NETTALI.COM -  – Les producteurs agricoles de la commune de Taïba Niassène (Kaolack) affiliés au Cadre local de concertation des organisations de producteurs (CLCOP) indiquent que les rendements d’arachide attendus cette année ne sont pas à la hauteur des attentes, malgré l’accompagnement dont ils ont bénéficié auprès des services de l’Etat et la bonne pluviométrique qui a suscité l’espoir de bonnes récoltes pour cette spéculation.

"Il y a eu, cette année, une abondance de pluies venues au bon moment, même si nous avons relevé une pause pluviométrique. Nous avons reçu les engrais à temps et en grande quantité grâce à l’appui de l’Etat. Malgré tout, les rendements attendus dans la production de l’arachide ne sont pas au rendez-vous dans cette zone du bassin arachidier. Pour dire vrai, il y a des problèmes dans la production arachidière", témoigne Amath Diakhaté Niass, président du CLCOP de cette commune du département de Nioro du Rip.

Il décrie la qualité des graines d’arachide reçues par les producteurs. Il pointe aussi la mauvaise qualité des semences de maïs hybride qui sont importées sans que les conditions de conservation ne soient respectées.

Il estime qu’"acheter un sachet de semences à 150 mille francs CFA sans pour autant avoir les rendements escomptés n’est pas rentable".

"L’Etat doit exiger des vendeurs de semences qu’ils fassent des prélèvements pour des tests de germination. Si le taux de germination dépasse 88%, ils peuvent vendre. Le cas échéant, qu’ils sachent que ce n’est plus un bon produit à vendre aux producteurs", suggère-t-il.

Le président du CLCOP de Taïba Niassène dit ne pas comprendre qu’on oblige les producteurs à se soumettre à une assurance agricole comme condition d’accès au crédit.

D’après M. Niass, "toutes les conditions ne sont pas réunies pour une bonne campagne agricole", alors que "ni l’assurance encore moins la banque agricole n’ont rien dit pour rassurer le producteur qui ne sait pas quoi faire".

Devant une telle situation, il estime que l’Etat doit prendre ses responsabilités, prévenant que "les producteurs ne pourront pas s’acquitter de leurs dettes cette année".

"Gouverner, c’est prévoir", a rappelé Amath Diakhaté Niass, tout en invitant les autorités à trouver une solution à cette situation, afin de lever l’inquiétude des producteurs.

Evoquant les avantages du maïs blanc, il indique que cette spéculation est d’une qualité supérieure aux autres types de maïs. Selon lui, elle résiste aux mycotoxines comme l’aflatoxine et l’ochratoxine. "En plus, ce maïs blanc a les mêmes fonctions culinaires que le riz", fait-il remarquer.

Il plaide pour que les encadreurs agricoles puissent mener le travail d’hybridation au Sénégal, au lieu de recourir à des produits semenciers hybrides importés.

Pour permettre à l’agriculture sénégalaise de pouvoir jouer pleinement son rôle, il invite les pouvoirs publics à travailler à la maîtrise de l’eau, à revoir "sincèrement" le capital semencier et faire en sorte que les engrais 6-20-10, 15-15-15 et 15-10-10, soient renouvelés à travers la mise en place de nouvelles formules.

L’accompagnement bienveillant de l’Etat

L’accompagnement de l’Etat du Sénégal, à travers le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage lors de la présente campagne agricole, est "inédite", juge Moustapha Thiam, président de la Société des coopératives agricoles de Taïba Niassène. C’est même une "aubaine" pour les producteurs, déclare-t-il.

"Cette année, l’Etat nous a donné 1000 tonnes de maïs hybride avec des semences, de l’engrais et de l’urée à des prix subventionnés. Ce qui constitue une aubaine pour nous, puisque, sur le marché, le kilogramme de semences est vendu à 5000 francs CFA, alors que nous l’avons acheté à 2000 francs CFA", dit-il.

Il informe que la Société des coopératives de Taïba Niassène a reçu gratuitement de l’Etat 1000 tonnes de phosphates, ainsi que des produits phytosanitaires pour la protection des cultures.

"Nous saluons très sincèrement l’approche du ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage, qui a permis de mettre en place, à temps et en quantité suffisante, les intrants agricoles", a-t-il poursuivi.

Pour éviter la situation de cette année, les producteurs de Taïba Niassène disent vouloir opter désormais pour une diversification des spéculations avec l’introduction des espèces culturales 28 206 et 73 133.

Ils confient que des équipes de l’ISRA et de la Direction de la protection des végétaux (DPV) sont venues dans leur localité pour effectuer des prélèvements de sol pour des tests en laboratoire.

Ils rappellent néanmoins que les semences 28 206 et 73 133 "sont vieillissantes, parce que datant de plusieurs dizaines d’années maintenant". Compte tenu de cette situation, dit-il, "l’Etat doit aider l’ISRA à pouvoir produire des semences de prébase accessibles à tous les producteurs".

"En d’autres termes, il faut travailler au renouvellement du capital semencier avec des espèces certifiées pour booster la productivité agricole", plaide Moustapha Thiam.

Il n’en demeure pas moins selon lui que les semences de prébase de l’ISRA pour l’arachide coque coûtent "excessivement" cher, puisqu’étant vendues à 6 000 francs CFA le kilogramme.

La productrice et transformatrice de produits agricoles, Faty Omar Niass, indique en revanche que les productions de maïs et de mil ont répondu aux attentes des producteurs locaux.

"Ici, dans le cadre de la diversification culturale, nous avons opté principalement pour le mil avec trois variétés, notamment +souna 3+, +thialack 2+ et +sunugaal+. Pour toutes ces variétés, nous espérons atteindre notre objectif avec de très bons rendements", déclare-t-elle.

Elle soutient que la souveraineté alimentaire du Sénégal passe "inéluctablement" par une bonne productivité de mil, de maïs et d’autres produits céréaliers.