NETTALI.COM - Poursuivi pour diverses infractions, Bougane Guèye Dany, candidat à la députation, a été relaxé pour les chefs de rébellion et outrage à agent. Il a été condamné pour refus d’obtempérer. Le juge n’a pas suivi le procureur qui avait requis trois mois ferme contre le patron de D-Média.
Les militants de Gueum sa Bopp peuvent pousser un grand ouf de soulagement. Leur leader va conserver son éligibilité, malgré les lourdes charges qui étaient retenues contre lui. Hier mercredi 30 octobre, le tribunal de Tambacounda a tranché. Relaxé pour les chefs de rébellion et d’outrage à agent, il a été condamné à deux mois de prison assortis du sursis et à 100 000 F CFA d’amende pour refus d’obtempérer. Son avocat Me El Hadj Diouf déclare : “C’est une victoire très importante. Il faut rappeler que le procureur avait demandé trois mois ferme et 500 000 F CFA d’amende. Ce qui l’aurait privé de son éligibilité pour toutes élections. Heureusement, la vérité a triomphé. Les juges ont dit le droit.”
En effet, au-delà de la liberté ou de la condamnation du leader politique, l’un des enjeux principaux de ce procès restait ses droits civiques et politiques. Il ressort de la loi électorale que certaines peines privent ceux qui en font l’objet du droit à être candidat aux élections. Sous ce rapport, le patron du groupe de presse D-Média courait un grand risque. Pour son avocat, il n’y a pas de doute que c’est ce que cherchait le régime dans cette affaire. “Il y avait quelque part un désir, un souhait des institutions de l’empêcher de se présenter aux élections. Comme Sonko. Aujourd’hui, Bougane Guèye Dany peut se présenter à toutes les élections. Il faut donc s’en réjouir”, a commenté Me Diouf, qui a précisé que le juge a ordonné sa libération immédiate.
En fait, pour le chef de rébellion, le tribunal a estimé qu’il n’y a pas assez de preuves contre le candidat à la députation. Pour le chef d’outrage à agent, il l’a relaxé purement et simplement. “Après ce verdict, il peut retrouver son équipe de campagne pour faire ce qu’il sait faire de mieux : déranger les autres, en disant la vérité, en dévoilant ce qu’ils cherchaient à cacher”, fulmine le tonitruant avocat.
Hier, presque tous les responsables de la coalition Sàmm sa Kàddu s’étaient déplacés à Tambacounda pour soutenir leur camarade Bougane, membre de la même liste. Leur chef de file Barthélemy Dias déclare : “On ne pouvait pas attendre un autre verdict. Ce dossier ne devait même pas arriver au tribunal. Bougane Guèye Dani a été arrêté par la gendarmerie qui a fait une enquête à charge. Cette affaire montre simplement qu’il y a encore des gens qui veulent contrôler la justice, alors que les Sénégalais attendaient le changement.”
De l’avis du maire de Dakar, s’il y a quelqu’un qu’il faut poursuivre, il faut bien le chercher dans le camp présidentiel. “Il y a à peu près 72 heures, vous avez vu un candidat poser un acte criminel avec préméditation. Il a annoncé ce qu’il allait faire et a incendié un quartier général où se trouvaient cinq personnes. Jusqu’à l’heure où je vous parle, c’est comme s’il n’y avait pas de justice. Au même moment, on a pris en otage un candidat qui voulait juste aller poser un acte humanitaire. Nous nous félicitons qu’il y ait encore des juges debout”, commente la tête liste qui informe que la coalition va rester dans la région de Tambacounda pour battre campagne.