NETTALI.COM - Alors que Pastef levait des fonds supposés lui permettre de financer sa campagne, le Forum civil constate, dans un rapport, l’utilisation des moyens et leviers de l’État dans le cadre des Législatives, tout en s'interrogeant sur les 500 millions qui auraient été récoltés.

En perspective des élections législatives du 17 novembre 2024, le Forum civil a déployé des dizaines d’observateurs à long terme sur l’ensemble du territoire national. Sous la direction de l’expert Mamadou Seck, le premier rapport de la mission a été rendu public le week-end dernier, lors d’une session de formation organisée en partenariat avec la Convention des jeunes reporters du Sénégal, à la Maison de la presse Babacar Touré.

L’une des conclusions majeures dudit rapport, c’est que contrairement aux professions de foi et d’intentions, les moyens de l’État sont bel et bien utilisés par le régime en place dans le cadre de la présente compétition. L’enquête fait état de l’utilisation des moyens de l’État à hauteur de 14,29 %.

Selon les observations faites par les représentants du Forum civil déployés sur le terrain, il a été constaté que certains agents de ministères se déplacent dans leurs localités avec des véhicules de leurs ministères dans le cadre de leurs activités politiques, parfois avec des personnels de leurs ministères. “Il en est conclu que les moyens publics sont utilisés pour la campagne qui n’a pas encore démarré officiellement”, souligne le document, non sans préciser : “la coalition qui est au pouvoir utilise les moyens de l'État pour amadouer les populations. À titre d'exemple un travail confié à l'Onas est récupéré par des politiques pour être plus proche des populations.

Der, bourses familiales, Onas : ces leviers de l’État au coeur de la campagne

Dans le même sillage, il a été constaté une utilisation des bourses de sécurité familiale à des fins politiciennes, avec des politiciens qui enrôlent des bénéficiaires en lieu et place des autorités administratives. En outre, il y a le cas de la Direction de l’entrepreneuriat rapide dirigée par Aida Mbodj qui a aussi attiré l’attention des observateurs à long terme du Forum civil. “La campagne de financement de la Der est jugée par une certaine frange de la population comme une campagne déguisée en faveur du parti au pouvoir”, lit-on dans le rapport présenté aux journalistes.

Idem pour une mission de terrain impliquant la ministre de la Famille et des Solidarités. Par ailleurs, le document note la “politisation des initiatives de solidarité et d’assistance sociale à 23,81 %”.

Ces révélations du rapport du Forum civil semblent en tout cas être en contradiction avec la volonté affichée par Pastef. Dans une déclaration la semaine dernière, le président du parti et non moins Premier ministre Ousmane Sonko invitait ses partisans à mettre la main à la poche, parce qu’il est hors de question d’utiliser les moyens de l’État pour aller en campagne. “Comme à chaque élection, nous allons demander aux militants de participer selon leurs moyens. Comme vous le savez, nous sommes le premier parti à faire un fundraising ouvert, transparent et accessible à tous. Nous le faisons à chaque élection pour financer notre campagne et à la fin, on fait notre bilan. Ce n’est pas parce que nous sommes au pouvoir qu’on va cesser cette pratique”, a plaidé la tête de liste.

Selon lui, un parti qui se respecte doit pouvoir compter sur les cotisations de ses membres. “Nous devons continuer ainsi jusqu’à l’adoption d’une loi sur le financement des partis politiques. Encore que, même avec une telle loi, on ne saurait se suffire des financements publics. Si vous allez aux Etats-Unis, chaque candidat fait des levées de fonds. Les fonds publics ne peuvent suffire”, poursuit le leader politique.

Pendant ce temps, le parti lève plus de 70 millions sur Kopar Express. El Malick annonce plus de 500 millions

D’après le PM, Pastef a toujours agi de la sorte. Si aujourd’hui il se passe de cette formalité, cela voudrait dire que le parti utilise les caisses de l’État pour mener ses activités politiques. “Or, nous avons pris l’engagement de gouverner ce pays dans la droiture. C’est pourquoi nous lançons à nouveau un fundraising”, insistait Sonko qui fixait les cotisations à un million F CFA pour ceux qui ont été nommés à des postes de responsabilité, 100 000 F CFA pour certains responsables, jusqu’à 1 000 F CFA pour les plus jeunes militants.

À la dernière consultation de la cagnotte, hier à 22 h 25 mn, il y avait 27 171 contributeurs pour un montant total de 75 172 057 F CFA, soit 15 % de l’objectif.

Il faut noter que dans l’opposition, Pastef avait déjà l’habitude de faire beaucoup mieux. Le 15 janvier 2023, le parti avait battu tous les records en collectant plus de 100 millions en quelques heures seulement. Des instances du parti faisaient état de plus de 300 millions collectés en un laps de temps. Des chiffres qui pulvérisaient la collecte de 2021 qui avait permis de mobiliser 125 millions F CFA.

Si sur la plateforme on était encore à moins de 80 millions, Pastef a cependant déclaré, lors du meeting, que l’objectif de 500 millions F CFA a été atteint.

Seulement, contrairement aux levées de fonds via la plateforme Kopar express qui est plus ou moins ouverte et transparente, il n’y a aucune transparence avec les contributions physiques annoncées par M. Ndiaye, responsable de la communication du parti présidentiel.

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