NETTALI. COM - La question du voile risque d'être la pomme de discorde entre le Gouvernement et l'église, pour la prochaine rentrée scolaire. Si le Premier ministre Ousmane Sonko est déterminé à faire annuler la mesure d'interdiction, le Comité national du laïcat est formel sur sa position d'interdiction. L'église affirme que son engagement ne saurait être flétri par un  arrêté, tout en lançant au PM que " les menaces sont inopérantes".

A quelques semaines de la rentrée scolaire, le débat sur l'interdiction du port du voile dans les établissements privés catholiques, refait surface avec la dernière sortie du Premier ministre. Ousmane Sonko campe sur sa position. Lors du cocktail offerte aux lauréats du Concours Général et au Conseil interministériel sur la rentrée scolaire, il a réaffirmé que la loi sera respectée et a même demandé aux ministre de préparer un arrêté dans un ce sens.

L'Eglise est toutefois loin d'être ébranlée par cette menace du chef du gouvernement de passer outre l'interdiction. " L’Église est républicaine et, en matière d’Éducation et de Formation, elle fonde son action sur la CONSTITUTION. Son engagement à cet égard ne saurait être flétri par un ARRÊTÉ" affirme le Conseil national du laïcat dans un communiqué.

Le Conseil relève en effet que  " l’intérêt particulier porté par le Gouvernement et le traitement médiatique subséquent fait sur la problématique du port obligatoire de l’uniforme scolaire confortent l’Enseignement privé catholique, précurseur en cette matière, dans sa persévérance à promouvoir l’égal accès de toutes les filles et de tous les fils du pays à l’Éducation, dans une égale dignité que ne sapent ni les différences de conditions socio-économiques, culturelles et religieuses, ni les disparités territoriales" 

Ce faisant, martèle-t-il, "  l’Enseignement privé catholique, demeure ancré dans les principes fondamentaux édictés par la Constitution de l’État laïc du Sénégal qui, en son article 8, consacre respectivement le droit à l'éducation et le droit de savoir lire et écrire à chaque citoyen sénégalais".

Dans la même dynamique Dr Abraham Phillipe Tine et ses coreligionnaires encouragent, dès lors, " tous les établissements privés catholiques du Sénégal, établissements au demeurant tous sénégalais et placés sous la responsabilité des autorités diocésaines que sont les Évêques du Sénégal, à demeurer fermes dans la promotion des valeurs chrétiennes qui fondent leur projet éducatif, dans le respect des principes constitutionnels d’égalité, de liberté, de respect mutuel, au total, du vivre ensemble".

Tout en rappelant que " des Sénégalais de toutes conditions et de toutes obédiences font confiance en l’Enseignement privé catholique", le Conseil déclare à qui veut l'entendre que " Rien, ni personne ne doit le détourner de l'essentiel : la formation de l'homme et de tout l'homme dans l’amour et la charité , sans aucune distinction ".

Sous ce prisme, note le communiqué, " le CNL regrette la persistance dans l’erreur du Chef du Gouvernement à considérer les écoles privées catholiques comme des « écoles étrangères ». Cet acharnement à stigmatiser l’Enseignement privé catholique est à dénoncer, tant il est étranger aux valeurs culturelles qui cimentent et sédimentent l’exception sénégalaise faite de pluralités vivant en harmonie".

Par conséquent, la structure invite " tous les fidèles chrétiens, tous les frères et sœurs de confessions religieuses et tous les citoyens épris de justice et de paix, à demeurer vigilants face à ces signaux alarmants qui tendent, à s’y méprendre, à ostraciser la communauté catholique et, partant, à fragiliser la cohésion sociale". " Les Chrétiens du Sénégal ne sauraient être considérés comme des citoyens de seconde zone", fulmine le laïcat.

Lequel,  invite le Chef du Gouvernement " à faire montre de plus de respect et de considération à l’endroit de l’Enseignement privé catholique basé sur les valeurs évangéliques. Les menaces sont inopérantes". Non sans souligner que " l’Église ne connaît pas la peur. Elle marche dans la Vérité, la Justice et la Paix".  

En définitive,  concluent ces responsables de l'église sénégalaise,  "face aux graves défis multiples et urgents de l’heure, le CNL engage le Gouvernement à ne désormais conjuguer de VERBE que celui de l’ACTION pour le bien-être des populations sénégalaises dont il tient le mandat".