NETTALI.COM -Le Real Madrid avait mis les petits plats dans les grands pour le sacre annoncé de Vinícius lundi soir au Théâtre du Châtelet. Vexé de voir le Ballon d'or lui échapper au profit de Rodri, le club a finalement décidé de boycotter la cérémonie et de laisser ses chiens de garde chouiner sur les réseaux sociaux. Pathétique.
Il se voyait déjà en haut de l’affiche, adulé, signant des photos aux admirateurs qui se bousculeraient devant le Théâtre du Châtelet. Samedi encore, lors du Clásico, il riait au nez de Gavi en lui soutenant qu’il serait sacré lundi. Vinícius et ses certitudes sont donc tombés de quinze étages quand il a appris que le Ballon d’or atterrirait finalement chez Rodri.
Vexé, le Real Madrid a choisi la politique de la chaise vide pour manifester sa colère. Le Brésilien, brillant vainqueur de la Ligue des champions, méritait peut-être la récompense individuelle suprême, mais un grand club ne devrait pas faire ça.
Caprice des dieux
Aucun membre de la délégation du Real Madrid ne s’est rendu à Paris ce lundi alors que le club a placé cinq joueurs dans le top 10. Pas de Vinícius (2e), ni de Jude Bellingham (3e), Dani Carvajal (4e), Kylian Mbappé (6e), Toni Kroos (9e), Federico Valverde (17e) ou Antonio Rüdiger (22e) dans la capitale. Le Français recevra donc son trophée Gerd Müller, partagé avec Harry Kane, par un vulgaire colis recommandé.
Même sort pour le prix Johann Cruyff de Carlo Ancelotti et pour celui du club de l’année, dont la séquence a terriblement rappelé la décrépitude des NRJ Music Awards : un clip de 50 secondes pour féliciter le vainqueur, mais personne pour récupérer le gros lot.
Le trophée est bidon, on en convient, mais la scène tranchait avec le protocole suivi cinq minutes plus tôt pour la catégorie féminine, Joan Laporta et Alexia Putellas montant alors sur l’estrade pour recevoir le prix et placer quelques mots au nom du FC Barcelone. “J’ai été très surpris, désagréablement, a commenté le rédacteur en chef de France Football, Vincent Garcia, qui avait refusé de prévenir le vainqueur en amont de la cérémonie. Personne n’était au courant, ni au Real, ni à City. Je croyais que tout le monde l’avait accepté, mais au dernier moment, je ne sais pas pourquoi, certains ont paniqué, certains ont voulu changer la règle du jeu qui était pourtant assez claire.”
Florentino Pérez voulait présenter un septième Ballon d’or en onze ans au Bernabéu. Il n’a pas eu ce qu’il voulait. Alors il a piqué sa crise comme un enfant pourri gâté qui n’aurait pas eu son jouet dans les rayons du magasin.
Pas content ? Complot !
Mauvais perdant, le club a réussi à se monter le crâne et à se persuader que tout autre résultat qu’une victoire de Vinícius serait un scandale. Comme s’il ne pouvait y avoir match avec Rodri, déterminant dans le titre de champion d’Angleterre de Manchester City et dans l’Euro victorieux de l’Espagne. Comme s’il était impensable que le Brésilien puisse pâtir de la dispersion des voix avec ses coéquipiers, à l’instar de Virgil van Dijk en 2019 ou d’Antoine Griezmann en 2018.
L’entreprise d’endoctrinement a tellement bien fonctionné qu’Eduardo Camavinga a osé parler d’une décision “politique” et qu’a émergé la théorie d’un complot anti-merengue sur fond de tensions entre le club et l’UEFA dans le dossier de la Superligue. La déception a ainsi laissé place au ridicule.
Pour une fois, les choses n’ont pas tourné dans le sens du Real. Le club n’a pas vraiment de quoi se plaindre au regard de la manière dont il a été servi au fil des années, en témoigne (entre autres) le Ballon d’or 2013 décerné à Cristiano Ronaldo au terme d’une saison où il n’avait gagné que la Supercoupe d’Espagne. Touché dans son ego, Florentino Pérez n’a pas su agir avec la classe qu’il revendique à longueur de temps. Être grand dans la victoire, c’est simple. Le rester dans la défaite, beaucoup moins.
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