NETTALI.COM - Une déclaration qui n’est pas passée inaperçue, à Aréna, lors de l'opération fundraising de Pastef, à la veille de la campagne des législatives, eh bien, c’est celle d’Ousmane Sonko. Le leader de Pastef est en effet revenu sur son hospitalisation et sa grève de la faim qui n’étaient en réalité que simulations et subterfuges dans le but de se tirer d’affaire. Une information qu'il aurait pourtant dû se garder de donner, surtout au regard de la posture d’Alioune Tine qui avait à l'époque, fortement pris fait et cause pour sa libération, pour des raisons humanitaires.
L'on se rappelle en effet de la fameuse séquence d’Aïda Mbodji qui évoquait "un Ousmane Sonko entre la vie et la mort". De même que les dattes de Serigne Mountakha Mbacké envoyées dans le but de faire cesser la grève de la faim du leader du Pastef.
Aux champs de course, Serigne Moustapha Sy, n'expliquait-il pas qu’Ousmane Sonko avait eu à simuler un état comateux pour ne pas échanger avec certains leaders de sa coalition Yewwi askan wi.
Comment ne pas se souvenir de cette fameuse histoire d’intoxication au gaz de Me Clédor Ciré LY, l’avocat d’Ousmane Sonko, lequel évacué en France en chaise roulante, avait été photographié dans un café parisien, le lendemain de son départ sur Paris. L’on attend toujours les résultats du supposé empoisonnement de Sonko et de son avocat, internés à l’époque à Suma Assistance.
Et la transhumance reprit ses droits !!
Au-delà de ce qu'on peut considérer comme de la manipulation à grande échelle, ainsi qu'un abus vis-à-vis d'un certain public, l’actualité politique nous conforte au moins sur une chose, ces jours-ci, la rupture tant annoncée, n’a pas encore eu lieu. Sur le champ politique, la transhumance que l’on croyait révolue sous l’ère Sonko, a encore de beaux jours devant elle. Dans certaines localités, ce sont des responsables politiques qui ont quitté l’Apr pour aller, avec armes et bagages, rallier le Pastef avec des prétextes les uns aussi fallacieux que les autres.
De voir affichés à la une de « Lii Quotidien » du lundi 28 octobre, les visages de Déthié Fall, Doura Baldé, Mame Boye Diao, Malick Sall (ancien ministre de la justice sous Macky) et d’autres illustres inconnus du monde politique, pour illustrer ceux qui sont considérés par le quotidien, comme des transhumants, il y a vraiment de quoi s'interroger sur ce qui est arrivé à ce parti qui a si bruyamment vendu la rupture aux Sénégalais. Peut-être sont-ils conscients dans leurs rangs, du risque que cela peut constituer de ne pas avoir de majorité, surtout que les 54% de la présidentielle étaient loin d’être le seul fait des Pastéfiens.
Dans un post sur Facebbok, l’ancien ministre de la jeunesse sous Macky Sall, Pape Malick Ndour pense de toute façon, que ceux qui ont décidé de soutenir le Pastef, ont tout simplement des choses à ses reprocher, même si l’humiliation sera le prix à payer. Une situation qu’il juge aussi valable pour tous ceux qui ont choisi de s’emmurer dans le silence et qu’il incite à rester dignes, cohérents et loyaux.
Une vraie fausse affaire Samba Ndiaye
Pour poursuivre dans cette histoire de transhumance, une affaire a soulevé une levée de boucliers. Des réactions qui portent les signatures du directeur général du Port autonome de Dakar, Waly Diouf Bodiang, de l’ARTP Dahirou Thiam, du député Guy Marius Sagna ainsi que la section Pastef de Grand Dakar. Pour des sorties aussi spontanées que virulentes, l’on a vite senti une action concertée. Ousmane Sonko a sauté sur la fronde et annoncé que des « mesures correctives seraient sans doute envisagées par le président de la République ».
Une situation tellement embarrassante que ce dernier s’est senti obligé de se prononcer dans un discours à la nation, exhortant les militants à tourner la page. Le PR a ainsi estimé que les erreurs du passé doivent être pardonnées et surpassées dans un esprit de réconciliation nationale, à l’instar d’Ousmane Sonko qui, selon Diomaye, aurait lui-même pardonné les critiques du sieur Ndiaye. Une sortie de Diomaye Faye qui a fait dire à certains journaux que « Diomaye n’est pas Sonko ».
Ce qui est surtout inadmissible dans cette affaire, c’est de voir le Premier ministre (quoique patron du parti) et ces DG qui ne doivent leur présence à la tête de la primature et des directions générales, qu'à la signature d’un président de la république qui a bien voulu concéder leur nomination, ramer à contre-courant d’une décision du Président Diomaye Faye. Si ces DG ont osé en effet adopter cette posture, c’est bien parce qu’ils ont été activés.
Pour Thierno Alassane, la réaction de Sonko, donnant un écho favorable aux revendications sur la nomination de Samba Ndiaye, est une "humiliation" pour le Chef de l’Etat qui, selon lui, a décidé "en fin d’agir comme un président". Le membre de la coalition "Sénégal Kessé" qu'il partage avec Abdoul Mbaye s’interroge même au passage : « Qui pour croire à une vague d'indignation spontanée qui viendrait des militants de base outrés, et non à une cabale montée par des voix autorisées de la Pastefiens.. ».
A ces responsables Pastéfiens qui ont dénoncé la nomination de Samba Ndiaye, l'on est même tenté de leur demander pourquoi ils ont toléré Mimi Touré ? Cette dernière n'avait-elle pas par exemple, sorti une célèbre phrase selon laquelle « Benno qui tient le carnet de rendez-vous de sweet beauty », en référence à l'affaire de supposé viol dans lequel était accusé Ousmane Sonko. Celle-ci n'avait en effet cessé de pilonner Ousmane lors des législatives au cours desquelles, elle était à la tête de la campagne de Benno Book Yaakaar. Sans doute ont-ils une mémoire sélective, ceux-là ? On peut en dire autant de Lansana Gagny Sakho, nommé PCA de l’Apix et qui a été tout aussi virulent avec Ousmane Sonko.
Rappelons tout de même que Samba Ndiaye, qui n’est d’ailleurs pas de l’Apr, avait rejoint la coalition Diomaye bien avant la présidentielle. Il avait été limogé par Macky Sall au mois d’octobre 2023, suite à sa déclaration de candidature à la présidentielle. Recalé au parrainage, il avait fini par soutenir la coalition Diomaye Président.
Le très peu décent rétropédalage de Déthié Fall
Mais le cas sans doute le plus surprenant dans ces législatives, c'est certainement la transhumance de Déthié Fall que ses amis de la coalition « Sammu Sa Kaddu » avaient vu venir, suite à son absence lors du lancement de ladite coalition. Reçu par Ousmane Sonko lundi, Déthié Fall a, avec des explications aussi tirées par les cheveux qu’alambiquées, expliqué qu’il a rejoint la coalition d’Ousmane Sonko. Il voulait mettre à l’aise ceux de "Samm Sa Kaddu" et éviter de tirer sur Ousmane Sonko et Cie avec qui il avait eu à cheminer. Sacrés politiciens !
Une situation qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler le cas Daouda Ngom, le mandataire d’alors de Pastef dans l’opposition à Matam qui avait disparu avec les dossiers d’investitures du parti, à quelques heures de la clôture des dépôts des listes.
Mais la question que l'on peut se poser, est surtout de savoir ce qu'un Déthié Fall qui ne jouit d’une grande armée de militants, peut vraiment apporter à Ousmane Sonko, si ce n’est de lui servir d’instrument de règlement de compte vis-à-vis ses anciens amis de Yewwi askan wi , Barth en particulier ?
Une réaction qui n’a pas tardé, c’est celle de Thierno Alassane Sall de « la République des valeurs » depuis sa page Facebook : "Ils avaient promis de remettre la morale au début et à la fin de tout (…) Ils avaient fait mine de détester les combines politiques au point de refuser toute coalition. À l'arrivée, ils se paient les services de Judas (…) pour le mal qu'il inflige à la coalition qui l’a investi et, au-delà, à la morale et à la démocratie." Dans sa missive, il regrette de voir la même approche que le régime actuel a pourtant naguère combattue.
Mais heureusement que le Pur également absent lors du lancement du parti, est toujours dans la coalition. Il a d’ailleurs réaffirmé son ancrage dans « Samm Sa Kadu ».
Quant à Macky Sall et Karim Wade, les alliés dans la même coalition, ils sont les absents les plus présents. Annoncé initialement comme devant faire campagne sur place, l’idée semble abandonnée chez Macky Sall dont le retour n'est pas encore à l'ordre du jour. Pour Karim, on n'en espérait pas tant.
Un début de campagne et déjà de la violence
Premier jour de campagne. Et la violence s'installe déjà dans l'arène politique. Abass Fall qui appelle ses militants à se préparer à prendre leur revanche "par force". Interpellant directement le ministre de l'Intérieur, il lance à ses partisans : "Demain (ce lundi, ndlr), il faudra venir avec vos armes, couteaux, machettes ou toute autre arme. Nous allons nous venger par force." "Ils savent que nous sommes en période électorale et ils en profitent. Mais nous allons sécuriser notre convoi. Ceux qui nous ont attaqués ne sont pas des militants. Ce sont des nervis payés pour nous attaquer", avait fait remarquer Abass Fall.
Un appel à la violence qui en a choqué plus d'un dans l'opinion. L’on a par la suite appris que le siège du parti "Taxawu Sénégal" a été attaqué nuitamment et incendié, avec beaucoup de dégâts matériels déplorés. En effet, autour de 4 heures du matin, le lundi 28 octobre, plus d'une vingtaine de personnes ont essayé de s'introduire dans les bureaux du siège Taxawu. Armés de coupe-coupe, d'armes à feu, de cocktails molotov, ils ont occasionné plusieurs dégâts. Les véhicules de Taxawu ont été saccagés. Toutes les vitres ont été brisées, les tee-shirts stockés ont pris feu et entraînés d'autres dégâts.
Réagissant Barthélémy Dias fait savoir que la provocation contre sa coalition remonte à l'épisode de Tamba où son convoi devant se rendre à Bakel a été stoppé, sans oublier le tribunal de Tamba, où on les a expulsés. Demandant à ses militants de ne pas riposter, il leur a recommandé de ne se défendre que s'ils venaient à être attaqués, interpellant au passage le ministre de l'Intérieur afin qu'il prenne ses responsabilités.
Les partisans d'Abass Fall, tête de liste de Pastef à Dakar, eux, accusent Barthélemy Dias d'avoir recruté des nervis qui se sont attaqués à son convoi, le dimanche 20 octobre. Pour leur part, Abass Fall et ses compagnons affirment que lors de l’agression perpétrée par les partisans de Barth, "plusieurs femmes de leur camp ont été dépouillées de leurs biens personnels, notamment de leurs smartphones, bijoux et sommes d'argent. Après des recoupements et de nombreux témoignages, il semble que les assaillants appartiennent à un groupe tristement connu, agissant sous la protection de Barthélemy Dias".
Mais rebondissement, Abass Fall présente ses excuses, alors que le mal est déjà. Le ministre de l'intérieur et la société civile appellent à l'apaisement pendant que le ministre de la justice annonce des enquêtes.
Khalifa Sall, le président de Taxawu Sénégal, Khalifa Ababacar Sall, a annoncé une plainte contre les auteurs de ces actes qui ont été filmés par une vidéosurveillance.
Des querelles entre "Sàmm Sa Kàddu" et "Pastef" qui étaient inévitables, car les bisbilles entre Barthélemy Dias et le Pastef d’Ousmane Sonko ne datent pas d’aujourd’hui. Les événements les plus récents ont eu lieu au lendemain de l’arrestation du président du mouvement Gueum Sa Bopp. En effet, à quelques jours du démarrage de la campagne pour les Législatives, un acteur phare de cette coalition de l’opposition, Bougane Guèye Dany, a été arrêté à Bakel. Une arrestation que Sàmm Sa Kàddu a jugé musclée et scandaleuse.
Par la même occasion, Sàmm Sa Kàddu avait alerté l'opinion nationale et internationale sur “la multiplication des violations des libertés fondamentales par un régime qui instrumentalise les pouvoirs régaliens de l’État pour régler des comptes politiques, au mépris des principes démocratiques”.
En effet, l'on peut dire que c’est la participation de Taxawu Sénégal au Dialogue national organisé par l’ancien président Macky Sall en mai 2023, qui était à l’origine des querelles entre Pastef et Barthélemy Dias. Ousmane Sonko et ses partisans avaient accusé Taxawu Sénégal de “collusion” avec la mouvance présidentielle, de “forfaiture” et “de trahison”. Bras droit de Khalifa Sall et maire de la ville de Dakar, Barthélemy Dias avait réagi en dénonçant “une volonté manifeste de diaboliser” sa formation politique. Des bisbilles qui ont d'ailleurs entraîné la rupture de la coalition Yewwi Askan Wi, fondée en 2021, à quelques mois des élections municipales.
Ousmane Sonko et l'incroyable bombe à 1000 millards !
Pendant ce temps, à Thies où il a ouvert sa campagne, Ousmane Sonko, devant une foule surexcitée, a pesté : "Il y a des gens qui ont tellement volé. Ils ont également tout dilapidé. Je vais vous donner juste quelques exemples. Savez-vous qu’ils ont vendu la prison de Rebeuss, soit plus d’un hectare, à 8 milliards F CFA ? Cela aurait pu coûter au minimum 40 milliards. C’est grâce à nous que la vente a été annulée. Ils ont également vendu la prison de Cap Manuel".
Ousmane Sonko ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Il a enfoncé le clou avec cette accusation qui a le plus attiré l’attention de l’opinion. Selon lui, il a été trouvé dans un compte plus d’un milliard. “… L’argent du contribuable, on ne badine pas avec ; les gens vont restituer ce qu’ils ont volé. Ce que je vous dis n’est rien par rapport à ce qui s’est passé. Il y a des gens chez qui, dans un seul compte, on a retrouvé plus de mille milliards. Pensez-vous que c’est normal dans un pays comme le nôtre ? Ce n’est pas de la méchanceté quand on parle de reddition des comptes, mais on ne peut laisser cela passer”.
D’ailleurs, ses adversaires n’ont pas tardé à réagir à la suite de cette prise de parole. Proche d’Amadou Ba et responsable au niveau de la coalition Jàmm ak Njarin, Madiambal Diagne a posté sur son compte Twitter : “Encore du Sonko ! Il ne dira jamais le nom de la personne, ni la banque, encore moins quelle enquête aurait débusqué ce magot. Chaque fois qu’il ouvre la bouche, c’est pour affabuler.”
Selon le candidat à la députation, l’actuel PM de Diomaye n’a même pas le sens de la mesure. Il y va lui aussi de ses affirmations sans source, ni preuve. “Il (Ousmane Sonko) ignore qu’aucune banque au Sénégal n’a ce niveau de dépôt. Les activités des banques sont strictement surveillées, devrait-on lui rappeler. S’opposer par le mensonge et gouverner par le mensonge. C’est sa devise”, a-t-il accusé, avant de fulminer : “Même les comptes du Trésor public ne disposent pas de tels montants en disponibilités.”
Des types de déclarations auxquelles l'on commence à bien s'habituer avec le leader de Pastef. Plus la déclaration est grosse, plus ses inconditionnels auront sans doute l'air d'y croire et d'autres s'interrogeront. De vrais os à ronger qu'il a une telle propension à balancer qu'ils deviennent finalement bien banals et peu crédibles.
Une information qui semble en tout cas relever du parfait délire, puisque si l'on considère les 9 premières banques de l'espace Uemoa, la banque disposant de plus de dépôts en 2023, est la Société Générale de Côte d'Ivoire avec 2715 ; la 2ème est Coris Bank Burkina avec 1454 milliards de F CFA. En effet dans l'espace, seules les 9 premières banques dépassent la barre de 1000 milliards. Dans le cas du Sénégal où la 1ère banque en termes de dépôts, est la Cbao avec 1217 milliards, la Société Générale 2ème avec 1113 milliards, l'on veut nous faire croire que le dignitaire en question, est la 3ème banque en termes de dépôts (lol). A moins qu'on nous apporte les preuves de ces allégations, en nous indiquant le nom de ce dignitaire qui aurait ces plus 1000 milliards dans ses comptes et les circonstances de la détention de ce montant astronomique.
Des attaques et des accusations, il y en a et il y'en aura encore et encore dans cette campagne où presque tous les camps qui comptent, jouent leur va tout pour soit confirmer leur poids politique, soit pour assurer leur survie. Bref une campagne qui n’est qu’à ses débuts et qui promet d’être chaude, chaude.