NETTALI.COM - Les magistrats du nouveau Pool judiciaire financier sont chauds et ne comptent pas perdre de temps. Un ballet s’annonce devant les juridictions sénégalaises pour les pontes de l’ancien régime. Dans ce lot, l’homme d’affaires Abdoulaye Sylla d’Ecotra aura fort à faire devant les enquêteurs. Il a en tout cas été entendu, le vendredi 20 septembre, une bonne partie de la journée, par la Division des investigations criminelles (Dic).
Selon des sources, cette convocation pourrait avoir des liens avec le chantier du Pôle urbain de Diamniadio pour lequel, l’on parle d’un scandale de plus de 230 milliards de francs CFA. En effet, soulignent nos interlocuteurs, pour réaliser les travaux de Voirie et réseaux divers (VRD), la Délégation générale à la Promotion des pôles urbains de Diamniadio et du lac Rose (DGPU) a, à la suite de l’appel d’offres n°29/DGPU/2016 du 1er septembre 2016, signé, le 9 mai 2017, avec le groupement Ecotra-Tauber, un marché clé en main assorti d’un montage financier pour un montant de 140 325 243 002 F CFA TTC.
Or, des sources soupçonnent que Tauber n’a été qu’un faire-valoir dans cet appel d’offres, car Ecotra ne disposait ni des références, ni les moyens techniques, encore moins financiers pour garantir la bonne exécution dudit marché.
Dans ce marché, Abdoulaye Sylla écrivait dans sa lettre de soumission : “Si nous sommes désignés attributaire provisoire, nous nous engageons à mobiliser les financements nécessaires dans un délai maximum de deux mois et sur la base des conditions suivantes : (i) taux d’intérêt 6 %, (ii) durée de remboursement 8 (huit) ans et (iii) différé de remboursement 24 (vingt-quatre) mois.”
Mais, contre toute attente, soulignent nos sources, l’État du Sénégal a pris l’option d’emprunter entre 2019 et 2021, à la place du groupement Ecotra-Tauber, des fonds auprès des bailleurs et partenaires pour la réalisation des travaux.
Ainsi, la BOAD, la BID/CEDEAO et la Société Générale lui ont respectivement prêté 30 milliards F CFA, 15 milliards F CFA et 101 000 000 d’euros équivalent à 66 milliards F CFA. Ce que confirme un rapport de la Cour des comptes.
Malgré cette manne, les chantiers n’ont point avancé. Ainsi, sur le site, le constat est que des décaissements importants, sans rapport avec le niveau d’exécution des travaux, ont été effectués pour des montants dépassant 140 milliards de francs CFA.
Malgré ce niveau d’exécution jugé très faible, la DGPU, souligne-t-on, a pris la responsabilité de signer des marchés complémentaires et par entente directe financés par la BOAD et la BIDC pour des montants de 30 milliards F CFA et 50 milliards F CFA respectivement.
Or, le rapport de la Cour des comptes est sans appel pour Ecotra. Il mentionne que l’objectif de construire neuf postes d’électricité moyenne tension, de puissance 630 KVA adossés à un réseau de distribution moyenne tension de 15 km et basse tension de 20 km ainsi qu’un système de télégestion y relatif, n’est pas réalisé, car les rapports d’avancement indiquent un taux d’exécution de 0 %.
La construction des postes électriques prévus dans le marché d’Ecotra a été remplacée par les postes construits par la Senelec sur toute l’étendue du pôle. Il en est de même pour l’aménagement des espaces verts, la réalisation de bâches à eau de 22 000 m3 et des châteaux d’eau.
De plus, la station d’épuration qui a été facturée à huit milliards F CFA n’a pas été réalisée, malgré le fait qu’Ecotra a intégralement encaissé le montant du marché.
Ce qui fait dire à nos interlocuteurs que tout ceci n’augure rien de bon pour l’homme d’affaires.
Reste à savoir s’il a été interrogé, vendredi, sur ce dossier explosif.