NETTALI.COM - La controverse entourant l'annonce de la mort du garde du corps du maire de Dakar Barthélémy Dias, Bassirou Diop, continue de susciter des réactions et alimente un débat sur les causes naturelles ou non de son décès. Retour sur les dernières minutes de la vie du défunt.

C'est aujourd'hui que Bassirou Diop, garde du corps de Barthelemy Dias, tête de liste «Samm Sa Kaddu», arrêté à Saint-Louis pour des heurts de campagne pour les Législatives anticipées du 17 novembre 2024 et mort en détention le samedi 7 décembre dernier, va être mis en terre. Selon des membres de sa famille, il sera inhumé vers 11 heures au cimetière musulman de Yoff. Mais, ce départ pour l'Au-delà ne scelle pas la fin de son histoire. Ce drame, empreint de mystères, n’a fait qu’ouvrir un nouveau chapitre dans les méandres d’une justice confrontée à la polémique d'une mort brutale et suspecte. L’Observateur qui, plongé dans les abysses de cette affaire, a cherché à lever un coin du voile sur cette énigme qui tourmente les esprits. À l’ombre des larmes, se dessine une affaire complexe laissée à la justice. Si, du côté de l’administration, la thèse d’une «mort naturelle» est brandie comme une vérité incontestable, le vent souffle autrement pour Me El H. Diouf, avocat de la famille du défunt. Celui-ci s’élève contre cette hypothèse. Déjà, lors du procès à Saint-Louis, la robe noire avait dénoncé avec force et conviction, que son client et ses camarades «ont été victimes d’un traitement violent au cours de leur arrestation». Une déclaration qui résonne encore comme un appel à la vérité.

L’inculpation, la détention préventive et le décès

Placé sous mandat de dépôt le 14 novembre dernier, à l’issue de son face-à-face avec le substitut du procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Saint-Louis Mouhamadou Ndiaye Sarr, Bassirou Diop a été transféré à la prison, en compagnie de 79 de ses camarades d'infortune. Le magistrat du parquet, en charge du dossier, avait retenu contre lui une série d'infractions allant de l’«exercice illégal d'activités de police privée» à «violence et voie de fait», en passant par la «détention illégale d'arme et de munitions» et d'autres «actions diverses».

Après quelques jours de détention préventive, Bassirou Diop et ses codétenus ont été jugés le mardi 3 décembre 2024, au Tribunal de grande instance de Saint-Louis. À la fin d’un procès marathon, qui s’est prolongé pendant presque une journée entière, Bassirou Diop et ses camarades ont quitté le tribunal dans l’espoir d’une décision qui pourrait éclairer leur sort, fixé au 6 janvier 2025, date de mise en délibéré. Mais la grande faucheuse en a décidé autrement pour B. Diop, le frappant le samedi 7 décembre à 10 heures.

Les diligences du Procureur pour faire la lumière sur l’affaire

Avisé, le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Saint-Louis a immédiatement saisi le commissaire central de la ville, l'ordonnant d’ouvrir une enquête afin de clarifier les circonstances de cette mort. Selon des sources concordantes, le magistrat a également initié les démarches pour informer la famille du défunt de la triste nouvelle. Ces derniers ont alors dépêché des représentants pour s’enquérir des détails concernant le processus de restitution de la dépouille et le déroulement de l’enquête.

En suivant les instructions du Procureur, les enquêteurs du commissariat central de Saint-Louis se sont concentrés sur les derniers instants de la vie carcérale de Bassirou Diop. Selon des informations recoupées, alors qu’il était en détention préventive, B. Diop s’était plaint de douleurs lombaires. «Le 4 décembre dernier, lors d’échanges avec des proches, il leur avait fait savoir que ses douleurs lombaires s’étaient intensifiées et qu’il en souffrait», précise le document. Ce dernier souligne également que le lendemain du procès, le 3 décembre, Bassirou Diop avait passé la journée à l’infirmerie. Souffrant de douleurs lombaires, il y était resté en observation et avait été mis sous perfusion de 10 heures à 19 heures. Une fois hors de danger, Bassirou Diop était retourné «en toute quiétude» dans sa cellule. Cette version des faits a été confirmée, selon ces mêmes informations, par l'infirmier de garde et surveillant-chef de la prison, Mamadou Keïta.

Le lendemain, alors qu’il se reposait dans sa cellule, Bassirou Diop aurait soudainement été pris d’un malaise. Il était 10 heures du matin. Diop éprouvait de sérieuses difficultés à respirer. «Il avait la respiration forte. L’alerte a été donnée et les mesures nécessaires ont été prises pour le transporter immédiatement à l'infirmerie, d'où il a été évacué d'urgence à l'hôpital régional de Saint-Louis.» Suivi par le Dr Ali Diakhaté, il a été pris en charge avant de rendre l'âme le samedi 7 décembre.

Les causes cliniques du décès

Après avoir examiné le défunt, le médecin légiste a conclu que la mort de Bassirou Diop était due à une «contusion de la pommette droite, une cardiomégalie de 500 g, avec hypertrophie du myocarde vermiculaire de 1,8 cm, une congestion et un œdème pulmonaire, un poumon droit de 1250 g et un poumon gauche de 1100 g, ainsi qu’une hépatomégalie de 2800g.» Le certificat de genre de mort mentionne aussi «un contenu gastrique liquide de moyenne abondance sans particularité, ainsi qu’une congestion cérébrale. L’examen microscopique d’un fragment de poumon par cryotomie rapide révèle un aspect de poumon cardiaque. Au total, c’est la cardiomyopathie hypertrophique décompensée».

Pour Me El Hadji Diouf, «la famille de son client, qui a décidé d’ester en justice, se réunira très prochainement pour discuter de la question.»