre, le président de la République est revenu à la charge. Certainement pour éviter une motion de censure à son Premier ministre, le Président Bassirou Diomaye Faye a choisi la date du 13 septembre pour la DPG.

Pour beaucoup, cela voudrait dire que l'Assemblée nationale ne sera pas dissoute le 12 septembre, jours de ses deux ans. Certains y voient même un dédit du Premier ministre par le chef de l'Etat. "Par lettre signée le 06 septembre 2024, le président de la République a notifié à M. le président de l'Assemblée nationale de la tenue de la Déclaration de politique générale du Premier ministre le 13 septembre (...)", écrit l'ancien ministre Mansour Faye.

Pour ce responsable de l'Alliance pour la république (APR), deux scénarios sont possibles. Et d'expliquer: "Un dédit de M. le Premier ministre : Par conséquent, le début de la restauration de l'ordre institutionnel tant attendue et espérée par les Sénégalais, ce qui signifiera la fin de l'imposture. Ou alors un parjure de M. le Président : scénario catastrophe qui consacrera l'écroulement irréversible des fondamentaux de la République."

Pourtant, les choses sont loin d'être aussi simples. Du côté du pouvoir, on veut dissocier la fixation de la date du 13 septembre pour la DPG et le pouvoir constitutionnel qu'a le président de la République de dissoudre l'Assemblée nationale dès le 12 septembre. Invité vendredi sur la chaine de télévision privée Walf Tv, Yankhoba Diémé, ministre du Travail, de l'Emploi et chargé des Relations avec les institutions, a refusé de lier la DPG prévue le 13 septembre et la dissolution éventuelle de l'Assemblée nationale dès le 12 du mois.

Secrétaire général du parti Pastef et président du groupe Yewwi askan wi, le député Ayib Daffé ne dit pas autre chose. "C'est au président de la République d'apprécier. Ce que nous avons dit, c'est que nous lui donnons carte blanche. Le président de la République, après deux années de législature, a la possibilité de dissoudre l'Assemblée nationale. Et ces deux années vont tomber le 12 septembre 2024. C'est une prérogative qui lui est donnée par l'article 87 de la Constitution. En termes de contexte et d'opportunité, ce n'est pas forcé qu'il dissolve l'Assemblée nationale le 12 septembre. Maintenant, dans sa grande majorité, l'opinion pense qu'il faut dissoudre l'Assemblée nationale. Aux yeux des citoyens, cette Assemblée n'a pas d'utilité et n'a plus de légitimité dans sa composition actuelle", a-t-il laissé entendre ce dimanche sur la RTS.  Avant d'ajouter: "Il est cohérent dans le contexte actuel de dissoudre cette Assemblée nationale."

Selon lui, il y a, à l'Assemblée nationale, "une majorité qui est dans la politique de la terre brûlée, qui est dans la subervsion, qui est la sédition  et qui menace votre gouvernement d'une motion de censure". "Il faut en tirer les conséquences. Et pour moi, la dissolution s'impose", martèle Ayib Daffé. Autrement dit, il faudra effectivement attendre le 12 septembre pour savoir si l'Assemblée nationale ne sera pas dissoute et s'il y aura Déclaration de politique générale (DPG).