NETTALI.COM - Au nom de l’amour, l’honneur d’Amina S. a failli être entaché. En effet, depuis le jour où elle a décidé de réclamer à son petit ami Mamadou Diop l’argent qu’il lui devait, elle a été sujette à un chantage de la part de celui-ci. Détenant ses vidéos obscènes, il menaçait de divulguer les images sur le Net. La jeune femme a échappé de justesse à la honte de sa vie en déposant plainte contre l’homme qui lui promettait pourtant le mariage.

C’est dans une foire de vente de divers produits que Mamadou Diop et Amina S. ont fait connaissance. Après avoir échangé leurs contacts, ils se sont attachés l’un à l’autre. C'est sur ces entrefaites qu'ils ont noué une relation amoureuse avant que le sieur promette le mariage à Amina S. Au cours de cette relation de confiance, il fait savoir à sa chérie qu'il n'avait pas les moyens d'honorer la dot. Mais celle-ci était trop amoureuse pour laisser son projet de mariage tomber à l'eau.

Ainsi, elle lui prêtait de l'argent pour fructifier son commerce afin de la doter. Sur sa demande, la femme se filmait nue avant de lui envoyer les images. Quand il a reçu ces vidéos désobligeantes, il a commencé à la faire chanter. Il lui réclamait de l’argent au risque de divulguer ses images. Pour mettre fin à sa souffrance, Amina S. a porté l'affaire en justice. Ainsi, Mamadou Diop est placé sous mandat de dépôt le 9 septembre dernier pour répondre aux chefs de détention d'images contraires aux bonnes moeurs en vue de leur diffusion et d'extorsion de fonds portant sur 527 000 F CFA.

L’affaire a été jugée hier lundi 21 octobre, devant le tribunal. Face aux juges, la partie civile est revenue sur les faits. Elle renseigne avoir rencontré le prévenu dans un village non loin de Rosso- Sénégal. S’agissant du différend qui les a conduits devant la barre de cette juridiction pénale, elle déclare : “Il m’a fait savoir qu'il va commercialiser ses deux caisses de chaussures, un mouton et un téléviseur pour la dot. Par la suite, il m'a emprunté de l'argent sous prétexte qu'il veut compléter la dot. Il veut m'offrir 700 000 F CFA. J'ai accepté de lui accorder un prêt. Mais il a continué à m'emprunter de l'argent. Pour satisfaire ses demandes, j'ai sollicité des membres de ma famille. Au total, je lui ai prêté 700 000 F CFA. Sur sa demande, je lui ai aussi envoyé des vidéos obscènes. Quand je lui ai réclamé mon argent, il a commencé à me menacer, disant qu'il allait diffuser mes images obscènes si je ne lui verse pas de l'argent. Quand j'ai appelé mon frère, ce dernier m'a conseillé de venir à Dakar. Il m'a remboursé 400 000 F CFA. Il me doit 127 000 F CFA”, ajoute-t-elle.

Toutefois, Diop tient à préciser qu'il n'avait pas l'intention de mettre en oeuvre ses menaces. Il dira : “Quand elle m'a réclamé son argent, je lui ai demandé un délai, puisque j'étais sujet à des maux de ventre. Par la suite, j'ai commencé à la menacer de publier les images au cas où elle ne me donnerait pas 150 000 F CFA. Mais je n'avais pas l'intention de passer à l'acte.

Le ministère public, convaincu de sa culpabilité, a requis une peine ferme de deux ans. Pour sa part, le conseil de la défense, qui sollicite la clémence du tribunal, estime qu'à partir du moment où la partie civile a envoyé l'argent de son propre gré, il n'y a pas d'extorsion de fonds. Par rapport à la violence et voie de fait, Me Mamadou Ciss déclare : “Il y a eu un prêt. Mais c'est la dame qui a parlé de menace en premier. Des violences qui n'ont pas existé antérieurement, mais aussi postérieurement. La collecte n'est pas frauduleuse. Il y a eu seulement une détention. Au sujet de cette infraction, je suis là pour solliciter la clémence de votre juridiction. Il a mal agi ; rien ne peut justifier son comportement vis-à-vis de cette dame. Malgré son âge, il n'a jamais comparu devant une juridiction pénale. Il a des enfants mineurs à sa charge”, plaide la robe noire.

Finalement, le tribunal, après en avoir délibéré, a retenu le délit de détention d'images contraires aux bonnes moeurs. Le juge a condamné Mamadou Diop à une peine d'emprisonnement de deux ans assortie du sursis et a ordonné le paiement du montant de 127 000 F CFA.