NETTALI.COM - Avec le ralliement massif de certains maires issus de l’ancienne majorité, la base de Pastef ne cesse d’exprimer sa colère. Accusé par certains responsables, la tête de liste départementale dans la région de Thiès, Amadou Ba, balance Sonko.
Ça ne bruit plus que de ça au niveau des instances du parti Pastef à Thiès. Depuis le meeting d’ouverture de la campagne électorale, les militants sont dans tous leurs états. À l’origine de cette colère noire, il y a surtout l’accueil réservé aux maires transhumants de la région, c’est-à-dire ces élus de l’ancien régime qui ont décidé de voter Pastef aux Législatives.
Désigné comme un des chefs d’orchestre de ces ralliements tous azimuts, Amadou Ba est monté au créneau pour dégager toute responsabilité dans la venue de ces maires. Dans un audio qu’il a partagé dans un groupe WhatsApp des responsables du parti dans le département, il explique : “cet audio a été fait pour apporter quelques précisions aux militants. Et chacun pourra se faire sa propre religion. Je vous raconterai comment ça s'est passé.”
Après cette brève introduction, le candidat à la députation a informé que tout entre dans le cadre d’une stratégie mise en place par Ousmane Sonko. Lui n’est qu’un exécutant. “Comme à la veille de chaque élection, c'est le président Ousmane Sonko qui définit les stratégies. Il l'a toujours fait et ça a toujours été payant”, justifie M. Ba qui a dévoilé quelques pans de la stratégie pour les présentes élections.
Selon lui, au niveau départemental, Pastef s’est engagé à ne mettre que des responsables du parti. Pour la liste nationale, en revanche, c’est Sonko qui a jugé que des alliés doivent y être investis.
Revenant sur la transhumance des maires qui constitue la principale pomme de discorde, le candidat a estimé que l’ordre de les accueillir venait directement de Sonko. “Dans cette stratégie, il a aussi demandé d'accueillir tout maire qui vient pour nous soutenir dans ces élections. Je dis bien de les accueillir, pas autre chose. Il nous a fait savoir que c'est un homme bien averti, qui connaît bien l'État et qui connaît le système. Il a dit qu'il ne peut tout dévoiler. Comme vous l'avez toujours fait, il faut continuer à suivre les instructions, a-t-il recommandé. Ce que je vous dis, ce sont ses propres instructions. Nous ne sommes que des exécutants”.
Aux militants en colère qui l’ont accusé d’être parmi les instigateurs, Amadou Ba a tenu à préciser : “Je n'ai rencontré personne dans un cadre officiel. Sauf certains dans des discussions préalables. Si on prend l'exemple du maire de Khombole, c'est lors du meeting que je l'ai vu pour la première fois. C'est Ousmane Sonko qui a demandé d’inviter les maires pour le meeting. Et il a précisé que dans chaque département il va rencontrer les maires qui nous soutiennent. Parce qu’aussi, quand vous dites à quelqu’un qui frappe à votre porte d’entrer, la moindre des choses est de lui donner une chaise pour s'asseoir.”
Ousmane Sonko ne s’est pas limité à donner des instructions pour les accueillir et les inviter au meeting, il a aussi autorisé la prise de parole de leurs représentants lors du meeting. Et il était même convenu que Sonko devait se lever lors de sa prise de parole pour calmer les militants. Ce qui ne s’est pas fait finalement. Cela a en tout cas exacerbé la frustration. Ba en était bien conscient et avait informé le Pros. Il lui disait : “La famille est secouée avec cette affaire des maires. Les gens sont très fâchés et je sais qu’on pourrait me traiter de tous les noms d'oiseaux. Alors qu'on a fait qu’exécuter des ordres. Il faut donc parler aux responsables des coordinations directement si possible. Malheureusement, cela n'a pu se faire à cause des conditions dans lesquelles le meeting a été organisé.”
Cela dit, la tête de liste départementale a tenu à affirmer que contrairement à certaines allégations, il n’a jamais été question de corrompre qui que ce soit. “Comme je l’ai déjà dit, assène-t-il, je défie les gens qui tiennent ces propos. Si on apporte une seule preuve de ces allégations, je démissionne de Pastef”.
Dans le même sillage, le responsable politique affirme qu’il n’y aura pas de transhumance, c'est-à-dire, selon sa définition, prendre quelqu'un et le mettre dans leur parti. “On ne garantit non plus à personne une nomination. On ne garantit à personne l'impunité. On ne garantit à personne la réélection au poste de maire. Je pense que j'ai été clair. Et tout ce que j'ai dit, c'est sur instruction. Je ne parle jamais des affaires du parti sans instruction” a soutenu le candidat qui dit comprendre la colère des militants, tout en les invitant à l’exprimer dans l’élégance et le respect.
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