NETTALI.COM - Malgré un contexte pré-électoral tendu, les législatives se sont tenues globalement dans le calme, et Ousmane Sonko a confirmé sa suprématie presque partout sur le territoire.
Les carottes sont cuites. Les électeurs ont confirmé Pastef en lui octroyant une majorité éclatante à la suite des élections législatives anticipées du 17 novembre 2024. Comme lors de la présidentielle, c'est une razzia dans la plupart des grandes villes. Même à Dakar, où certains pensaient qu'avec le regroupement de presque toute l'opposition autour du maire de Dakar, les choses pourraient bouger, il n'y a presque pas eu de match. La liste dirigée par Ousmane Sonko s'est imposée largement presque partout.
Les mêmes tendances ont également été notées à Pikine, Guédiawaye, Keur Massar, Rufisque, mais aussi dans les départements de Mbacké et Saint-Louis, où l'alliance APR-PDS n'a pu produire les résultats escomptés.
Les grands perdants : Macky Sall, Karim Wade, Barthélémy Dias, Serigne Moustapha Sy, Bougane Gueye Dani...
Le premier perdant reste l'ancien Président Macky Sall, qui avait pris le risque de porter la liste Takku Wallu Sénégal sans oser se présenter sur le territoire national. Sa campagne via WhatsApp n'a visiblement pas pu mobiliser les électeurs, ce qui était déjà perceptible sur le terrain, où ladite coalition était quasi introuvable. Il était même impossible d'avoir leur programme pour suivre leurs activités.
Son principal allié, le Parti démocratique sénégalais, fait aussi partie des grands perdants, lui qui avait accepté de faire cause commune avec son pire ennemi. Le vote de Touba est la preuve la plus éloquente que ce choix très hasardeux n'a pas eu l'adhésion de la base, qui avait déjà montré sa détermination d'en finir avec l'ancien Parti au pouvoir et son leader Macky Sall. Le Parti des Wade va sans aucun doute regretter doublement d'avoir misé sur le mauvais cheval qu'il a toujours combattu.
À côté des deux chefs libéraux, Barthélémy Dias risque aussi de se mordre les doigts au sortir de ces élections législatives. Battu jusque dans son fief, le maire de Dakar, présenté jusque-là comme l'héritier de Khalifa Ababacar Sall, pourrait voir sa légitimité remise en cause dans son propre camp. Pour le moment, il peut continuer de jouir de son poste de maire de la capitale, mais n'aura aucun cadeau de la part des nouvelles autorités.
On pourrait en dire autant du Parti de l'unité et du rassemblement (PUR) de Serigne Moustapha Sy, qui perd aussi gros avec ces élections. Membre de la coalition Sàmm Sa Kaddu, le parti du guide des moustarchidines wal moustarchidates risque d'avoir très peu de représentants par rapport à la législature sortante, où il avait une dizaine de députés.
La victoire de l'audace sur les combines politiques
Par cette victoire qui se dessine dans la plupart des localités, Pastef réussit le pari audacieux qu'il avait pris en choisissant d'aller à ces élections sous sa propre bannière et en investissant principalement des membres de son Parti. C'était un pari risqué, certes, mais Ousmane Sonko a encore une fois eu raison sur bien des pronostics, en démontrant qu'il était possible de s'imposer sans aucune coalition.
En revanche, les électeurs ont sanctionné les alliances contre nature, comme celles entre l'APR et le PDS, mais aussi dans le cadre de l'inter-coalition avec Barthélémy Dias et tous les anciens leaders de Yewwi Askan Wi. Tous ensemble, ils n'ont, selon toute vraisemblance, pu faire des scores très différents de ceux obtenus par Amadou Ba à la présidentielle. On pourrait en déduire une sanction pour tous ceux qui ont voulu remettre en avant Macky Sall, qui a été sanctionné lors des dernières élections. Le vote anti-Macky a encore pris le dessus dans la plupart des bureaux de vote, surtout dans les grandes villes.
D'après les tendances traitées à la fin de la journée, Takku Wallu pourrait toutefois sauver l'honneur avec les tendances dans les régions de Matam et de Tambacounda. Empereur jusque-là incontesté dans la région de Matam, l'ancien Président a cette fois été secoué par Pastef, qui s'est imposé dans certains villages, en particulier les villages wolof. Mais sauf retournement extraordinaire de situation, sa liste devrait logiquement s'imposer, après avoir remporté les communes de Matam et de Kanel, mais aussi les centres témoins de Ranerou et d'Ourossogui.