NETTALI.COM - Dans l'adresse à la nation du président de la République de ce jeudi, ce qui fait le plus tiquer l'APR, c'est le parjure, le non-respect de la parole donnée du chef de l'État. À l'occasion de sa conférence de presse tenue ce vendredi, le secrétariat national exécutif de l'ancien parti au pouvoir en a fait voir de toutes les couleurs au tandem.
“Parole parée n'est pas sincère”, cette pensée de Lao-tseu pourrait résumer à elle seule la position de l'APR suite à la dernière adresse du président de la République et son lot d'annonces. Ainsi, après avoir observé une minute de silence pour s'incliner devant la mémoire des victimes de Mbour, le secrétariat national exécutif de l'APR a ouvert les hostilités. Dans un premier temps, selon le parti de Macky Sall, l'image du Sénégal “modèle de référence, de paix sociale et de stabilité traverse l'un des pires moments de son histoire démocratique”.
L'APR ne s'est pas privé d'exemples pour mieux dépeindre la situation qui prévaut actuellement au Sénégal. “Après les ignobles actions tendant à bâillonner la presse nationale avec des méthodes de redresse- ment fiscal inhumaines, le couple présidentiel Sonko-Diomaye continue inlassablement de bafouer la Constitution et de piétiner les lois de la République. En tant que gardien de la Constitution, garant du fonctionnement des institutions, le Président de la République, piégé par son Premier ministre, multiplie les fautes politiques et les atteintes graves à la Constitution”, souligne le porte- parole national de l'Alliance Pour la République (APR).
D'après Seydou Guèye, le péché originel de ces “violations en série de la Constitution” demeure “le soutien malheureux” apporté au Premier ministre dans sa “médiocre décision de ne pas procéder, conformément à la Constitution, à sa Déclaration de Politique Générale (DPG)”. Mais pour l’ancien ministre et ses camarades de parti, l'attitude du chef du gouvernement n'est guère surprenante, car il reste “fidèle à ses habitudes de mépris et de désinvolture à l'égard des institutions constitutionnelles et des valeurs républicaines”.
Seydou Guèye et ses camarades estiment par ailleurs que cette “crise institutionnelle entre l'exécutif et le législatif, provoquée, voulue et entretenue par le Président de la République, avait pour seul dessein de bloquer l'institution parlementaire”, afin d'éviter à Ousmane Sonko le “face-à-face avec les députés, dans le cadre d'une motion de censure”. Les apéristes ne mâchent pas leurs mots et qualifient cette stratégie de “ridicule d'évitement des responsabilités constitutionnelles et de confinement des règles édictées par la Constitution de la République”.
Joutes électorales à venir
L'autre sujet évoqué par le SEN de l'APR reste bien sûr les prochaines élections législatives. La nouvelle opposition regrette ainsi le manque de concertation dont fait montre le camp présidentiel. “Nous avons entendu hier, (jeudi) le message d'un Président de la République partisan, qui avance masqué vers un agenda électoral sans concertation avec les acteurs.”
Pour l'Alliance Pour la République, les impératifs de l'heure portent sur “la mise en place, avec tous les démocrates et républicains, d'un large front pour la régularité, la transparence et le respect scrupuleux des dispositions du Code électoral, à défaut d'un consensus entre les différents acteurs”.
Toujours dans cette optique de la constitution de la future Assemblée nationale, l'APR voudrait d'ores et déjà miser sur des alliances. “La mise en place d'une coalition électorale de l'opposition, la plus large possible, pour une victoire éclatante et imposer la cohabitation aux nouvelles autorités, au soir du 17 novembre 2024, pour le bien du Sénégal. Aujourd'hui, la démocratie et la République sont en péril, il faut les sauver, l'une et l'autre. L'Alliance Pour la République appelle tous les militants et responsables alliés à la mobilisation générale, dans le consensus, la concertation et la solidarité, pour poursuivre aux côtés des populations le travail politique et électoral, gage d'une large victoire au soir du 17 novembre 2024.”
Face aux médias, ceux de l'ancien pouvoir ont invité leurs successeurs à délaisser les calculs politiques actuels. Car selon Abdou Mbow et Cie, les préoccupations du moment sont bien ailleurs. “C'est un régime qui, en à peine 5 mois, a lamentablement échoué devant l'inflation, le repli et l'incertitude économique, la criminalité galopante, les accidents de la circulation et surtout, par l'absence de solution pour la jeunesse en quête d'un meilleur avenir, les marchands ambulants et les conducteurs de moto-taxi qui gagnent difficilement leur vie. Voilà des défis majeurs pour notre vivre ensemble, face auxquels le Gouvernement ré- pond par la dérobade...”