NETTALI.COM - Une grande première, à ne pas manquer ce samedi, dans le décor flambant neuf de la salle multifonctionnelle «Académie» de la Télé Futurs Médias où se conjuguent histoire et modernité. Aux manettes de ce plateau spécial, l’incontournable Pape Cheikh Diallo, avec la finesse de son verbe et la force de sa voix. Au menu, discussions, anecdotes, effusions, émotions, tableaux savamment orchestrés, show, performances vocales, airs intemporels, belle flopée d’invités… Face à lui, pour ponctuer ce grand moment de télévision, une légende qui n’a jamais autant fait partie de son époque, un monument qui a bercé la jeunesse de certains et impulsé les rêves d’autres, un artiste attachant et fascinant. Youssou Ndour somptueusement habillé d’un boubou vert émeraude, était l’hôte de marque de «Tawfeex». Une émission inédite dans laquelle le Roi du Mbalakh a embarqué les téléspectateurs dans l’univers de sa dernière tournée européenne où grâce à son génie et son aura, il a fait déplacer et soulever des foules et de son nouvel album résolument international. Avant de plonger tel un enfant émerveillé, dans un pan intime de sa vie, qui a conduit et donné un relief particulier, à sa chanson «Yaay dieureudieuf», composée avec des notes chaleureuses et de la poésie, à l’image d’un recueil qui fait chaud au cœur. Profondément impliqué dans la marche du pays, le leader du mouvement «Fekee ma ci bolé» n’a pas non plus manqué de raviver sa flamme patriotique, tout en levant le voile sur le «mystère» de son silence sur les récents événements politiques. Le leader du «Super Etoile», définitivement indémodable, a aussi lancé le compte à rebours du Grand-Bal de Dakar qui fera, à coup sûr, briller d’innombrables yeux. De quoi patienter jusqu’à ce prochain rendez-vous, le 04 janvier 2025, sur l’esplanade du Grand-théâtre. En attendant, savourez «Tawfeex»…
Tournée Européenne : «J’ai été profondément touché par les Sénégalais de la diaspora, attachés à leur culture, valeur, religion et à leur pays»
«C’était une petite tournée que nous avons entreprise après un travail acharné de près de deux ans en studio, pour la confection du nouvel album. Nous avions donc besoin de souffler un peu. C’est ainsi que j’ai donné mon aval à mon équipe afin qu’elle puisse caler quelques dates sur trois semaines au mois d’août dernier. C’était vraiment une tournée intéressante à tous les niveaux. Cependant, ce qui m’a le plus marqué, c’est le public Africain en général et Sénégalais en particulier. Vous savez, en Europe, les spectacles commencent et s’achèvent très tôt et ils ont l’habitude d’y venir en famille. Pour la plupart, leurs enfants sont nés et ont grandi là-bas. Ils n’étaient pas encore de ce monde lorsque je démarrais ma carrière et même cinq ans en arrière, ils ne connaissaient pas mon répertoire. N’empêche, je me rends compte de combien ils sont attachés à leur culture, à leur valeur, leur religion, à leur pays. Lorsqu’ils me trouvent dans les loges, je prends le temps d’échanger avec eux et de prendre des photos pendant plus d’une heure. Ce sont des moments qui m’ont profondément touché et fait prendre conscience que les Sénégalais de la diaspora sont vraiment à saluer. Je profite de cette occasion pour leur rendre un vibrant hommage et leur témoigner toute ma sympathie. Ils représentent dignement le Sénégal et nous font honneur partout où ils sont. Grâce à eux et à leur bravoure, je suis encore plus fier d’être Sénégalais. Ça, je tiens à le dire, nous avons une très bonne image à l’extérieur. De plus, les Sénégalais de la diaspora contribuent au développement du pays. L’autre fait marquant de cette tournée, c’est aussi l’intérêt que cela a suscité sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, j’ai vu qu’ils étaient deux millions à nous suivre, selon les statistiques. D’ordinaire, je ne suis pas pour qu’on filme ou fasse des Lives des spectacles mais, cette fois-ci, j’ai accepté et j’ai vu l’engouement qu’il y avait autour. C’est grâce à notre modeste participation sur la scène musicale que sont nés Bercy, Madison et autres. La diaspora n’est pas en reste et j’ai énormément de respect pour eux. C’est eux qui viennent en masse à mes concerts. Dieu a fait que nous soyons adulés partout dans le monde et pas que dans le continent. Nous faisons de la World music et de ce fait, les étrangers également, consomment notre musique. Mais, lorsqu’on se produit en Suède par exemple, si la salle fait trois mille personnes, les deux mille sont des Sénégalais. Où que nous allions, nous sommes toujours attendus. D’ailleurs, ma philosophie c’est que, si un promoteur me déplaçait jusqu’au Guatemala et qu’à notre arrivée, il n’y a personne, je ne toucherais pas à son cachet. Ma conviction étant que si on m’emmène quelque part, c’est parce qu’on m’y attend. Je ne vais pas là où je ne suis pas attendu.»
La disparition du Tour Manager Gaston Madeira : «Un énorme vide»
«En résumé, la tournée était magnifique. Néanmoins, nous avons ressenti un énorme vide avec l’absence de Gaston Madeira. Il était notre tour manager et participait à toutes les étapes des tournées depuis plus de quinze années. Il faisait office de père pour les membres du Super-Etoile, les réveillait, les faisait monter sur scène. Il adorait la culture et était passionné par son travail. On a beaucoup pensé à lui. Que le Tout-Puissant lui accorde le Paradis. Il nous a beaucoup manqué. Mais sur scène, c’est un rendez-vous à ne pas manquer, c’est très important. Le public s’est déplacé et il faut mettre de côté émotions et états d’âmes, pour tout lui donner.»
Le clip «Yaay Dieuredieuf» : «Lorsque j’allais en tournée, ma mère n’était pas au meilleur de sa forme. J’ai écrit la chanson une nuit où je n’ai pas fermé l’œil»
«Comme je le fais toujours avant d’aller en tournée, j’ai l’habitude d’aller voir mes parents. Je prie le ciel de leur prêter encore une longue vie. Lorsque je me suis rendu chez ma mère, elle n’était malheureusement pas au meilleur de sa forme. Durant toute la tournée, je ne cessais de m’enquérir de ses nouvelles, auprès de ma jeune-sœur, Fat-Kiné, qui est à son chevet. Au téléphone, c’était elle qui me rassurait tout le temps et me donnait la force et la motivation pour assurer les spectacles. A un moment donné, alors que nous étions à Tunis, une nuit où je n’ai pas fermé l’œil, j’ai écrit la chanson «Yaay Dieureudieuf». Et nous avons pris quelques images en guise de remerciements. Un jour ma sœur Ngoné m’a envoyé une vidéo de ma mère en train de bouger sur les rythmes de la chanson. Cela m’a encore plus boosté. Le lendemain, nous l’avons répétée une fois et ensuite interprétée sur scène, en pensant à ma mère. Nous avons tous un lien particulier avec nos mères. Elles constituent une énorme partie de nous, elles sont nos moitiés, elles sont uniques. Peu importe notre statut ou rang, nous ne pourrons jamais être au-dessus d’elles.»
L’album international : «Eclairer le monde, une source d’inspiration pour la jeune génération»
«Depuis pratiquement deux ans, j’ai mis le curseur sur cet album. Et c’est l’une des raisons qui ont fait que sur certains événements qui se sont déroulés sous nos cieux, on ne m’a pas entendu. On ne peut pas courir deux lièvres à la fois. J’étais concentré sur ce projet et le temps me faisait vraiment défaut. Cela ne veut en aucun cas dire que j’ai arrêté la politique où que la bonne marche du pays ne m’importe pas. Seulement, j’avais entamé un énorme travail. Il s’est passé beaucoup de choses à travers le monde, comme la Covid 19 et la musique a un rôle important à jouer. Par la grâce de Dieu, nous comptons parmi ses acteurs influents et écoutés. Donc, quand nous travaillons sur un album, il va de soi que ce sera une source d’inspiration pour la jeune génération et cela nécessite beaucoup de temps, d’énergie et de concentration. L’album en question s’intitule «Eclairer le monde». Tout simplement parce que ce que nous avons créé dans les années 90 avec Peter Gabriel, Paul Simons, c’est de la World Music, la musique du monde. C’est la rencontre de plusieurs styles musicaux venus d’Afrique, d’Europe, d’Asie, d’Amérique. Si nous allons jusqu’à nous enfermer en studio, il nous faut ramener la source de cette World Music. D’où le choix du grand producteur et musicien américain Michael League. Je le salue au passage. Nous sommes donc entrés en studio avec lui et avons entamé un boulot gigantesque. Il faut souligner que le travail a démarré avec nos enfants Moussa Ngom, Yéyé Faye, qui ont travaillé sur les maquettes, les membres du Super Etoile y ont apporté leur touche, ensuite Michael a pris le relais avec sa propre lecture. Comme on le constate, même les joueurs ont besoin d’un coach. Il m’arrive très souvent d’écrire des chansons et ensuite de solliciter l’avis de producteurs comme Bouba ou Ibou Ndour pour leur exécution. Je peux très bien le faire moi-même mais, se suffire à soi ou à son avis peut t'entraîner dans une sorte de monotonie. Moi, je n’aime pas m’isoler. J’adore m’ouvrir et apprendre des autres. C’est là où Michael League intervient et l’album de 12 titres sera disponible au mois de Février 2025. J’en suis assez satisfait…»
Sur la route du Grand-Bal : «Le 4 janvier 2025 sur l’esplanade du Grand-théâtre»
«Le Grand-Bal, c’est pour très bientôt. Comme à l’accoutumée, il se tiendra le premier samedi du mois de janvier 2025, donc le 4. Mais bien avant cela, il y aura d’autres spectacles dans le courant du mois, puisque nous sommes en fin d’année, avant de clôturer en beauté avec le Grand-Bal. Le premier Janvier généralement, nous avons des soirées VIP. S’agissant du lieu, il se tiendra sur l’Esplanade du Grand-théâtre, conformément à l’esprit du Grand-Bal. Il est né au Thiossane en plein cœur de Dakar, donc ce n’est pas une affaire de nombre de places. Nous aurions pu l’organiser au stade Abdoulaye Wade et le public répondrait présent. Mais je privilégie toujours le côté ville pour des raisons de commodités, de transports et autres. Nous l’avions fait une année à Dakar Aréna et je n’ai pu arriver chez moi qu’à 9H du matin. Et je n’étais pas du tout à plaindre. A cause des embouteillages monstres, beaucoup sont arrivés sur les lieux, alors que le bal tirait à sa fin. Certains ont même raté leur vol. Je n’aimerais pas encore infliger toute cette peine aux Sénégalais.»
Situation du pays : «J’ai observé et compris. J’ai surtout réalisé que personne n’avait besoin d’être influencé. Nous allons vers les Législatives, que chacun vote en âme et conscience dans l’intérêt du pays»
«Parfois, il nous arrive d’avoir besoin de faire le vide autour de nous. De la même manière, le pays avait besoin de se retrouver. Depuis 2019, 2020, j’ai observé et compris certaines choses. J’ai surtout réalisé que personne n’avait besoin d’être influencé. Dans ce cas de figure, il faut laisser les gens prendre leur propre décision. C’est ce que j’ai fait. Essayer de changer la donne n’aurait servi à rien. On allait vers des élections et l’issue des urnes allait déterminer la suite. La preuve, un nouveau Président a été élu, en l’occurrence Bassirou Diomaye Faye à qui j’adresse mes salutations. Nous allons vers les Législatives. Que chacun prenne ses responsabilités et vote en âme et conscience dans l’intérêt du pays. Le reste, ne me regarde pas. Je ne prône que la paix.»
GFM : «C’est une plateforme que nous avons mis en place pour créer des emplois. Si toutefois, ceux qui sont censés acheter les publicités, on ne les voit pas, comment s’en sortir ?»
«Cette télévision est une télé créée par des artistes. C’est pour cette raison que j’exhorte toujours le directeur des programmes, Boubacar Ndour, à toujours apporter du neuf, être copié mais jamais égalé. Cela coûte énormément d’argent et les recettes publicitaires ne font pas le poids face à toutes ces charges. Contrairement à ce que les gens pensent, nous ne brassons pas beaucoup d’argent. GFM est une plateforme que nous avons mise en place pour créer des emplois. Si toutefois, ceux qui sont censés acheter les publicités, on ne les voit pas, comment s’en sortir ? L’argent ne va pas tomber du ciel, alors que nous avons 700 employés à payer. A un moment donné, il faut se dire la vérité…»