NETTALI.COM - Le rapport trimestriel d’exécution budgétaire fait ressortir, au terme du premier semestre, une hausse des recettes fiscales par rapport au premier semestre 2023, alors que les recettes non fiscales et externes sont en chute libre.
Alors que la plupart des indicateurs économiques virent à l’orange pour ne pas dire au rouge (voir communiqué FMI et note de conjoncture économique DPEE), le fisc, lui, peut bien se frotter les mains. C’est d’ailleurs grâce à ses performances que la situation des recettes se porte plus ou moins bien au premier semestre.
“Les ressources du budget général mobilisées jusqu’à fin juin 2024 sont essentiellement composées de ressources internes (recettes fiscales et recettes non fiscales) pour une part de 96,91 %”, informe le rapport trimestriel d’exécution budgétaire qui couvre la période allant du 1er janvier au 30 juin et qui a été publié, le mardi 17 septembre par le ministère des Finances et du Budget.
Malgré les efforts colossaux réalisés essentiellement par les régies financières, il est à relever que les objectifs de la loi des finances n’ont pas été atteints. Seuls 86,01 % des recettes prévues dans la LFI ont pu être mobilisés. “Les ressources internes du budget général ont été recouvrées à hauteur de 1 854,84 milliards F CFA, soit un taux de réalisation de 86,01 % par rapport à l’objectif fixé pour le deuxième trimestre”, révèle la source.
L’analyse de ces chiffres montre combien les régies financières pèsent sur la mobilisation des ressources, cette année bien plus que les années précédentes. Sur l’enveloppe de 1 854,84 milliards, les 1 789,92 milliards F CFA sont constitués de recettes fiscales. Seulement 59,10 milliards F CFA de recettes non fiscales. “Comparé à la même période de l’année 2023, le recouvrement des ressources internes est en hausse de 99,83 milliards F CFA, soit 5,69 %”, précise le rapport du ministère chargé des Finances.
Les services de Cheikh Diba, de préciser que cette augmentation des recettes s’explique surtout par le niveau de recouvrement des recettes fiscales de +121,60 milliards F CFA, soit +7,3 %.
Le Sénégal, un État de plus en plus dépendant des impôts
Ces performances fiscales ont permis d’atténuer le recul net des recettes non fiscales et des recettes externes du budget. En ce qui con- cerne les recettes non fiscales, elles ont connu un repli de -21,77 milliards F CFA, soit en valeur relative - 25,1 %. A la fin juin 2024, “les ressources du budget général mobilisées s’élevaient à 1 913,94 milliards F CFA, soit un taux d’exécution de 40,78 % par rapport à l’objectif annuel de 4 693,80 milliards F CFA fixé par la loi de finances initiale de 2024 (LFI 2024)”.
"Par rapport à la même période en 2023 (soit 1 834,80 milliards F CFA), la mobilisation de ces ressources a enregistré une hausse de 79,14 milliards F CFA en valeur absolue, soit 4,31 % en valeur relative”, note le rapport d’exécution budgétaire.
À l’instar des ressources internes non fiscales, les ressources externes ont également sensiblement reculé par rapport aux objectifs et aux performances des années précédentes. La situation de mobilisation des dons semble le plus impactée.
Selon le rapport, “les dons reçus au cours du deuxième trimestre de 2024 s’élèvent à 59,10 milliards F CFA, représentant un taux d’exécution de 19,45 % des prévisions de la loi de finances initiale. Ils sont exclusivement constitués de dons en capital destinés à financer des projets d’investissement durant le deuxième trimestre”. La source de préciser que “les tirages sur dons en capital pro- viennent pour 94,2 % des principaux partenaires que sont respectivement l’USAID (53,1 %), la GIZ (17,1 %), l’AFD (16,5 %), la Bad (4,2%) et l’Italie (3,3 %)”.
Alors que le niveau de mobilisation des recettes peine à progresser conformément aux prévisions de la loi de finances initiales, celles des dépenses, elle, suit presque le rythme initialement prévu. D’après le rapport, “les dépenses du budget de l’État (base ordonnancement) sont réalisées à hauteur de 2 305,70 milliards F CFA représentant 41,24 % des crédits ouverts au 30 juin 2024”.
L’analyse de ces chiffres montre que malgré une tendance presque généralisée aux licenciements, les dépenses de personnels ne faiblissent pas. “Les dépenses de personnel exécutées au 30 juin 2024 s’élèvent à 701,19 milliards F CFA, soit un taux d’exécution de 48,61 % sur des cré- dits ouverts (1 442,465 milliards F CFA)”. En glissement annuel, explique la source, “les dépenses de personnel ont évolué de 63,04 milliards en valeur absolue et 9,9 % en valeur relative”. Cette hausse, souligne-t- on, “est due à la prise en charge des échéances relatives aux accords signés entre l’État et les organisations syndicales des secteurs de l’éducation et de la santé en 2022”.
Durant le deuxième trimestre, poursuit le rapport, les dépenses de personnel ont été principalement portées par les secteurs de l’éducation et de la formation professionnelle avec un montant de 194,098 milliards, soit 57,5 % du total. “Suivent respectivement, selon le document, le secteur des forces de défense et de sécurité (81,218 milliards, soit 24,0 %), le secteur de la santé (19,516 milliards, soit 5,8 %), le ministère des Finances et de Budget (9,838 milliards, soit 2,9 %), le ministère de la Justice (8,653 milliards, soit 2,6 %) et les institutions (5,593 milliards, soit 2,0 %). Les autres secteurs se partagent 5,3 % de la masse salariale, soit 17,922 milliards”. L’évaluation a aussi montré qu’à la fin du semestre, “l’effectif des agents de la Fonction publique a progressé de 0,7 % par rapport au trimestre précédent”. Il a, en effet, été porté à 183 168 agents.
En revanche, les dépenses d’acquisition de biens et de services ont presque dégringolé par rapport à l’année dernière. “Au 30 juin 2024, les dépenses d’acquisitions de biens et services ont été ordonnancées à hauteur de 37 %, représentant un montant de 156,98 milliards F CFA des crédits ouverts contre 233,66 milliards F CFA un an auparavant, soit une baisse de 76,68 milliards F CFA en glissement annuel”, lit-on dans le rapport triennal d’exécution budgétaire.
Les prévisions peu optimistes du FMI
Il faut rappeler qu’à l’issue de sa dernière mission au Sénégal, le FMI a fait un communiqué qui a suscité de nombreux commentaires au sein de la classe politique. Dans la note, l’institution de Bretton Woods constate un ralentissement de l’économie sénégalaise. “L'économie sénégalaise a enregistré une croissance plus lente que prévu au cours du premier semestre de 2024. La croissance du PIB réel s'est établie à 2,3 % au premier trimestre”, indique la source qui ajoute que “les perspectives demeurent difficiles pour le reste de l'année”.
Selon le document, la position budgétaire devrait se détériorer en raison d’une baisse des recettes et de l'augmentation des dépenses en subventions énergétiques et en paiements d'intérêts.
Revenant sur les raisons de ces contre-performances, la délégation du FMI expliquait que “ce ralentissement reflète une activité plus faible dans les secteurs minier, de la construction et l’agro-industriel, et, dans une moindre mesure, dans le secteur primaire”. Beaucoup d’observateurs n’ont pas hésité à indexer les mesures fiscales du régime qui découragent l’investissement.