NETTALI.COM -  Après trois ans de détention provisoire, Ibrahima Faye est sur le point de recouvrer la liberté. Du moins, si le président de la Chambre criminelle du tribunal de Dakar suit le réquisitoire du parquet. Accusé de viol sur une mineure de 13 ans, le maître des poursuites a requis son acquittement, car n’ayant pas assez de preuves pour asseoir la culpabilité de l’accusé.

En détention préventive depuis 2021, Ibrahima Faye a finalement fait face aux juges de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. L’homme, âgé de 49 ans, est accusé des faits de viol, de détournement de mineure et de pédophilie. La gamine était âgée, au moment des faits, de 13 ans. Le 12 août 2021, de 15 h à 18 h, la mineure A. Sidibé était recherchée par ses parents. Après plusieurs heures de recherches, ils aperçoivent la gamine qui venait de l’appartement d’Ibrahima Faye.

Interrogée par sa maman, elle refuse de parler. Ce n’est qu’après qu’elle s’est confiée à sa grande soeur. Elle fait part à sa famille des attouchements qu’elle a subis chez leur voisin. La gamine est acheminée à l’hôpital le 13 août et un certificat médical lui a été délivré. Le document fait état de la présence de mycoses colorées, de pertes blanchâtres et fétides, des lésions anciennes sur la vulve. Des accusations que le commerçant Ibrahima Faye a contestées. Ce, jusqu’à la barre de la chambre criminelle où il a comparu hier mardi 5 novembre.

À l’en croire, c'est une cabale contre sa personne qui est orchestrée par la mère de la mineure. “Le 12 août, je n’étais même pas à la maison. Je n’ai pas violé la gamine et je ne lui ai jamais donné de l’argent. J'occupe cet appartement avec mes deux employés, à savoir Mor Fall et Lat Fall. J'étais avec eux le jour où la fille m'a accusé de l'avoir violée. Je n'ai rien fait”, s’est défendu l’accusé qui conteste le certificat médical brandi par la partie civile.

Entendue, la mineure a informé que l’accusé a abusé d’elle à trois reprises. “Mon bourreau et moi, nous habitons dans la même maison. Il m'a appelée pour que je le rejoigne dans sa chambre. Il a fermé la porte derrière moi. Il s'est déshabillé par la suite. Parfois, il me caressait le corps. Il a enlevé mon slip. Après m'avoir violée, il m'a une fois offert de l'argent. Ce fameux jour où ma mère me cherchait, il a abusé de moi”, a déclaré la mineure. Des propos corroborés par sa mère civilement responsable. Selon la dame, quand elle a vérifié le slip de la fille, elle a remarqué des taches de sperme.

Prenant la parole pour ses réquisitions, le maître des poursuites a requis à décharge. “Il y a un doute pesant par rapport à l'imputabilité des faits. Le certificat médical aussi a parlé d'absence de lésions récentes. On ne peut pas, objectivement, imputer ces actes charnels à Ibrahima Faye. Il y a un doute. Je requiers son acquittement au bénéfice du doute”, a dit le représentant du ministère public.

L’avocat de la défense, Me Bocar Arfang Ndao, a sollicité aussi l’acquittement de son client. “Tout a commencé avec la plainte qui a été déposée sans certificat médical. Dans la plainte, la maman de la victime dit, dans ses déclarations, que l'accusé est un maniaque sexuel qui aurait abusé à plusieurs reprises sa fille. Alors que le certificat médical fait état de lésions anciennes au niveau de la vulve. C'est un père de famille qui a vécu dans cette maison depuis 17 ans. Ce procès ne devrait pas avoir lieu. S'il n'y a pas d'éléments, le procureur ne doit pas avoir le regret d'acquitter. Le certificat médical dit qu'il n'y a pas de conjonction sexuelle”, a plaidé Me Ndao.

L’affaire mise en délibéré, la chambre va rendre sa décision le 3 décembre prochain.