NETTALI.COM - Le Premier ministre, Ousmane Sonko, et son gouvernement viennent de dresser le tableau sur la gestion de Macky Sall et de son gouvernement. Selon lui « Macky Sall et son gouvernement ont menti au peuple… » durant tout leur magistère. Il a promis des enquêtes sur la "corruption généralisée" sous l'ancien pouvoir en place avant avril 2024. Ousmane Sonko l'accuse d'avoir manipulé les chiffres des finances publiques. Il a cité les anciens ministres des Finances, Amadou Ba, Abdoulaye Daouda Diallo, Mouhamadou Moustapha Ba, de même que l’ancien chef de l’Etat, Macky Sall.

 «Nous n'aurions jamais imaginé que les choses étaient aussi catastrophiques», a déclaré le Premier ministre qui s'est indigné de la situation ahurissante dans laquelle leur régime a trouvé les finances publiques. « Les constats de ces audits font ressortir la gabegie dans les dépenses tant dans leur choix que dans leur effectivité et impact», a confié Ousmane Sonko dressant l'état des lieux face à la presse, ce jeudi.

Dans son exposé, le ministre Sarr a mis l’accent sur deux indicateurs essentiels : la dette publique et le déficit public. “La dette publique et les déficits budgétaires ont été plus élevés que ce qui a été publié par les autorités sortantes et communiqué à nos partenaires durant la période 2019-2023. Le déficit a été annoncé à une moyenne de 5,5 % du PIB sur la période 2019-2023. Mais, en réalité, il a été en moyenne de 10,4 %, soit près du double. En fin 2023, la dette de l’État central hors secteur parapublic était à 15 664 milliards, soit 83,7 % du PIB. Alors qu’elle était annoncée à 13 772 milliards, soit 73,6 % du PIB. Il s’agit donc d’un supplément de dette contracté et non publié de près de 1 892 milliards, soit 10 % du PIB de plus”.

Abdourahmane Sarr est revenu sur ce qu’il considère comme étant le modus operandi du régime sortant. “Cette dette supplémentaire est principalement due à des tirages sur des prêts projets sur financement extérieur et des prêts contractés auprès des banques locales, de façon non transparente. Sur la période 2019 2023, les tirages sur ressources extérieures non inclus dans le déficit ont été en moyenne de 593 milliards. Et les prêts bancaires en moyenne de 179 milliards. Si l’on prend l’exemple de l’année 2023, le déficit public s’établirait aux alentours de 10 % du PIB, en y intégrant les tirages sur ressources extérieures et les prêts des banques, alors que le déficit annoncé était de 4,9 %. Soit le double”, s’est-il alarmé.

De l’avis du ministre de l’Économie, l’audit a aussi révélé que “le surfinancement du Trésor public d’environ 605 milliards F CFA en fin 2023, convenu avec le FMI, devait être utilisé pour l’année 2024. Ce surfinancement a été utilisé pour payer des dépenses non budgétisées et des dettes de l’État, contrairement à ce qui a été dit aux partenaires. La nondisponibilité de ce surfinancement a nécessité des emprunts non initialement programmés, notamment l’émission d’eurobonds par placement privé de 750 millions de dollars en juin dernier. Et des crédits commerciaux syndiqués de 300 millions d’euros au troisième trimestre”.

Outre la dette et le déficit, Abdourahmane Sarr est aussi revenu sur le taux de croissance qui a également souvent été mis en avant par l’ancien régime. “La croissance moyenne sur la période 2014-2023 a été d’environ 5 %, malgré les déficits budgétaires fictifs d’une moyenne de 10 % du PIB. Cela veut dire que l’action de l’État dans l’endettement n’a pas été assez efficace. On peut être tenté d’attribuer cette contreperformance à la conjoncture internationale, mais la faiblesse de la croissance n’est en réalité qu’un retour à nos performances historiques, soit autour d’une croissance de 4 % hors pétrole et agriculture”, a-t-il précisé. Cette décélération de la croissance du PIB non agricole a, selon lui, commencé depuis 2018, donc bien avant la Covid et la crise ukrainienne qui n’expliquent donc pas tout.

A la suite de ces révélations, la parole a été donnée au Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Ousmane Diagne, qui soutient que tous les détournements présumés de deniers publics, seront examinées en toute transparence et avec la plus grande rigueur. « Ces faits sont d’une gravité certaine et semblent revêtir une qualification pénale que les autorités judiciaires compétentes, saisies, vont devoir déterminer aux moyens d’investigations qu’elles jugent appropriés. Il appartiendra aux autorités judiciaires et policières de le déterminer. Ce que je peux dire, c’est que ce sera fait avec le maximum de rigueur, de transparence et sous réserve des règles du principe de la présomption d’innocence», laisse-t-il entendre.