NETTALI.COM - Face au tsunami Pastef, ils sont rares les responsables de l'ancienne majorité à avoir conservé leur bastion. Parmi les rescapés, les maires de Gossas Adama Diallo et des Agnams Farba Ngom sortent du lot.

Malgré le raz-de-marée du Pastef sur toute l'étendue du territoire, lui est resté roi incontesté dans son terroir, au niveau des Agnams (département de Matam). Lui, c'est Farba Ngom, l'un des rares dignitaires de l'ancien régime qui s'est battu sur le terrain durant toute la durée de la campagne, qui a sillonné les coins et recoins de son terroir pour aller convaincre les électeurs. À l'arrivée, il a su non seulement mobiliser sa base, mais aussi assurer une victoire sans bavure à son camp qui évite ainsi une humiliation dans ce qui était jusque-là considéré comme étant un “titre foncier” de l'ancien président Macky Sall.

Député dans la législature sortante, Farba Ngom a ainsi beaucoup contribué dans la victoire de la coalition Takku Wallu Sénégal. Pourtant, il aurait bien pu croiser les bras comme la plupart des grands responsables de l'ancien parti présidentiel, parce qu'investi sur la liste nationale à une position a priori assez confortable (7e).

Cette victoire permet à cette coalition de gagner deux députés de plus et de faire élire le maire de Matam Mamadou Mory Diaw et sa colistière. Les trois montrent ainsi toute leur suprématie dans cette partie nord du pays où ils menaient une rude bataille face à leurs anciens frères, les transhumants qui avaient décidé de rejoindre le nouveau régime, après avoir passé parfois 12 ans aux côtés de l'ex-président.

Il ressort des tendances que la liste de l'ancien chef de l’État a également réussi à s'imposer au niveau de Ourossogui où le maire Moussa Bocar Thiam, proche de Farba, est lui aussi parvenu à résister à la razzia du Pastef, en contribuant à la victoire de sa coalition dans ce département très important de la région de Matam.

Idem pour les frères Dia (Harouna et Daouda) dans le département de Kanel, mais aussi de la bande à Amadou Dawa Diallo au niveau du département de Ranerou.

À noter que certains milieux proches de Pastef revendiquaient jusqu'à hier la victoire à Podor et à Ourossogui où les résultats restent encore à confirmer.

Loin des terres du Fouta, l'autre grand rescapé de ces élections est le maire de Gossas Adama Diallo. Sans tambour ni trompette, l'homme s'est bâti une véritable carapace dans son terroir au niveau du centre du pays. Et si les gens du Fouta peuvent compter sur la caution personnelle de Sall, lui a toujours su compter sur lui-même. Pour les présentes élections, il n'était même pas parti sous la bannière de Takku Wallu. Alors que tous s'attendaient à un duel Pastef (victorieux de la Présidentielle) contre Macky Sall, l'ancien DG de Petrosen Holding investi par Andu Nawle a démontré une fois de plus que c'est lui le roi de Gossas. À noter que depuis le régime Wade, M. Diallo s'impose comme le véritable homme fort dans ce département, où militait également l'ancien Premier ministre feu Mahammed Boun Abdallah Dionne. Qu'il soit dans l'opposition ou dans le pouvoir, il a toujours su résister aux nombreuses remises en cause de sa légitimité. À quelques exceptions près.

Grâce au score qu'il a réalisé dans son fief, sa tête de liste nationale Maguette Sène, un autre responsable de l'ancien régime, pourrait avoir des chances de devenir député grâce au plus fort reste. À signaler que lui aussi a su faire bonne figure dans son fief à Malicounda.

Les révélations

Ces élections législatives auront aussi permis de découvrir une nouvelle génération d'hommes politiques, dont le plus en vue restera sans nul doute Tahirou Sarr, leader de la coalition Les nationalistes Jël Linu Moom. Xénophobe pour certains, patriotes pour d'autres, Sarr a su imposer la thématique de la présence des étrangers, en particulier des Guinéens au coeur de la campagne. Et selon certaines tendances, il serait parmi les mieux placés pour convoiter un siège grâce au plus fort reste.

Dans tous les cas, député ou pas, l'homme aura réussi non seulement à promouvoir ses idées sur la gestion de la migration, mais aussi à se faire connaitre presque partout au Sénégal et au-delà de nos frontières. Cerise sur le gâteau, il aura même le privilège de pousser le Premier ministre à faire une sortie pour non seulement donner son avis sur cette thématique, mais aussi pour recadrer ses militants, principales cibles du leader nationaliste.

Outre Tahirou Sarr, il y a le maire de Mabo, Aliou Cissé alias “Euliou”, qui aura également marqué les esprits et qui gagne à n'en pas douter une plus grande envergure au plan national. Connu sans doute dans son terroir où il a le privilège d'être maire, ce dernier, investi sur la liste Farlu de Moustapha Diop (ancien ministre) était un illustre inconnu sur le reste du territoire avant ces élections.

À l'arrivée, on parlait plus de lui que bien des candidats considérés comme des ténors de l'arène politique. Même s'il n'a pu résister à la tempête Pastef, il est parvenu à se classer deuxième dans sa commune devant les grandes coalitions. Grâce à ses performances, sa liste est citée parmi les prétendants au plus fort reste.