CONTRIBUTION - «L’os de Mor Lam» est une pièce de théâtre, un conte à la fois tragique et comique de Birago Diop. Cette pièce met en scène l’histoire de Mor Lam, un homme qui fut enterré vivant à cause de son avarice.
Un jour, le village de Mor Lam, alors en manque de viande, reçoit un bœuf en entier. Les villageois l’égorgent et se partagent la viande. Mor Lam reçoit sa part : un os. Pendant que sa femme Awa était en train de le cuisiner, son ami, son plus que frère, son Mbokki mbaar, Moussa lui rendit visite. Envahi par l’odeur de l’os, Moussa décida alors de rester. Il comptait sur l’honneur et l’hospitalité pour se faire inviter. Ne voulant pas partager son os avec son ami Moussa, Mor Lam demanda à sa femme d’annoncer sa mort. Il croyait ainsi que Moussa allait partir, sauf que Moussa décida de rester aux funérailles de son ami. Faisant le mort, Mor Lam fut enterré vivant. Son fidèle ami Moussa épousa la veuve et dégusta l’os. Cette tragicomédie s’est encore jouée, en 2023, au Sénégal avec cette fois Ousmane Sonko en acteur principal, les leaders de l’opposition de l’époque, de la société civile et des médias jouant les seconds rôles, et le peuple sénégalais en figurant abusé et berné.
Tout commence pourtant en mars 2021 quand une jeune fille de 20 ans accuse le leader de Pastef de viol répété et de menaces de mort. Les faits se sont déroulés dans un lupanar (Sweet Beauty) qu’on a voulu présenter comme un lieu de soins thérapeutiques. Après les péripéties de l’instruction (audition où il refuse le test Adn, muet comme une carpe devant la plaignante lors de la confrontation), place au procès. La date retenue, en effet le Mor Lam des temps présents qui s’est entre-temps essayé à tous les langages que ne doit pas tenir un homme politique respectable (Gatsa-Gatsa, trainer le président de la République comme Samuel Doe, Thiooky fin, …) se rend à Ziguinchor pour prendre la population dont il est le premier magistrat comme bouclier humain, après avoir distillé la rumeur d’une arrestation imminente. Tout ça, pour se débiner lâchement et ne pas faire face aux accusations de la jeune fille dans un procès.
La fabrique du mensonge avait tourné à plein régime
Le verdict rendu, le Sénégal connait une vague de violence aussi destructrice que son arrestation en mars 2021. Après avoir été arrêté pour d’autres faits (terrorisme, atteinte contre la sureté de l’Etat, Association de malfaiteurs en lien avec des organisations terroristes,…), Mor Lam qui est incarcéré à la prison de Sébikhotane, entame une grève de la faim. Dans une de nos chroniques sur la chaine «Cnm-Africa7» le 25 octobre 2023, nous nous montrions très sceptique sur les informations diffusées sur le malade imaginaire. Nous disions en substance, pointant la responsabilité des médias dans la grande manipulation de Pastef : «Une bonne partie de la presse a repris l’information sur la grève de la faim de Sonko sans prendre le plus élémentaires des précautions de vérification auprès de l’administration pénitentiaire ou de l’hôpital».
En effet, la fabrique du mensonge avait tourné à plein régime. Ses avocats, Ciré Clédor Ly en tête, ameutent l’opinion quand le ministre Ismaila Madior Fall avait informé que Sonko avait été «admis à l’hôpital suite à sa demande». L’avocat s’était même permis d’annoncer le pire : «La déshydratation a provoqué un début d’insuffisance rénale et d’hypoglycémie, du fait de sa diète prolongée».
Les organisations des droits humains et les rentiers de la tension s’y mettent. Alioune Tine, dans un tweet, alerte sur la gravité de la situation d’Ousmane Sonko. «Les informations qui me parviennent de proches de Sonko, de ses avocats et même de médecins sur l’état de santé de Ousmane Sonko sont très préoccupantes et pourraient si des décisions urgentes ne sont pas prises, mettre en danger sa vie. Il faut libérer Sonko et les détenus politiques pendant qu’il est encore temps», faisait-il savoir. Et son acolyte Seydi Gassama de renchérir : «Les nouvelles que nous recevons des avocats et proches des détenus politiques en grève de la faim prolongée sont inquiétantes. Après les nombreux morts par balles lors des manifestations, le pays pourrait connaître des décès de détenus suite à des grèves de la faim», avait-il posté sur son réseau social X (ex-Twitter).
Ceux qui avaient entretenu ce mensonge doivent aujourd’hui des excuses au peuple
Les alliés politiques entrent en jeu, avec d’abord une lettre ouverte demandant l’arrêt de la grève de la faim imaginaire. Non sans entamer une tournée auprès des autorités religieuses pour les sensibiliser sur le cas Sonko. L’on se rappelle leur visite auprès du guide spirituel de la communauté Mouride, qui avait même remis des dattes à Sonko en lui intimant l’ordre d’arrêter sa diète. De retour de l’hôpital, Aida Mbodj, en larmes (de crocodile ?), alerte : «Nous aimerions être éconduits aujourd’hui comme nous le fûmes mardi que de le voir dans cet état. Ousmane Sonko ne peut rien, ne reconnait personne. Nous n’avons même pas pu lui donner les dattes du Khalife général des Mourides. Nous interpellons tout le monde. Si on m’annonce son décès, je ne serais pas surprise». Habib Sy de renchérir Habib Sy : «J’aurais aimé ne pas le voir».
Les épouses de Sonko, sous la houlette de Pape Alé Niang qui agissait plus comme un manipulateur qu’un journaliste, ont également joué leur partition dans ce cinéma. Le Directeur général de la Rts, dans une de ses publications cette semaine sur sa page Facebook, rapportant les propos de Kaccor Bi Le Témoin, s’est pris un malin plaisir à se présenter en professeur de vertu en politique, après avoir été agrégé en manipulation et propagande. Il appelle à la restauration de l’ordre public après avoir été un des grands artisans du chaos de 2021 à 2024. Pour Sonko, il a relayé des mensonges sans gêne et sans scrupule, insulté publiquement nos guides religieux en ces termes : «Les autorités religieuses, censés guider et protéger les valeurs morales, sont complices d’une dérive vers l’autoritarisme.» Pape Alé peut être amnésique, nous pas !!
L’association «Wa Sanar» qui regroupe les anciens de l’Université Gaston Berger, s’est même fendu d’un «appel pour la préservation de la vie de Ousmane Sonko». Il se trouve malheureusement que tout relevait d’une sordide mascarade ; l’acteur principal ayant passé aux aveux. Sans gêne, il avoue avoir tout orchestré dans le seul but de se soustraire à la justice.
Ce cinéma de Sonko est la cause de la mort de plus de 80 personnes (selon le décompte de Pastef), de la mutilation d’énormément de personnes, de la destruction de la Bibliothèque universitaire, de la Faculté de Droit, du Cesti, d’une centaine d’édifices publics, de la destruction de nombreux biens privés, de la mise en chômage de beaucoup de travailleurs, de la dégradation de l’image du Sénégal à l’international… Acteurs politiques, membres de la société civile, universitaires, journalistes, chroniqueurs qui avaient entretenu ce mensonge, doivent aujourd’hui des excuses au peuple Sénégalais. Abdoulaye Wade a toujours dit qu’il ne marcherait pas «sur des cadavres pour accéder au pouvoir». Ousmane Sonko pourrait-il le dire ?
PS: Des citoyens Sénégalais ont mis en place une plate-forme dénommée Devoirs, Démocratie et Liberté (2DL). Votre serviteur en fait partie, de même que le chroniqueur Ameth Ndoye. Ce dernier a été interpellé à la fin de la conférence de presse de présentation de la plate-forme. Il a été immédiatement placé en garde à vue. C’est le lieu de lui apporter tout notre soutien face ce qui semble être une tentative de museler l’opposition et les acteurs de la presse.